3^ième édition des Assises Nationales de la Protection de l’enfance

NDLR : Après l'autodafé du 10, je propose une « Opération Poisson d'Assises ».

Polémique sur le maintien du lien entre l'enfant maltraité et sa famille
Le Figaro, 12 avril 2006

«ANGERS a subi une très grave déchirure mais aujourd'hui elle en a fait une force en réunissant 1 250 professionnels de la protection de l'enfance pour réfléchir ensemble», disait-on hier dans les coulisses des premières Assises nationales de la protection de l'enfance, comme pour conjurer le sort après la dramatique affaire de pédophilie jugée au printemps dernier.

Organisées hier et avant-hier par le conseil général du Maine-et-Loire en collaboration avec l'Observatoire national de l'action sociale décentralisée (Odas), ces journées de réflexion ont soulevé les grandes problématiques de l'enfance en danger, avec les délicates questions du dépistage, du signalement ou encore de la prévention. Une «réunion multiconfessionnelle très rare», estime-t-on à l'Odas, qui juge que «toutes les institutions fonctionnent d'habitude comme autant de chapelles».

Ces assises interviennent alors que le projet de réforme de la protection de l'enfance préparé par le ministre délégué à la Famille, Philippe Bas, s'apprête à passer en Conseil des ministres avant d'être débattu au Parlement. Si le projet de loi remet en cause un certain nombre de notions, en instaurant notamment le secret professionnel partagé, afin d'assurer une meilleure coordination entre les travailleurs sociaux, il ne touche pas au fameux dogme du maintien à tout prix du lien entre l'enfant et ses parents, même en cas de maltraitance.

«Sacralisation de la relation mère-enfant»

La réforme souhaite défendre l'intérêt de l'enfant «en confortant le cadre familial», a rappelé Philippe Bas, hier, à Angers. C'est pourquoi, en matière de placement, elle privilégie «l'accueil séquentiel» plutôt que le placement longue durée, autrement dit des solutions d'alternance, comme l'accueil en foyer le jour et le retour en famille le soir.

Cette orientation ne fait pas l'unanimité chez les professionnels de la protection de l'enfance. Pour le Dr Maurice Berger, «c'est un leurre de croire que seuls les parents biologiques peuvent incarner la «figure d'attachement» de l'enfant», référence essentielle à son développement affectif et intellectuel. Tout autre tiers peut le devenir, estime-t-il.

«Le maintien du lien est un dogme extrêmement puissant en France», constate Alain Grevot, qui dirige les services de protection des mineurs dans l'Oise pour l'association Jeunesse culture loisirs et techniques (JCLT). «La sacralisation de la relation mère-enfant semble interdire depuis des siècles toute remise en cause. Avec l'Allemagne, nous sommes les seuls en Europe à considérer les choses ainsi.» Même l'Italie, «où la loi du sang est très forte», s'éloigne de ce principe pour se rapprocher des Etats-Unis, du Canada et de la Grande-Bretagne, qui ont une approche parentale «par les résultats», analyse cet expert. En réponse aux inquiétudes, Philippe Bas a assuré hier que son projet «ne reposera en aucun cas sur des postulats dogmatiques mais sur des appréciations de terrain», réelles et ajustées au cas par cas.

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Les 3èmes Assises Nationales de la Protection de l'Enfance auront lieu les 30 et 31 mars 2009 au Centre des congrès de Lyon. Organisées par le Journal de l'action sociale et le conseil général du Rhône avec le soutien des principaux partenaires du secteur.

Deux ans après la réforme, des réponses se concrétisent, des outils se construisent, et de nouvelles questions se posent. Venez partager vos expériences et vos interrogations, dans les divers Ateliers qui vous seront proposés cette année. Le programme sera disponible en décembre. Vous en serez informés dans le journal et sur ce site.

De source Le Journal de l'Action Sociale