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NDLR : « Une vidéo que je n'ai jamais vue, ou qui n'existe pas »
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Le maire de Toronto dément fumer du crack
Le Parisien | Olivier Bossut (avec AFP) | Publié le 24.05.2013, 18h31 | Mise à jour : 23h28
Il a enfin brisé le silence. Rob Ford, le maire conservateur de Toronto, s'est exprimé pour la première fois depuis huit jours sur le scandale qui secoue la principale ville du Canada. Des journalistes du Toronto Star ont publié la semaine dernière des articles où ils racontent avoir visionné une vidéo sur laquelle ils ont vu l'élu fumer une pipe de crack.
«Je ne consomme pas de crack et je ne suis pas non plus accro au crack», a déclaré Rob Ford devant la presse ce vendredi. «Je ne peux pas commenter une vidéo que je n'ai jamais vue, ou qui n'existe pas. C'est regrettable, très regrettable, que mes collègues et le grand peuple de cette ville aient été exposés au fait que j'ai été jugé par les médias sans preuves», a-t-il ajouté.
Acculé, Rob Ford semble avoir finalement cédé à la pression croissante, issue de ses propres partisans. Des élus de son entourage immédiat lui avaient demandé ce vendredi de s'expliquer publiquement sur cette vidéo.
Des journalistes disent avoir vu une vidéo
Le Toronto Star a affirmé avoir visionné une vidéo montrant Rob Ford en train de tirer sur une pipe à crack, un dérivé de la cocaïne, en compagnie de personnes identifiées comme des trafiquants de drogue. Le contenu de cette vidéo a aussi été évoqué par le site américain Gawker, dont un journaliste dit avoir pu la consulter lui aussi.
Les deux journalistes du Toronto Star ont visionné trois fois la vidéo du scandale qu'un homme leur a montrée, dans le but de la monnayer. Les reporters étaient assis sur la banquette arrière d'une voiture avec leur mystérieux interlocuteur, le soir du 3 mai, garés dans une cité de la rue Dixon à Toronto. La séquence a été tournée avec un smartphone. L'homme qui leur a montré le document s'est présenté comme un intermédiaire qui agit pour le compte de deux Somaliens affirmant avoir fourni la drogue à Rob Ford.
Les dealers réclamaient 1M$ pour céder la vidéo
Les deux hommes réclamaient d'abord 1 M$ pour céder la vidéo à la presse, avant que leur intermédiaire ne les convainquent de revoir le prix à la baisse. Mais les journalistes ont refusé de payer et ils n'ont pas pu acquérir les images.
«La vidéo qui semblait vraie montrait Rob Ford dans une chambre, sa chemise ouverte, renversé en arrière sur sa chaise et il semblait fumer une pipe à crack», raconte Kevin Donovan, l'un des journalistes d'investigation du Toronto Star qui a regardé la vidéo compromettante. «L'homme sur la vidéo que nous pensons être Rob Ford paraissait incohérent, il marmonnait », poursuit la seconde journaliste, Robyn Doolittle.
D'après leur description, Rob Ford a les yeux mi-clos, il agite ses bras dans les airs, lève un briquet, chauffe la pipe avec la flamme qu'il passe en décrivant de petits cercles et aspire profondément. Il discute laborieusement avec deux hommes, dont un qui le filme, sans terminer ses phrases, lâchant «tout le monde attend de moi que je sois de droite, je suis...». A un autre moment il traite le leader du parti Liberal, Justin Trudeau, de «fag», mot d'argot très péjoratif qui désigne un gay.
La pression de ses élus
Rob Ford, 43 ans, avait balayé vendredi dernier les allégations du quotidien Toronto Star, les qualifiant de «ridicules» et «absolument fausses». Il n'avait cependant pas repris la parole en public depuis.
Ce vendredi, des membres de son équipe avaient annoncé qu'ils étaient prêts à assurer l'intérim si l'édile n'était plus en mesure de remplir ses fonctions. «C'est mon travail comme adjoint du maire et c'est ce que je ferai», a déclaré à la presse le numéro deux de la ville, Doug Holyday, ajoutant qu'il n'appelait pas pour autant à la démission de Rob Ford. «Si le maire a une autre version, il devrait la fournir pour que les gens puissent se faire une idée», a-t-il dit en qualifiant la situation d'«urgente».
Ce vendredi soir, Rob Ford a indiqué lors de sa conférence de presse qu'il n'avait pas parlé sur les conseils de son avocat. «La semaine écoulée n'a pas été facile», a-t-il confié en ajoutant qu'elle a été particulièrement éprouvante pour sa famille, ses amis et «le grand peuple de Toronto». Il a quitté la salle sans répondre à la foule de journalistes qui l'interpellaient.