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Dils témoigne contre l'erreur judiciaire
NDLR : Marc Machin attendait des excuses ? Tout le monde est toujours propre dans ces histoires... il n'y a jamais que quelques erreurs ou errements dont personne n'a à se soucier des conséquences.
Société
Marc Machin innocent, la police et la justice aussi
20 décembre 2012 à 22:26, Libé
Révision. Après sept ans de prison, l’ex-condamné a été acquitté hier.
Par ONDINE MILLOT
Il est un peu plus de 17 heures, hier, à la cour d’assises de Paris. Marc Machin vient d’être acquitté du meurtre de Marie-Agnès Bedot, retrouvée tuée sous le pont de Neuilly en 2001. Après onze années d’attente, après «six ans et six mois de prison», les juges et jurés ont enfin déclaré que, «non», il n’était pas coupable - une certitude depuis qu’un autre homme, David Sagno, s’est accusé du crime en 2008. Marc Machin a enfoui ses larmes dans les bras de sa petite amie, l’a serrée de longues minutes, indécrochable.
Un peu plus tôt, dans son réquisitoire, l’avocate générale avait «déroulé une pelote», selon ses termes, dont l’unique but était de montrer que justice et police avaient parfaitement agi. «L’erreur est humaine, a-t-elle déclaré, avant de décliner cet autosatisfecit judiciaire sur tous les tons. J’en suis intimement convaincue : personne mieux que les hommes ne savent qu’ils peuvent se tromper. On ne peut pas parler d’autisme de la justice, ce serait faire injure. Je ne laisserai personne dire que les acteurs de ce dossier ont été malhonnêtes. Je constate que la procédure de révision existe et que c’est un vrai bonheur.»
Sur sa chaise, Marc Machin, huitième victime d’erreur judiciaire criminelle reconnue en France depuis 1945, a écouté sans broncher. Il a entendu les parties civiles lui dire qu’il devait «grandir, évoluer», qu’elles espéraient qu’elles n’entendraient plus que des «bonnes nouvelles» à son sujet. Il a écouté les uns et les autres lui expliquer qui il était et ce qu’il fallait qu’il fasse - lui qui n’aurait jamais dû être là.
Puis il a descendu les marches de la cour d’assises, s’est arrêté face à la foule de journalistes qui l’attendait. Et a donné sans le vouloir la seule leçon d’humilité de ce procès.
«Marc, vous êtes heureux ?
- C’est un moment attendu depuis très longtemps. Un soulagement. Maintenant, la vie continue. Y’a pas de quoi sauter au plafond. J’ai besoin de me reconstruire. De me concentrer sur la vie à venir. Etre une personne lambda, trouver un travail, passer le permis. Je cherche dans le BTP, si vous entendez parler…
- Vous avez eu des excuses ?
- Non. Y’a eu des excuses dans Outreau, mais moi… De toute façon, je n’en attendais pas. Je ne veux pas être dans la rancune, j’ai envie d’aller de l’avant, de progresser dans la société.
- Est-ce que vous vous sentez renforcé par ce que vous avez vécu ?
- Non, meurtri.
- Est-ce que vous êtes fier ?
- Y’a pas de quoi être fier. C’est pas de la fierté que je ressens. C’est des séquelles.»