« La Ripoublique et ses apparences | Des sacs de sable et l'artillerie ? » |
Le plus pessimiste des nihilistes ?
J'ai été ravis de lire que de nos jours, les intellectuels ne se suicidaient plus. Car sans cela, je pouvais passer pour un individu ayant une espérance de vie relativement limitée.
J'ai beaucoup de mal à rester sérieux avec tout ce qu'il est possible de lire ces derniers temps, dans la presse. Et j'ai hâte de découvrir le contenu des prochains Canards, je sens qu'on va encore rire énormément d'ici à 2012.
J'ai déjà divers bréviaires du cynisme et du polémicien, il me faut aussi celui du chaos. Des clients achèteraient cet article avec du Schoppenhauer, Du néant de la vie.
Le monde, que nous habitons, est dur, froid, sombre, injuste et méthodique, ses gouvernants sont ou des imbéciles pathétiques ou de profonds scélérats, aucun n'est plus à la mesure de cet âge, nous sommes dépassés, que nous soyons petits ou grands, la légitimité paraît inconcevable et le pouvoir n'est qu'un pouvoir de fait, un pis-aller auquel on se résigne. Si l'on exterminait, de pôle en pôle, toutes les classes dominantes, rien ne serait changé, l'ordre instauré voilà cinquante siècles n'en serait même pas ému, la marche à la mort ne s'arrêterait plus un seul jour et les rebelles triomphants n'auraient plus que le choix d'être les légataires des traditions caduques et des impératifs absurdes. • Albert Caraco
Du bonheur d'être suisse sous Blocher
Article paru dans l'édition du Monde du 13.11.07, extrait
Depuis une quinzaine d'années, les intellectuels helvétiques ont cessé de se suicider. La dernière fois que Le Monde a publié en première page un article intitulé « Le suicide d'un dissident suisse », c'était le 1er octobre 1993. Il s'agissait de Nicolas Meienberg, qui avait tenté d'expliquer en vain à ses concitoyens la compromission de certains industriels de son pays pendant le nazisme. Une campagne de presse d'une rare bassesse avait conduit Meienberg au suicide. Il avait exigé de ne pas être inhumé en Suisse. Avant lui, en 1991, Max Frisch, souffrant d'un cancer, avait renvoyé son passeport, comme pour ne pas mourir suisse. En 1990, Friedrich Durrenmatt s'était écroulé, trois semaines après son discours à Vaclav Havel. Les membres du gouvernement lui avaient tourné le dos, lui refusant même une poignée de main après la cérémonie.
Par Ptiluc, dans Cradolapino