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Mallaury Nataf : « Je suis SDF depuis mars »
Société, Le 4 janvier à 0h00, Libé
Ne jugez pas !
Par ONDINE MILLOT
Portrait. PATRICK KEIL. Le «petit juge» de l’affaire Festina est tombé dans la dépression et l’alcool. Révoqué, il est poursuivi pour corruption.
On l’aperçoit, au loin, toute petite silhouette sur le quai de la gare de Lille. Il nous attend en n’osant regarder ni sourire. Son costume est trop grand, les manches lui couvrent les mains, il marche les yeux au sol, il traîne une lourde sacoche qui semble peser une tonne. Pourquoi certaines histoires s’accrochent à notre mémoire ? Celle de Patrick Keil, entendue au creux de l’été 2008, est restée gravée. Le «petit juge» de «l’affaire Festina» de 1998, ce magistrat en lutte contre le dopage, ce David s’attaquant au Goliath du Tour de France, bloc de rigueur et d’intégrité, tombe, dix ans après, pour corruption. Devenu alcoolique, il a transmis à un compagnon d’ivresse des informations sur une enquête. En dix années, durant lesquelles plus personne n’a entendu parler de Patrick Keil, il serait devenu, par de mystérieux rouages de la vie, l’inverse de ce qu’on pensait de lui.
Dès les premiers mots, ce «je suis 100% disponible pour vous», cette voix hachée, faussement alerte, maladroitement obséquieuse, on comprend que notre objectivité va être mise à mal. Que si la chute passionne, impressionne, comme toute déchéance ravive et exorcise nos peurs, il faut pour l’approcher se frotter aussi au malheur.
Patrick Keil, 48 ans aujourd’hui, n’est «plus SDF mais pas loin». Il a été révoqué de la magistrature en juillet 2009. Il a fait trois mois de détention préventive. Il habite un minuscule studio sans salle de bains ni cuisine qu’il ne veut pas nous montrer. Il touche le RSA. Il cherche, sans succès, du travail. Il vit dans l’attente de son procès pour corruption, prévu dans deux jours, à Paris.
Patrick Keil, lorsqu’il était magistrat, était certes «psychorigide et sévère» selon ses collègues de l’époque, mais aussi «droit dans ses bottes, travailleur, obsédé par le respect absolu de la loi». Il avait impressionné ses pairs par son courage dans l’affaire Festina, résistant aux pressions du parquet, osant s’attaquer à la star Richard Virenque sans pour autant chercher une gloire personnelle, fuyant les médias. Il avait séduit sa belle greffière, lui ce «ver de terre amoureux d’une étoile», avait eu avec elle «trois beaux enfants». Que s’est-il passé ?
Lui lie la chute à la gloire, voit dans son opiniâtreté de juge d’instruction une cause de sa débâcle. Pour résumer : le 8 juillet 1998, Willy Voet, soigneur de l’équipe Festina, est arrêté en possession d’un stock de 500 doses de produits dopants. Patrick Keil mène l’enquête, aboutissant au procès de dix prévenus, et à une remise en cause médiatique du Tour de France, tandis que le parquet lui reproche son zèle. La tâche achevée et l’atmosphère devenue lourde, il demande une mutation sur l’île de la Réunion, qu’il obtient. Résiliation de bail, préparatifs de déménagement, quand soudain, volte-face, la mutation est annulée. Sa femme, qui espérait un nouveau départ pour leur couple sous le soleil, s’effondre. Il négocie un poste à Carcassonne, mais le cœur n’y est plus.
La chute est un mouvement dont la vitesse augmente jusqu’à la fin. Dans le Sud, les problèmes du couple s’accentuent. Patrick Keil se met à boire. Sa femme demande le divorce. Séparation, douleur de ne plus voir ses enfants tous les jours, dettes qui s’accumulent. Incompréhension de la hiérarchie, dossiers en retard, dépression. En 2005, Patrick Keil est muté au parquet de Montpellier, au contentieux de l’après-divorce, lui qui se débat en plein cauchemar sentimental. Chaque jour, il tourne à une bouteille et demi de whisky.
A Montpellier, des magistrats se souviennent l’avoir «vu sombrer». Certains culpabilisent. D’autres disent qu’il refusait les mains tendues. Il ne nie pas son côté «froid», introverti. «Un système de défense.»
Patrick Keil a 3 ans lorsqu’on se moque de lui la première fois. «Schtroumpf», «Simplet», «Dumbo», son «physique atypique» - oreilles décollées, pieds en dedans, petite taille (1,57 m pour 45 kilos aujourd’hui) - ne résiste pas aux cours d’école. Il opte pour l’absolue solitude, et se forge une ambition «inversement proportionnelle» à sa stature et à sa condition de fils d’ouvrier automobile. Adolescent, il sait déjà qu’il deviendra magistrat. Sa prestation de serment est sa «première jouissance d’amour-propre».
Patrick Keil a 6 ans quand sa mère est opérée du cœur, 8 ans quand elle développe son premier cancer, 17 ans quand elle meurt. «Unique regard bienveillant», elle était sa «seule alliée», sa «force». En tête à tête avec un père «peu démonstratif», il vit son décès comme une «injustice totale». Il n’a eu depuis qu’une autre femme dans sa vie, son ex-épouse.
C’est au fond du gouffre et dans un bar, en novembre 2007, à Montpellier, qu’il rencontre celui qu’il appelle «le Dentiste». Il sympathise avec cet homme qui insiste pour régler repas et tournées. Il accepte des «prêts» pour rembourser ses crédits, donne des cours à son fils contre rémunération, considère qu’il a trouvé là «un ami». Quand le Dentiste lui demande de se renseigner sur une enquête le concernant, il dit oui. Il a déjà fait des entorses à la déontologie à la demande de camarades de bar, conseillant l’une pour la rédaction d’une plainte, faisant sauter les PV de stationnement de quelques autres. Lorsque le Dentiste est arrêté, il consigne les fautes de Patrick Keil dans une lettre au parquet.
«L’institution n’admet pas la faiblesse.» C’est un ex-collègue de Patrick Keil qui résume ainsi les choses, traduisant ce que beaucoup pensent. Arrestation humiliante dans son bureau, garde à vue, trois mois de prison préventive : cela semble largement disproportionné par rapport à l’infraction. «Ils ont voulu envoyer un message : on est inflexible quand il s’agit d’un magistrat. Mais c’est scandaleux !» s’insurge Jean-Marc Darrigade, l’avocat de Patrick Keil.
A sa sortie de prison l’ex-«petit juge» est retourné vivre à Lille, là où il lui restait quelques amis, qui l’ont hébergé et soutenu. Il a écrit un livre. Le dernier chapitre s’appelle «Vers une nouvelle destinée» (1). Les projets sont peu ambitieux, mais tenaces : retrouver un travail, pour se payer le train et aller voir ses enfants dans le Sud. En attendant il marche, et lit, sa bouée de survie. L’énorme sacoche qu’il trimbale partout est bourrée d’ouvrages aux titres tristement ironiques : les Misérables, la Comédie humaine… Il dit avoir emprunté à Simenon, qu’il dévore, sa nouvelle devise : «Comprendre et ne pas juger».
(1) «Du barreau aux barreaux», éd. Gawsewitch.
PATRICK KEIL En 11 dates
1er avril 1963 Naissance à Paris.
1991 Nommé juge d’instruction.
1997 Naissance de son premier fils.
1998 Affaire Festina.
1999 Naissance de ses jumelles.
2000 Sa mutation à la Réunion est annulée.
2004 Sa femme demande le divorce.
2007 Rencontre «le Dentiste».
2008 Mis en examen et incarcéré pour corruption.
2009 Révocation.
6 janvier 2012 Jugé pour corruption.
8 commentaires
bkant Bruno Kant
@DavidAbiker Que penser de l'article de @litout ? L'essentiel y est... surtout de la culotte à la manucure: lindependant.fr/2012/02/03/mal…
https://twitter.com/#!/bkant/status/165631213237846017
Menilmuche Fabien
@bkant avant de critiquer la manucure de M Nataf, lire par exemple ceci: city-paris.org/shopping/la-be… qui date du début de sa galère @DavidAbiker
https://twitter.com/#!/Menilmuche/status/165636740147724291
bkant Bruno Kant
@Menilmuche @DavidAbiker La beauté solidaire, c'est un message pour @litout city-paris.org/shopping/la-be…
https://twitter.com/#!/bkant/status/165637935994109952
La beauté solidaire
23 mars 2011 - 3 Comments
Elles veulent rester coquettes. Au chômage, sans domicile ou isolées, les femmes les plus démunies peuvent désormais se faire chouchouter au salon Joséphine pour la beauté des femmes, officiellement inauguré ce matin, deux semaines après son ouverture. Situé au 28, rue de la Charbonnière (18e), dans le quartier de la Goutte d’Or il s’agit du premier salon de beauté «social››. Coiffure, soins du visage, massages, manucure, épilation, conseils vestimentaires. Pour 3 euros, les femmes en situation de précarité, sont choyées, cinq jours sur sept, par des professionnels de l’esthétique. «Ce n’est pas du relooking, explique Lucia-Iraci, la créatrice du salon. L’objectif est de donner des conseils et des clés pour la réinsertion.›› Les femmes peuvent même passer le jour même d’un entretien d’embauche pour se faire coiffer, maquiller et emprunter des vêtements pour «se donner confiance››.
Un suivi personnalisé
Le salon accueille environ six femmes par jour qui viennent pour la plupart par le biais d’associations. Mais le passage dans le salon Joséphine ne se limite pas aux conseils et soins de beauté. «ll faut du temps pour s’occuper d’une femme, estime Lucia lraci. Une assistante sociale est également présente pour assurer un suivi et les aider dans leur réinsertion sociale et professionnelle.›› L’initiative séduit déjà d’autres villes, notamment à Levallois (92), où pourrait être créé un autre salon social.
De source http://www.city-paris.org/shopping/la-beaute-solidaire/
Elan de solidarité autour de Mallaury Nataf
Eric Bureau | 04.02.2012, 19h50 | Mise à jour : 21h08
Vendredi, Mallaury Nataf, l’ex-actrice du « Miel et les abeilles », lançait un appel au secours. Celle qui a trouvé refuge, il y a une semaine, chez Pause Café, une association d’entraide de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), après avoir perdu la garde de son troisième et dernier enfant, Shiloh, 2 ans et demi, a reçu depuis de nombreux messages de soutien et des propositions d’aide.
Bien sûr, sa personnalité à fleur de peau, son caractère bien trempé et imprévisible, ses déclarations parfois contradictoires, tout comme ses ongles manucurés ont intrigué et dérouté de nombreux lecteurs et internautes.
Ce samedi, de retour au siège du « Parisien », en compagnie de la présidente de Pause Café, Marie Magrino, pour prendre connaissance des messages, Mallaury Nataf reconnaissait « être un personnage difficile à porter et pétri de paradoxes… Comme celui de vouloir être impeccable alors que je n’avais plus de toit, dit-elle. Sinon on peut vite perdre pied dans la rue ».
Mais le récit de la comédienne de 39 ans sur sa descente aux enfers et son errance de SDF a surtout ému et provoqué un grand élan de solidarité. Des dizaines de messages sont parvenus de toute la France. Plusieurs avocats proposent de l’aider, des associations de soutien aux femmes seules, mais aussi des familles lui offrent un hébergement durable, « pour pouvoir récupérer son enfant ».
De source http://www.leparisien.fr/laparisienne/actu-people/elan-de-solidarite-autour-de-mallaury-nataf-04-02-2012-1845886.php
@Menilmuche N. #Sarkozy a visité cette nuit un centre d'hébergement d'urgence... twitter.com/#!/BFMTV/statu…
https://twitter.com/#!/bkant/status/165798725149655041
bkant Bruno Kant
Mallaury Nataf, qui en crève: "Je suis la fille qui ne porte pas de culotte, c'est un festival"! cc @litout @DavidAbiker poke @jugedadouche
https://twitter.com/#!/bkant/status/165800066035101697
bkant Bruno Kant
@menilmuche #Sarkozy "a notamment échangé avec les femmes hébergées ainsi que les personnels et bénévoles du centre" elysee.fr/president/les-…
https://twitter.com/#!/bkant/status/165807912994877440
@BFMTV BFMTV
Grand froid en France : un SDF a été retrouvé mort dans le Val-de-Marne "probablement à cause du froid" (police). #Froid #SDF
https://twitter.com/#!/BFMTV/status/166118382687633408
L’enfant de Mallaury Nataf reste placé
La Parisienne | Eric Bureau et Damien Licata Caruso | 08.02.2012, 16h07
Cinq jours après son appel au secours dans nos colonnes, Mallaury Nataf, 39 ans, avait rendez-vous à 13 heures au tribunal de grande instance de Paris avec le juge des enfants qui a décidé il y a dix jours de confier provisoirement son troisième enfant, Shiloh, âgé de deux ans et demi, à un service de l’aide sociale à l’enfance.
La comédienne a assisté à cette audience privée avec le père de l’enfant, qui souhaite rester anonyme, et Me Roland Perez, avocat parisien qui, ému par son parcours chaotique, a accepté de l’aider bénévolement à retrouver la garde de son fils.
Au terme de cette audience, qui a duré près de deux heures, le juge a décidé de poursuivre le placement de l’enfant, le temps pour sa mère de retrouver une situation matérielle stable. Le père, qui dispose d’une carte d’invalidité à 80% et de petits moyens financiers, n’a pas souhaité le récupérer. Selon l’avocat de Mallaury Nataf, «le juge a été très à l’écoute et n’a pas remis en cause l’amour qu’elle porte à son enfant et réciproquement, ni le fait qu’elle soit une excellente maman. Il veut juste s’assurer que les conditions matérielles dans lesquelles elle vit sont bonnes. Il n’y a aucun souci au niveau psychologique».
Le juge a demandé aux services sociaux de suivre Mallaury Nataf, qui a été recueillie depuis dix jours par Pause Café, association d’aide aux personnes en difficultés de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). L’ancienne héroïne de la série télé «le Miel et les abeilles» affirme que, suite à l’élan de solidarité qu’a suscité la large médiatisation de son errance - énormément d’amis qui l’avaient perdu de vue ont repris contact avec elle -, elle est en bonne voie pour trouver un éditeur et écrire un livre sur son histoire, et donc récupérer une avance financière qui lui permettrait de retrouver un logement pérenne.
De source http://www.leparisien.fr/laparisienne/actu-people/l-enfant-de-mallaury-nataf-reste-place-08-02-2012-1851857.php
Selon l’avocat de Mallaury Nataf, ce ne sont pas les qualités de mère de l’actrice qui sont en cause, mais sa situation précaire : « Le juge a été très à l’écoute et n’a pas remis en cause l’amour qu’elle porte à son enfant et réciproquement, ni le fait qu’elle soit une excellente maman. Il veut juste s’assurer que les conditions matérielles dans lesquelles elle vit sont bonnes. Il n’y a aucun souci au niveau psychologique. »
Extrait de source http://www.voici.fr/news-people/actu-people/mallaury-nataf-le-juge-ne-veut-pas-lui-rendre-son-fils-439803