Trois mois avec sursis pour outrage envers Nadine Morano

NDLR : Bonjour l'ambiance, pour qui ne connait pas un peu ces créatures et pareils milieux

Actualité Valenciennes
Nadine Morano, l'accro de la Toile l'a eue dans la peau puis dans le pif
mercredi 18.04.2012, 05:02 - La Voix du Nord

| HARCÈLEMENT |

Lundi matin, il a promis au tribunal de Valenciennes qu'on ne l'y reprendrait plus. Le Denaisien de bientôt 27 ans s'est même dit prêt à envoyer une lettre d'excuses à ses victimes, après que le tribunal l'a condamné à trois mois d'emprisonnement avec sursis. « J'ai commis des erreurs stupides, toute cette histoire m'a beaucoup stressé. J'ai autre chose à faire dans la vie, Mme Morano et M. Staub aussi. » La première est ministre, actuellement chargée de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle au sein du gouvernement Fillon le second est son chef de cabinet adjoint.

Tous les trois se sont « croisés » dans la blogosphère, ce vaste monde virtuel où la ministre est hyperactive, même en temps de crise. Notre Denaisien, qui vit encore chez sa maman, prend conscience de son existence, réelle, un beau jour de 2007, en pleine campagne présidentielle. Il s'entiche d'elle alors que son coeur penche plutôt à gauche. Marre que le PS s'adresse aux bobos... « Nadine Morano vient d'un milieu ouvrier, elle parle comme quelqu'un du peuple. » Il passe un temps fou sur sa page Facebook, jusqu'au discours prononcé par Nicolas Sarkozy sur les Roms, à Grenoble, à l'été 2010. Constatant les propos à caractère xénophobe qui fleurissent sur le mur de la ministre mais qui, faut-il le préciser, ne sont pas de son fait, il contre-attaque. Le ton monte, et il se fait censurer, contrairement à ses contradicteurs. De fil en aiguille naît un blog satirique, qu'on essaie de lui faire fermer.

Nadine Morano ira même jusqu'à lui téléphoner en 2011, dans ce que le président Delegove a ironiquement perçu comme une expression de « la démocratie directe ». L'accro du réseau raconte le fameux appel du 6 juin : « La conversation a duré près d'une heure, on a discuté de tout et de rien, comme si on se connaissait depuis toujours. À partir de là, on a sympathisé. Elle m'a proposé de me rencontrer et de m'aider à trouver une formation. »

La ministre caricaturée en soldat nazi

De promesses non tenues en usurpations d'identité (on se perd un peu dans les méandres du dossier), les échanges finiront par déraper. Des dizaines de mails envoyés quotidiennement à la ministre et à son entourage, des insultes, un montage photo affublant l'élue si souvent moquée d'un uniforme nazi... La ligne jaune est mordue, et sera franchie le 22 octobre 2011 quand l'Internaute finit par menacer de mort, au téléphone, Franck Staub, proche collaborateur de Nadine Morano. « Au début, M. Staub était compatissant », a expliqué son avocate. Il était entré en contact avec le Denaisien, qui menaçait de se suicider parce qu'il voulait entrer en contact avec la ministre - version que l'intéressé conteste. Maintenant, « il veut juste que tout cela s'arrête ». Et de réclamer, en réparation de son préjudice moral, « une peine symbolique » : 500 E de dommages et intérêts ce qui, convenons-en, fait quand même cher du symbole... Pour ajouter de la confusion au tableau, apparaît aussi en bout de course un capitaine de police ayant agi sur instruction de Nadine Morano pour demander une médiation, ce qui ne manque pas d'étonner vu les fonctions de la ministre, pas rattachée à l'Intérieur à notre connaissance. « La Toile est un puits sans fond, on a l'impression que vous vous êtes noyé dedans », a fait remarquer Daniel Delegove au prévenu, dont « le comportement inquiétant et obsessionnel » pointé par le procureur pourrait n'être que la manifestation d'une « altération du comportement ». Quand même un peu vexé par cette « manière caricaturale de (le) présenter », le Denaisien, qui assurait sa propre défense, s'est engagé à la barre : « Je me soumettrai à la peine prononcée. » •

SÉBASTIEN CHÉDOZEAU