« Il n'y a pas de misère en France, son action sociale est merveilleuse ! | Un mode d'emploi du blog... ou quelques pistes de réflexions » |
Fraternité ?
Ségolène Royal, tout le monde ne l'apprécie pas. En 2007, les français ont élu celui qui, en 2006 déjà, devant le 89e congrès des maires, affirmait que « La République, ce n'est pas donner la même chose à chacun ».
Cet été, alors que j'allais déclarer un pourvoi en cassation, la façade du tribunal de Paris m'a choqué. J'ai voulu en avoir le coeur net, cet après midi je suis allé faire un tour à Paris. Fin 2006, j'avais remarqué que la fraternité était en vrac, elle a été redressée quelques temps plus tard. Mais depuis juillet certainement, la fraternité est plutôt démunie. Que penser de la liberté et de l'égalité, encore parées sur la façade de ce lieu hautement symbolique ?
Plus tard, au supermarché, j'ai mis la main sur un livre noir, « Où on va, papa ? » Ma compagne a levé les yeux.
La façade du tribunal de Paris, ce 4 octobre 2008
Allocution du président de la République, M. Nicolas Sarkozy,
devant les associations des anciens combattants d’Afrique du nord et de rapatriés Harkis
Paris, 5 décembre 2007, de source www.ambafrance-dz.org, extrait
[...] La République, c’est de ne pas donner la même chose à chacun, c’est de donner plus à celui que l’histoire a conduit à avoir tellement moins que les autres.
AJACCIO (AFP), 4/9/2008 - L'ex-patron des forces de sécurité de Corse, Dominique Rossi, muté à la suite de l'occupation du jardin de l'acteur Christian Clavier à Porto-Vecchio par des nationalistes, estime jeudi que le maintien de l'ordre est un "exercice difficile et délicat" dont les résultats "peuvent être appréciés différemment".
Le Canard, 1er octobre 2008
Comment les politiques cherchent à rénover leur image
LE MONDE | 03.10.08 | Extrait
Ils lèvent les yeux au ciel, haussent les épaules et assurent qu'il ne s'agit que d'un "épiphénomène qui n'a rien de politique". Pourtant, les adversaires de Ségolène Royal au sein du Parti socialiste n'ont pas fini de parler de ce fameux "show" du 27 septembre, au Zénith de Paris. De sa façon d'occuper la scène, en jeans et tunique indienne, de prendre la parole entre la prestation des rockers du groupe Trust et celle du chanteur Benjamin Biolay ou encore de conclure son intervention en faisant scander crescendo le mot "fraternité" à l'assistance...
1er décembre 2006 au tribunal de Paris,
la fraternité était en vrac
Le 10 mars 2007, la fraternité était redressée
Où on va papa ?
de Jean-Louis Fournier
chez Stock, août 2008
"Cher Mathieu, cher Thomas,
Quand vous étiez petits, j'ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.
Je ne l'ai jamais fait. Ce n'était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu'à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures..."
Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J'avais honte ? Peur qu'on me plaigne ?
Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible : « Qu'est-ce qu'ils font ? »
Aujourd hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre.
Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d'ange, et je ne suis pas un ange.
Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d'une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d'eux avec le sourire. Ils m'ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.
Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait : rien.
Et surtout, pendant de nombreuses années, j'ai bénéficié d'une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.
Pour la première fois dans son oeuvre, Jean-Louis Fournier parle de ses garçons, pour ses garçons. Parce que le temps presse et qu'il faut dire autrement. Dire autrement la question du handicap, sans l'air contrit ou la condescendance. Comme il l'a fait en 1999 en évoquant son père, Jean-Louis Fournier conserve, pour ce nouveau roman, l'équilibre maîtrisé entre le drôle et la désespérance.