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L'évolution du
droit de la famille inquiète profondément
l'Eglise
À Valence, le
congrès théologique de la 6e Rencontre mondiale des familles
évoque les menaces qui pèsent sur le mariage dans le monde
actuel
Après une
séance inaugurale simplifiée et marquée par la tragédie du
métro, le congrès théologique de la 5e Rencontre mondiale
des familles a vraiment pris sa vitesse de croisière
mercredi matin, devant 1 500 à 2 000 participants, dans un
immense pavillon de la Foire de Valence. « La plupart sont
européens, dont une majorité d’Espagnols, précise Mgr
Enrique Benavent Vidal, évêque auxiliaire de Valence et
secrétaire du congrès. Les pays latino-américains sont bien
représentés. Les délégations de l’Inde, des Philippines et
de quelques pays d’Afrique ont aussi pu faire le voyage.
»
Durant les deux premiers jours, le thème annoncé :
« La transmission de la foi dans la famille », n’a été
abordé que de manière indirecte. La plupart des
conférenciers et des intervenants ont plutôt pris prétexte
du sujet pour développer leur réflexion et leur conviction
sur la famille dans la société actuelle, mise à mal par un
environnement idéologique, juridique et culturel
défavorable. Les valeurs sur lesquelles elle se fonde et
qu’elle défend sont contestées, méprisées et attaquées de
toute part. Tous en font le constat : la famille est
aujourd’hui confrontée à de multiples difficultés et
menaces. Le mariage est attaqué dans son identité.
Le
sens du mariage tend à disparaître, a ainsi constaté le
cardinal Carlo Caffara, archevêque de Bologne, qui s’est
fortement élevé contre la résolution votée le 18 janvier
dernier par le Parlement européen qui reconnaît les couples
de personnes de même sexe au même titre que le mariage entre
un homme et une femme. Et qui, de plus, condamne comme
homophobes les États et les nations qui s’opposent à la
reconnaissance des couples d’homosexuels. Il s’agit là, a
conclu le cardinal, « d’une fausse conception de la laïcité
de l’État ». Car il n’est pas vrai, comme le soutien la
société libérale, a-t-il insisté, que toutes les pratiques
sexuelles doivent être traitées de la même manière par la
loi.
"Ce qui est contre nature est présenté comme normal et
naturel" « L’Occident mène au divorce, à l’avortement, à la
contraception, aux relations sexuelles en dehors du mariage,
à l’homosexualité, au matérialisme et au sécularisme, se
désolent Francine et Géraldine Padilla, philippines, de
l’association Des couples pour le Christ. Ce qui est contre
nature est présenté comme normal et naturel. » Le cardinal
Julian Herranz, président du Conseil pontifical pour les
textes législatifs, s’est lui aussi montré très sévère
contre les dérives juridiques dont sont responsables un
certain nombre d’États qui, sous prétexte d’ouverture
démocratique, tombent dans le relativisme
éthique.
Lorsque Valence a été choisie, il y a trois
ans, pour accueillir cette Rencontre mondiale des familles,
personne n’imaginait que l’Espagne aurait, elle aussi, connu
une telle évolution législative, notamment en reconnaissant
le mariage de couples homosexuels. Mais les évêques
espagnols profitent de l’occasion pour dénoncer les
nouvelles lois et appeler la population à un sursaut. En
souhaitant que la visite du pape puisse avoir une influence
positive.
Le combat de l’Église pour la famille n’est
pas un combat d’arrière-garde, ont rappelé un certain nombre
de conférenciers après Benoît XVI pour qui « mariage et
famille ne sont pas une construction sociologique due au
hasard, et le fruit de situations historique et économique
particulières. Au contraire, la question des justes rapports
entre l’homme et la femme plonge ses racines dans l’essence
la plus profonde de l’être humain, et ne peut trouver sa
réponse qu’à partir de là. » « La famille fondée sur le
mariage, ajoute le pape, constitue un patrimoine de
l’humanité, une institution sociale fondamentale ; elle est
la cellule vitale et le pilier de la société, et cela
concerne les croyants et les non-croyants. »
"Sans la famille, il n'y a pas de futur" Plusieurs témoins, au nom de leurs engagements ou de
leurs expertises, sont intervenus pour partager leurs
convictions et conforter l’auditoire. Ainsi, le président du
forum espagnol de la famille a appelé à une nécessaire et
urgente mobilisation en faveur de la famille, car « sans la
famille il n’y a pas de futur ». Ainsi, Ilva Myriam Hoyos,
professeur de philosophie en Colombie, a évoqué les débats
sur les droits de l’enfant à naître dans l’arsenal juridique
des pays d’Amérique latine. Le bâtonnier Jean Villacèque, de
Perpignan, a, quant à lui, montré comment le droit pouvait
se mettre au service de la famille et protéger l’humanité
tout entière. Dans ce tableau général relativement sombre,
Rafael Navarro-Valls, professeur de droit en Espagne, a
voulu paradoxalement projeter quelques traits de lumière. En
intitulant son intervention « Le grand retour du mariage ».
Car, a-t-il déclaré, documents et enquête à l’appui, on
assiste à des tendances qui manifestent discrètement que les
choses évoluent autrement.
La famille est en crise.
Nul ne le conteste. Dans beaucoup de pays, cela a entraîné
une crise de la foi. En effet, comme l’a rappelé le cardinal
Antonio Camizares, archevêque de Tolède, la famille a cessé
d’être le lieu de la transmission de la foi. Les deux
crises, de la famille et de foi, vont
ensemble.
Comment réagir ? Par la confiance qui
repousse la peur et instaure l’espérance, répond Xavier
Lacroix, théologien de Lyon. En formant les parents à être
de véritables éducateurs, insiste le cardinal Carlo Caffara.
En permettant aux couples d’avoir une véritable vie
spirituelle, suggèrent Gérard et Marie-Christine de Roberty,
responsables internationaux des Équipes
Notre-Dame.
Bernard JOUANNO
***
Peu nombreux dans l’assemblée, une dizaine de
Français sont intervenus durant le congrès
:
Xavier Lacroix, théologien de
Lyon.
Gérard et Marie-Christine de Roberty,
responsables internationaux des Équipes
Notre-Dame.
Le bâtonnier Jean Villacèque,
professeur associé de l’université de
Perpignan.
Christine Boutin, députée des
Yvelines.
Gérard-François Dumont, démographe,
Paris-Sorbonne.
Jean-Marie Leméné, président
de la Fondation Lejeune.
François Michelin.
Jean-Didier Lecaillon, de l’université
Panthéon-Assas (Paris).
Alain Lejeune,
président de la Fédération internationale des pharmaciens
catholiques.
Le cardinal Jean-Pierre Ricard,
archevêque de Bordeaux et président de la Conférence
épiscopale de l’Église de France.
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