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Procès Moog : « tous les clignotants étaient au rouge »
Actualités, Faits divers
Un chirurgien poursuivi après la mort d'un adolescent
Le Parisien | 05 Janv. 2010, 07h00
Tous les jours depuis quinze mois, Thierry Walter revit le cauchemar du 21 septembre 2008 : cette banale chute de vélo qui aboutit à la mort de son fils Maxime, 16 ans, au CHU Hautepierre de Strasbourg. Comme une réponse à la douleur de ce père et de cette mère, deux juges d'instruction viennent de mettre en examen, notamment pour « négligence », le docteur Raphaël Moog, chirurgien à l'hôpital de Strasbourg, avec placement sous contrôle judiciaire et interdiction partielle d'exercer.
« Il hurlait de douleur »
« Maxime a fait une banale chute à l'entraînement », explique le père du jeune espoir du cyclo-cross. « Il s'est retrouvé écrasé sous le guidon. Quand on a vu qu'il ne se relevait pas, qu'il avait mal, on a appelé les pompiers. » Maxime arrive à l'hôpital « vers 11 h 20-11 h 30 », se souvient son père. « Vers midi, il a été examiné par un échographe qui a dit qu'il fallait l'opérer tout de suite car sa rate saignait trop. Vers 13 heures, on nous a dit qu'on l'emmenait au bloc… » Mais une heure plus tard, selon ses parents, Maxime ressort du bloc sans avoir été opéré.
« Max hurlait de douleur. Il vomissait du sang. On ne pouvait même plus l'effleurer tellement il souffrait, mais le chirurgien n'était toujours pas sur place », accuse le père. D'après eux, « le docteur Moog n'est arrivé que vers 18 h 20-18 hv30. On lui a tout expliqué… Il a regardé notre fils avec l'air hagard. Je l'ai supplié de l'opérer, mais il n'a pas voulu. Il ne l'a même pas ausculté. Il a juste prescrit de la morphine. » Vers 19 heures, toujours selon la famille, « un médecin nous dit de rentrer, qu'on stressait Maxime… ». La suite, ce seront deux ou trois interventions tentées dans la nuit (sans prévenir les parents) avant la mort de Maxime, officiellement annoncée à ses parents le mardi soir « à 23 h 55 ».
Vincent Fabre, le vice-procureur de Strasbourg, tempère la version accablante de la famille : « La famille est très choquée. Elle considère que l'enfant a été mal soigné, mais ça se discute, et l'instruction est en cours. »
« Mon client a fait appel, s'insurge Me Gérard Alexandre, avocat du chirurgien. Cette espèce de demi-interdiction d'exercer et de se rendre à l'hôpital, alors que ses patients l'y attendent, est honteuse. La famille prétend qu'il n'est arrivé qu'à 18 h 30, c'est complètement faux. Il y est allé cinq ou six fois dans la journée et dans la nuit. » Réaction de Me Christophe Coubris, l'un des avocats de la famille : « Le docteur Moog dit qu'il est venu cinq ou six fois, qu'il est arrivé à 16 heures auprès de son patient… Qu'il le prouve ! Moi, je prouverai que c'est un menteur. »