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La France « virile » : des femmes tondues à la Libération
CAEN (AP), 3 juin 2006, extrait - Pour la première fois, près de 150 enfants nés de père allemand et de mère française pendant la Seconde guerre mondiale se sont réunis samedi à Caen (Calvados) pour l'assemblée de l'Amicale nationale des enfants de la guerre (Ameg).
"C'est très émouvant de nous retrouver tous ici. C'est la première fois que nous nous voyons", lance Jeanine Nivoix-Sevestre, la présidente de l'amicale créée l'an passé. Née en 1941 d'une mère française et d'un père soldat allemand, elle se bat depuis plusieurs années pour retrouver des enfants comme elle.
"Nous conversons depuis plus d'un an par e-mail ou par téléphone, mais nous ne nous étions jamais vus", explique-t-elle. "Aujourd'hui nous sommes 150, mais il paraît qu'en France nous sommes plus de 200.000 enfants nés de ces amours interdites".
"Toute notre vie n'a été qu'insultes, menaces, brimades, mais chacun vivait muré dans son silence", ajoute Josiane Kruger, une autre de ses enfants nés durant la Seconde guerre mondiale.
Jeudi 13 mars 2008 à 19H30, à Paris,
Conférence-débat avec Fabrice Virgili, Chargé de recherche, Irice-cnrs - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
La France « virile ». Des femmes tondues à la Libération
Présentation de la conférence :
« La France sera virile ou morte », a-t-on dit en 1944. Virile, elle le fut, et les tontes des femmes accusées de collaboration en témoignent. Sur cet épisode de notre histoire qui, aujourd’hui encore, continue de susciter un malaise, on croyait tout savoir : ayant couché avec l’ennemi, des femmes avaient été violemment punies, dans un très court laps de temps, par des foules vengeresses et des résistants de la dernière heure.
La recherche menée par Fabrice Virgili révèle notamment que la moitié seulement de ces femmes avaient eu des relations sexuelles avec les Allemands ; que les tontes n’eurent rien d’éphémère, puisqu’elles s’étalèrent de 1943 à 1946 - deux dates qui impliquent que, parmi les tondeurs, il y eut aussi des résistants et que les autorités, après la Libération, « couvrirent » cette pratique ; et que vingt mille personnes environ furent touchées, de tous âges et de toutes professions, dans la France entière.
Que s’est-il réellement passé ? Pourquoi des femmes ? Et quel sens donner à cet événement ?
Suite:
A la Maison fraternelle
37, rue Tournefort
75005 Paris
Pétro Place Monge – ligne 7
Une participation libre aux frais d'organisation est souhaitée. Inscription préalable souhaitée par messagerie : acatparis5@voila.fr. De source ACAT Paris 5, Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture, « Ensemble contre la torture, les exécutions capitales et les disparitions forcées »
1/1995. Résistances et Libérations France 1940-1945
Les « tondues » à la Libération : le corps des femmes, enjeu d'une réaproppriation
Fabrice Virgili
Sur clio.revues.org
Résumé. Alors que la « tondue » est une des images fortes de la Libération, les études furent peu nombreuses sur la question.Cette pratique fut pourtant massive et répandue sur l'ensemble du territoire français en 1944-45. Lors de ces tontes, on assiste à une véritable mise en scène du corps de ces femmes. Celles-ci, au-delà de la description d'une pratique de l'épuration extra-judiciaire, sont révélatrices de cette période où les frontières entre vie publique et privée sont largement brouillées. Cette mise en scène ostentatoire laisse alors une grande place au fantasme et à la sexualité. Elle permet de constituer un système de représentation dont les trois facettes sont : la « faute » - la collaboration -, le « châtiment » - l'épuration -, et enfin « une vision de l'avenir » - la reconstruction. Cela permet de mieux comprendre pourquoi ces tontes semblent bien avoir été une « évidence » pour l'époque, et quels ont été les enjeux de cette réappropriation du corps, de la « tondue » en particulier et des femmes en général.
Extrait. Les tontes se déroulent autant dans les grandes villes, qui ont toutes « leurs tondues », qu'en zone rurale. En Charente Inférieure, ce sont les gamins d'un petit village qui à l'exemple de leurs aînés « jouent au maquis... Armés de sabres de bois ils s'emparent du verger, pénètrent au poulailler et libèrent les lapins... Puis tondent trois petites filles ». Plus généralement, les procès verbaux de Gendarmerie offrent, quand ils existent, de nombreux exemples de tontes se déroulant dans des villages ; la promenade qui accompagne souvent la tonte s'étend alors d'un hameau à l'autre. Ces mentions sont trop nombreuses pour n'être que le fruit du hasard ; on en retrouve pour l'instant dans soixante-dix-sept départements. C'est bien l'importance de cette pratique qui explique la « postérité » des tontes.