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Justice
Le témoignage Youtube d'Aïcha, la mère des cinq enfants placés à Bourgoin-Jallieu (Isère)
Par Linh-Lan Dao, France 3 Alpes
Publié le 09/02/2015 | 16:04, mis à jour le 09/02/2015 | 18:41
La vidéo a été visionnée près de 58.000 fois sur Youtube. Aïcha Msakni y montre les chambres de ses enfants, en réponse à leur placement en foyer par la justice. Le 29 janvier, son conjoint a été interpellé par la police, soupçonné de violences et radicalisation islamiste.
Son discours est entrecoupé de larmes. Aïcha Msakni, la mère des cinq enfants d'une famille de Bourgoin-Jallieu, s'est saisie des réseaux sociaux pour exprimer sa détresse. "Ca me fait mal au coeur de me lever le matin, de voir ces lits tout vides..." dit-elle la voix brisée, tandis que l'on aperçoit sur sa vidéo les trois lits superposés de ses fils aînés.
Dans cette vidéo de 5 minutes, publiée sur Youtube le 7 février - lendemain d'interpellation de son conjoint - la jeune femme fait une visite guidée de son domicile. On y découvre les chambres des cinq enfants, des chambres "tout ce qu'il y a de plus normal" selon elle, la télévision, la salle de jeux, etc...
A travers ce document, Aïcha Msakni veut montrer que ses enfants étaient bien traités; elle y établit sa propre version des faits.
``On m'a retiré mes enfants, on a fait une erreur"
"On m'a accusée moi et mon mari de nous préparer au djihad; on voulait seulement partir (ndlr: déménager) en Tunisie." explique-t-elle, d'une voix ténue. "On m'a retiré mes enfants, on a fait une erreur, une erreur qu'on veut pas avouer".
Le 29 janvier, les services judiciaires et sociaux de Bourgoin-Jallieu avaient décidé en urgence le placement de cinq enfants dont un nourrisson. Selon le Dauphiné Libéré, leur père, fiché par le Renseignement territorial, était présenté comme un musulman radical, préparant "un départ en terre djihadiste". Leur mère, via le CRI, coordination contre le racisme et l’islamophobie, dénonce aujourd’hui "un enlèvement".
``Mes enfants n'ont jamais manqué de rien"
Sur Youtube, Aïcha Msakni a répondu aux accusations envers son compagnon, placé en garde à vue pour "violences aggravées par ascendant sur mineurs de 15 ans". L'interpellation fait suite à une plainte de la part du père biologique de deux de ses beaux-enfants (âgés 14 et 11 ans, issus d'une autre compagne). Ils auraient subi des "châtiments corporels" de la part de M. Msakni, avec lever à 4 heures du matin pour la prière, port du voile pour la fille et interdiction de voir leurs copains et de regarder la télé.
Le procureur de la République de Bourgoin, Cédric Cabut, avait déclaré à propos du placement: "il est de notre devoir de protéger des jeunes enfants lorsqu'il y a une pratique extrême de la religion."
"On a dit que mes enfants étaient privés de télé, qu'ils étaient malheureux, qu'ils n'avaient pas de jouets, alors que je leur ai toujours offert tout ce que je pouvais" indique la jeune femme. "Ils ont des livres, des tablettes, des ordinateurs de jeux, des consoles, les craies pour écrire (...) mes enfants ne manquent de rien".
"Jaime beaucoup les occuper, faire des activités avec eux (...) ils font des activités pendant tout le mois de Ramadan pour offrir des cadeaux à leur tonton, à leur tata, à leur papys, mamies..."
Enfin, la jeune femme montre son tire-lait, en affirmant: "Voilà ce qui remplace mon bébé de trois mois. C'est trop dur", avant de demander à la justice, face caméra, de reconnaître son erreur et de laisser rentrer ses cinq enfants à la maison.
1 commentaire
M. Gérolami dit s'être inquiété « tard ce soir-là » d'un « possible risque de poursuites en diffamation ». « J'ai demandé une vérification de ce risque juridique, peut-être pas fondé car je ne suis pas docteur en droit, mais je rappelle que nous faisons déjà l'objet, pour un autre article, de poursuites en diffamation de la mairie de Béziers », a-t-il expliqué, soulignant que son propos n'était pas « d'interdire ou de censurer un article » qui s'est avéré « polémique, mais pas diffamatoire ».