Si j'étais agriculteur, avec des fusils et un permis de chasse ?

30/10/2014 à 05:30, Est Républicain
Cendrey : « Je ne voulais pas me laisser faire »

Après avoir déposé les armes, mardi soir, à son domicile de Cendrey (Doubs), Bruno Barthet campe plus que jamais sur ses positions. Il veut obtenir plus de temps de garde auprès de ses enfants.

Bruno Barthet, 47 ans, multiplie depuis des mois des actions pour se faire entendre par un juge aux affaires familiales. Il est en total désaccord avec son ex-compagne sur la garde alternée de leurs deux enfants, qu’il estime ne pas voir suffisamment.

Une autre affaire oppose l’ancien couple sur la maison qu’il occupe et qui doit revenir à son ex-concubine. Lorsqu’un gendarme et un huissier se sont rendus mardi à son domicile, avec un avis d’expulsion, la goutte d’eau a probablement fait déborder le vase de ses soucis (notre édition du 29 octobre). Nous l’avons joint par téléphone pour qu’il nous raconte les événements. Il n’a en effet pas été écroué puisqu’il n’y a pas eu de violences.

A ce propos, le parquet confirmait, hier soir, qu’aucune poursuite pénale n’était envisagée à l’encontre de Bruno Barthet.

« Le désarroi d’un père »

« Lorsqu’ils ont sonné, j’ai ouvert l’une de mes fenêtres et leur ai montré l’arme que je tenais. Je leur ai dit qu’ils pouvaient rentrer. » On peut comprendre le recul qu’ont opéré l’huissier et le gendarme à la porte d’entrée et l’intervention des forces de l’ordre pour tenter de calmer l’homme qui venait de se retrancher chez lui.

« Je ne voulais pas me laisser faire », poursuit Bruno Barthet. « J’avais reçu le courrier de l’huissier le 21 octobre, mais je ne l’ai lu que le 23. Je m’attendais à cette visite. » Sa voix est celle d’un homme épuisé. Lorsqu’on lui demande ce qui s’est passé dans sa tête au moment des faits, il déclare que son intention n’était pas de tirer sur quiconque. « Je suis chasseur. J’ai l’habitude de me maîtriser. Je voulais avant tout attirer l’attention des autorités sur le désarroi d’un père qui ne voit ses enfants qu’entre deux portes. Je regrette d’avoir effrayé tout un village et d’avoir jeté une ombre sur la réputation des chasseurs. »

Entendu à la gendarmerie

Ses armes lui ont été confisquées dès qu’il s’est rendu mardi, tard dans la soirée. Une convocation l’attendait à la gendarmerie hier après-midi pour y être entendu sur ses actes. Isabelle Epaillard-Patriat, la directrice de cabinet du préfet, a beaucoup discuté avec lui. « Nous sommes parvenus à repousser l’avis d’expulsion au printemps prochain. Il doit reprendre les négociations d’indemnisations avec son ex-compagne, qu’il avait rompues de son propre chef, concernant la maison. D’autre part, nous lui avons proposé de rencontrer un juge aux affaires familiales au plus tôt, sans lui garantir les résultats qu’il en attend. Il doit faire ses propositions. Le juge décidera. Notre discussion s’est déroulée sans violence. »

Paul-Henri PIOTROWSKY