La garde à vue des islamistes arrêtés à nouveau prolongée

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Le physicien aurait suggéré des cibles pour des attentats
Le Parisien | Pascale Égré. | Publié le 29.03.2012, 18h18

Dans le contexte sensible de l’affaire Merah s’ouvre aujourd’hui à Paris le procès d’un chercheur du Cern qui était en contact avec Al Qaïda au Maghreb islamique.

Son procès s’ouvre dans un contexte « pas très favorable », déplore sa défense, qui appelle « à se garder de tout amalgame » après les événements de Toulouse. En détention préventive depuis deux ans et demi à Fresnes, Adlène Hicheur, chercheur franco-algérien de 35 ans, comparaît aujourd’hui et demain devant le tribunal correctionnel de Paris pour « association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste ». Ce brillant physicien du Centre européen de recherches nucléaires (Cern) de Genève est soupçonné d’avoir, via « des flux Internet » sur des sites islamistes, « donné des cibles à frapper » tels une caserne proche d’Annecy et des sièges de multinationales à un responsable algérien d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui cherchait à agir en France.

Il nie toute volonté d’opérations

Au cœur de l’accusation à son encontre figurent 35 mails échangés début 2009 sous le pseudonyme d’Abou Doujana avec soleilde36@yahoo.fr, l’adresse Internet de cet activiste dont Hicheur ignorait l’identité. Les courriels reflètent des propos radicaux, parfois menaçants et surtout très confus. Hicheur, à qui son interlocuteur finit par proposer de « travailler dans une unité activant en France », répond de façon ambiguë, livrant des analyses et des propositions auxquelles il a nié, par la suite, toute portée opérationnelle. Le prévenu n’aurait ainsi cité le 27e bataillon de chasseurs alpins de Cran-Gevrier, alors engagé en Afghanistan, que comme un exemple. « Tout cela était du virtuel », s’est-il défendu.

« Si ses opinions et ses dires peuvent être condamnables, mon client n’a eu à aucun moment l’intention d’accomplir ou de préparer un quelconque acte terroriste. Peut-on condamner sur une simple intention? » assène son avocat, Me Patrick Baudouin, qui dénonce « un dossier fragile » et « emblématique d’une justice d’exception ». « A l’inverse de Mohamed Merah, Adlène Hicheur n’a jamais détenu d’armes. Il ne s’est jamais rendu en Afghanistan ou sur aucun autre théâtre d’opération et n’en a jamais eu l’intention », martèle-t-il.

Le cas Hicheur oppose deux visions. Pour la DCRI, qui a procédé à son arrestation en octobre 2009, comme pour le parquet et le juge d’instruction, le scientifique répond au « profil du musulman pro-djihadiste isolé » peu à peu prêt à franchir, après s’être radicalisé sur la Toile, le pas de la violence. Pour ses nombreux soutiens — dont 600 de ses collègues —, il est à l’inverse « un coupable idéal fabriqué », victime « des dérives de l’antiterrorisme ». Dans une « mise au point » publiée mi-février sur le site Mediapart, l’intéressé dénonçait « le vide pénal d’une affaire instrumentalisée » et craignait une « chasse aux sorcières ». Son avocat insiste : « Il ne doit pas être le bouc émissaire des failles qui ont pu être commises pour Mohamed Merah. »

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