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Clichy-sous-Bois : vers un procès des policiers ?
Société
Jeunes électrocutés à Clichy-sous-Bois : la Cour de cassation ouvre la voie à un procès des policiers
LE MONDE | 01.11.2012 à 13h40, extrait
Par Sylvia Zappi
La Cour de cassation a annulé, mercredi 31 octobre, le non-lieu prononcé en avril 2011 en faveur des deux policiers mis en cause dans la course-poursuite qui avait abouti à la mort de deux adolescents, en octobre 2005, dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Après sept ans de procédure, trois juges d'instruction, deux reconstitutions des faits et un dossier épais comme dans les plus grosses affaires criminelles, les familles de Zyed Benna et Bouna Traoré peuvent de nouveau espérer un procès public. C'est à la cour d'appel de Rennes qu'il incombe désormais d'en décider.
L'arrêt de la Cour de cassation est cependant assez précis pour tracer une ligne de conduite, en invitant fortement la cour d'appel de Rennes à renvoyer devant le tribunal correctionnel les deux policiers pour non-assistance à personne en danger. La Cour a en effet estimé qu'en rendant un non-lieu, la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris n'a pas justifié sa décision. La haute juridiction fait état de faits précis qui montrent que, le 27 octobre 2005, les deux policiers incriminés avaient eu connaissance du danger qui menaçait les deux adolescents entrés dans le transformateur et qu'ils n'avaient pas agi.
"PAS CHER DE LEUR PEAU"
Ce soir-là, Zyed et Bouna rentraient à leur domicile avec leur bande de copains, de retour d'un match de foot au stade de Livry-Gargan. Ils étaient pressés : c'était soir de ramadan, pas question d'être en retard pour la rupture du jeûne, les parents sont inflexibles sur la règle. Soudain, une voiture de la BAC fait irruption. Effrayés, les gamins se mettent à courir.
Dans leur fuite, trois d'entre eux pénètrent sur un site EDF fermé, et trouvent refuge dans le transformateur malgré les pancartes indiquant " Danger de mort". Après l'arrivée d'un renfort de plusieurs voitures, les policiers font le guet. Le gardien de la paix Sébastien G., l'un des fonctionnaires mis en cause, passe plusieurs messages radio sans équivoque : "Ils sont en train d'enjamber pour aller sur le site d'EDF." Puis : "En même temps, s'ils rentrent sur le site d'EDF, je ne donne pas cher de leur peau." Entendant ces messages, la fonctionnaire au standard radio, Stéphanie K., ne demande pas l'intervention des secours.