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Après dix ans d’activité, le blog monputeaux.com succombera-t-il à l’acharnement judiciaire ?
Publié le lundi 26 mars 2012, Reporters Sans Frontières, l'essentiel
Reporters sans frontières apporte son soutien au blogueur Christophe Grébert, victime d’un véritable harcèlement judiciaire. L’auteur du blog monputeaux.com, également conseiller municipal d’opposition de la ville de Puteaux (Hauts-de-Seine), a reçu, le 16 mars 2012, une assignation en justice, qui s’ajoute aux quatre procès en cours et aux deux plaintes déjà déposées contre lui. Cette énième procédure judiciaire pourrait, selon Christophe Grébert, sonner le glas du blog monputeaux.com pour cause d’asphyxie financière.
“L’acharnement judiciaire dont Christophe Grébert fait l’objet est très inquiétant, et symptomatique d’une forme de censure pernicieuse. Il est facile de faire taire un blogueur citoyen à coups d’intimidations, de pressions et de procès. Face à des adversaires plus puissants et mieux armés, les blogueurs n’ont plus d’autre choix que l’autocensure”, s’est inquiétée l’organisation.
Cette dernière assignation fait suite à la plainte de dix-neuf élus UMP, qui réclament au blogueur un total de 76 000 euros de dommages et intérêts. Ils invoquent l’article 9 du code civil, arguant que le blogueur a violé leur vie privée en révélant qu’ils profitaient ou avaient profité de logements sociaux dans un article publié le 10 novembre 2011. L’assignation en justice réclame également le retrait de l’article en question, intitulé “48,6% des élus UMP de Puteaux habitent des logements sociaux : la liste, résidence par résidence”.
Blogueur citoyen de la première heure (il a créé monputeaux.com en 2002), Christophe Grébert fait l’objet de poursuites judiciaires récurrentes depuis des années. S’il a été relaxé par le passé, reste que l’accumulation des frais de justice le conduit aujourd’hui à ce qu’il désigne comme une “autocensure imposée”, et à envisager de fermer son blog.
Contacté par Reporters sans frontières, Christophe Grébert a fait part de son découragement face à ce harcèlement judiciaire et aux charges financières qui lui sont imposées. “Je n’ai plus les moyens de m’exprimer librement. Je dois actuellement 20 000 euros de frais d’avocats et de dommages et intérêts”, a-t-il témoigné.
En plus des frais de justice, le montant des dommages et intérêts réclamés par les plaignants est extrêmement élevé pour un particulier. Les blogs étant soumis à la loi sur la presse, ils tombent sous les mêmes sanctions que les grands groupes de médias. Or, ces derniers peuvent assumer des dommages et intérêts qui conduiraient en revanche un blogueur à la ruine. “La loi sur la presse n’est plus adaptée à la réalité numérique. Il faut la réformer pour respecter la liberté d’expression du citoyen”, a déclaré Christophe Grébert.
La suite, sur fr.rsf.org