« #jesuisparisienne en image | Google m'agace » |
Connard de canard !
26 août 2014, par Alexandre Piquard, medias.blog.lemonde.fr
Le Parisien vs The Parisienne : « Notre démarche était amiable au départ »
Êtes vous aussi abasourdi que moi : @le_parisien m'assigne pour contrefaçon http://t.co/A3wB0pMnsB #jesuisparisienne
— the parisienne (@zeparisienne) 25 Août 2014
"Êtes vous aussi abasourdi que moi ? Le Parisien m'assigne pour contrefaçon." Ce message incrédule publié lundi 25 août par la blogueuse The Parisienne a sans surprise suscité une vague de sympathie : il a été retweeté 1500 fois en 24 heures sur Twitter. Ses soutiens ont lancé le mot d'ordre #jesuisparisienne.
C'est une histoire qui en rappelle d'autres dans l'histoire d'Internet et semble pour certains (dont le blogueur spécialisé en technologies Korben) être un bon exemple de "bad buzz", un cas où une entreprise abîme son image en gérant mal sa communication.
Joint par Le Monde, Le Parisien dit "comprendre l'émotion" mais justifie sa démarche. Contactée, la blogueuse refuse de s'exprimer "pour le moment".
• "Parisienne", un journal du Parisien et un blog
"Comment un journal pourrait-il penser une seconde que le blog individuel d’une parisienne amoureuse de sa ville pourrait être une tentative de copie d’un quotidien parisien, et de son armée de journalistes ?!", explique cette internaute, dans un long billet paru sur son blog lancé en 2009.
En fait, c'est en tant que détenteur de la marque La Parisienne, déposée en 2003, que Le Parisien agit. Il s'agit d'un magazine et d'un site Internet, ainsi que d'une application.
• La blogueuse : "J’ai pensé qu’il s’agissait d’un malentendu
Selon la blogueuse, la démarche a commencé par un courrier de mise en demeure il y a quelques mois : "Naïve, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un malentendu et j’ai tenté de prendre contact directement avec le journal pour discuter, voir comment régler tout ça", raconte-t-elle. Le journal lui aurait alors conseillé de prendre un avocat.
"J’ai donc ignoré la mise en demeure, plusieurs mois ont passé, et c’est l’assignation qui est arrivée", raconte-t-elle.
Le Parisien demande l’abandon du nom de domaine http://www.theparisienne.fr et son transfert à la SAS Le Parisien libéré, ainsi que 20 000 euros de dommages et intérêts, s'indigne la blogueuse.
• Le Parisien : "Nos relances sont restées sans réponse"
Du côté du Parisien, on donne une version légèrement différente : "On n'envoie jamais une assignation d'emblée, explique Jean Hornain le directeur général du groupe. Notre démarche était amiable au départ, en septembre 2013. Il y a eu des échanges puis nous n'avons plus eu de nouvelles. Nos relances sont restées sans réponse. Nous avons alors envoyé une assignation en juin. C'est une affaire qui dure depuis très longtemps."
"Nous ne sommes pas les gens les plus agressifs. On défend nos marques parce qu'on en vit", explique M. Hornain.
Le Parisien n'a-t-il pas l'impression de se retrouver dans le rôle du "gros" qui attaque un "petit", de façon disproportionnée ? Jean Hornain comprend mais estime que "les gens sont responsables" et que la marque a été déposée plusieurs années avant le lancement du blog.
Un des arguments mis en avant pas The Parisienne est le caractère tardif de l'attaque, cinq ans après le lancement du blog, déjà installé. "On agit à mesure de notre connaissance" répond M. Hornain.
• Langage courant et propriété intellectuelle
La blogueuse s'insurge aussi que Le Parisien s'approprie un nom de la langue courante, utilisé par des dizaines de publications. En effet, le mot "parisienne" est associé à une course à pied, une assurance-moto, un restaurant, une chanteuse... Pour autant, le droit de la propriété intellectuelle actuel permet a priori le dépôt de mots courants dans telle ou telle catégorie de produits (Le Parisien cite en exemple Le Monde...). Dans des procès, le fait de ne pas avoir poursuivi des marques proches peut éventuellement être reproché à un détenteur.
Quand on tape La Parisienne dans Google, The Parisienne apparaît en pied de première page (La Parisienne du Parisien vient elle au-dessus, en deuxième résultat). La blogueuse a expliqué à L'Express.fr que grâce à son blog, elle a "créé son agence de communication digitale et relation e-influenceurs" et lancé "un concept unique pour permettre aux e-influenceurs et aux marques de se rencontrer et de raconter ensemble leur e-story: les soirées e-Parisiennes".
• Une solution amiable ?
Pourtant, pour Le Parisien, vu le potentiel de "bad buzz" de cette affaire, ne vaudrait-il mieux pas abandonner l'assignation ? Jean Hornain réserve sa réponse mais se dit "touché" par la polémique. "Je ne m'en fiche pas du tout... Nous sommes un journal citoyen, proche des gens. Je comprends l'émotion suscitée à la lecture du post de blog", explique-t-il.
Concrètement, la démarche "amiable" pourrait selon Le Parisien déboucher sur plusieurs possibilités, dont celle d'une licence de marque, par laquelle il autoriserait le blog à se servir du nom, de façon payante ou éventuellement gratuite, dit M. Hornain. "Pour nous, l'important, c'est de se parler. L'assignation ne veut pas dire que le dialogue est rompu", veut-il croire.
Alexandre Piquard
2 commentaires
#TP #hoax @Slatefr "Ouais, il faut en pleurer, en fait", dit le journaliste, "Sans surprise, quelques esprits crédules ont pris la chose..."
— Bruno Kant (@bkant) 12 Septembre 2014
Jérôme Jarre, la star de Vine, refuse un million de dollars http://t.co/eXfFT0oX2c #antipub #marketing #einfluence
— Bruno Kant (@bkant) 27 Octobre 2014