Frontenaud : quatre mômes arrachés et déplacés, pourquoi?

Un billet un peu long après de multiples éditions et ajouts de précisions.

Bref statut au 31 octobre, pour ceux qui découvrent :

- en juin dernier, l'Administration a reçu une lettre anonyme... qui dénonçait une structure d'accueil d'adolescents en difficultés, le LVA (Lieu de Vie et d'Accueil) Les Bruyères, à Frontenaud (71), un centre équestre avec une piscine

- ce 22 octobre, les autorités, gendarmes et travailleurs sociaux sont intervenus dans cet établissement habilité
- quatre enfants mineurs en ont été brutalement retirés, en raison de « suspicions de maltraitances »
- deux jeunes majeurs sont consternés, dépités, ceux-là ont refusé de quitter l'établissement (voir la vidéo, plus bas)
- l'un des quatre mineurs retirés a depuis dû être hospitalisé, « a pété les plombs »
- un autre mineur va mal... deux des quatre ont pour le moment « disparus »
- on attend impatiemment des nouvelles, des précisions et des explications de la part de l'Administration

Au 31 octobre... et tandis que nos fonctionnaires et les élus de Saône et Loire allaient profiter tranquillement de leurs chaussons, de leurs repos ou de voyages pour ce week-end de trois jours, une autre gamine « traumatisée » sortait du bois pour prendre la défense de ce LVA. Voir la seconde vidéo, plus bas, envoyée sur Facebook. #Frontenaud « le seul problème, c'est que la structure est fermée », « les ados, ils font quoi, ils sont où ? » #ASE #educspé

Arrive le mois de novembre 2019, et les 30 ans de la CIDE... Vu chez Mediapart, dans des commentaires, haha ha : « EH, PLENEL, C'EST UN IMMIGRE QUI S'OCCUPE D'IMMIGRES ! Ca ne t'intéresse toujours pas ? Bouge-toi ! »

Ce 2 novembre... Quelque chose infuse, ou nous avons déjà tourné la page, et nous ne reparlerons plus de ce « sauvetage » en Saône-et-Loire. Sur Twitter, les gens discutent plus volontiers de restaurer une oeuvre commémorative, un graffiti de C215 ou de @christianguemy qui a été recouverte d'un tag. « Il faut avoir compris, et ne pas avoir déjà tout oublié ! » J'ai le sentiment qu'on ne voudra plus entendre ni lire que les frères Kouachi, auteurs des attentats de janvier 2015, avaient eux-même été longuement « aidés » par la DDASS. Avec le résultat #Charlie que l'on connait. S'il se passe encore quelque chose de grave dans 5 à 10 ans, on en dira sans gène : « n'a pas su tirer profit du dispositif. » Précision... « "dans n'a pas su", il y l'imputation d'une responsabilité ou d'une incapacité à l'enfant, c'est ce que je voulais écrire. "N'a pas su tirer profit", "n'a pas su se saisir de ce que nous apportions de si bon pour lui." »

Par mail, on m'a envoyé : « Il y a 38 ans que la SDDASS ne s'occupe plus de la protection de l'Enfance. Parlez plutôt d'ASE. » En 1977, Jacques Donzelot publiait La police des familles. Entre 2003 et 2015, l'ASE ou la protection de l'enfance pouvait encore travailler de la même façon. Environ 38 ans s'étaient écoulés. Je n'hésite donc pas à parler encore de la DDASS - un pan glauque de la protection de l'enfance, ceux qui ne travaillent pas comme on l'espérerait.

Puis plus tard, par hasard, et en fouillant, je fouille tout le temps, j'ai retrouvé un son qui semble avoir été supprimé de Youtube comme d'ailleurs, certainement un morceau de @Rhumantik, encore sur la protection de l'enfance. « j'pense aux familles que l'on soulève... l'injustice ne fait jamais grève... trop de calomnies, y a trop de foutaises... trop d'abus de faiblesse... insensible et souvent insensé... l'Aide Sociale à l'Enfance n'est pas douée, ils prétendent protéger, mais ils ne font que bafouer, je suis désolé, je suis navré ; les responsables diront que c'est pas vrai ». Mais certaines paroles sont un peu à la marge, c'est peut-être la raison pour laquelle le titre n'est plus tant sur Internet :

Du 3 novembre... Sur Facebook, la vidéo de la fille de Jean-Claude Rossi, le boss du LVA, n'a pas inspiré les conspirationnistes ni les plus insensés ; pour le moment, elle ne cumule que moins de 1500 vues. Dans les commentaires, j'y remarque une discussion sur le principe de précaution. Extrait : « Imaginons que cette plainte touche une maison réellement victime de violence, la fermer et placer les adolescents hors de cette endroit serrait la meilleure des choses à faire. Ce scénario ne s’applique pas à vous c’est sur, mais jusqu’à preuve du contraire aux yeux de la justice, elle essaie de protéger les enfants comme elle peu et sa façon de faire et de retirer les enfants. » Réponse, l'essentiel, toujours de ces échanges sur Facebook  « Le problème ici étant que l'aide sociale à l'enfance ne fait pas de suivi ni de contrôle dans les structures. Ils ne prennent pas le temps de faire leur travail et cela mène à des réactions d'urgence, non pas dans le but de sauver des enfants, mais dans l'unique but de couvrir le fait qu'il ne connaissent pas les établissements avec qui ils travaillent depuis tant d'années. Si l'ASE prenait le temps de vérifier les lieux dans lesquels ils placent les enfants, cela ne devrait pas se produire. Les structures telles que celle de mon père sont totalement ouvertes aux visites du Département, visites qui sont très rares voire inexistantes : nous n'en n'avons eu que quelques une en 30 ans d'activité, avec d'ailleurs des retours extrêmement positifs. De plus ces situations d'urgences totalement désorganisées sont un énorme choc pour les jeunes qui sont encore baladés sans suivi et sans soutien. Ils ne comprennent une fois de plus pas ce qu'il se passe et ils sont terrifiés de ne pas savoir où ils vont. Je répète que l'une des adolescente est actuellement placée chez son patron d'apprentissage qui n'est absolument pas habilité à accueillir des jeunes en difficulté... On a encore ici un cas de maltraitance du service de l'Aide Sociale à l'Enfance qui trimballe les jeunes dans le seul but de se débarrasser d'un potentiel problème sans aucune vérification derrière. Les jeunes sont à nouveau absolument pas entendus, et subissent les bavures du département. »

« Des faits très graves » #Frontenaud mais dans les journaux, je ne trouve toujours pas de communiqué du procureur à l'issue des gardes à vues et des auditions des mineurs... Demain, peut-être ?

Edit du 5 novembre… On me confirme qu’il n’y a eu ni la moindre audition ni aucune garde à vue depuis ce « sauvetage » calamiteux, le mois passé. Tout a donc été bâclé par l’Administration, en amont comme en aval. Deux mineurs vont mal et il n’y aurait même pas de solution pour l’une des quatre… Il devrait y avoir quantité de croustillant dans cette histoire, dont de la subordination de témoins, un délit pénal ; en effet, Jean-Claude ROSSI aurait été destinataire par erreur d’un mail de l’Administration, un courriel qui peut faire penser que tout le monde à l’ASE a été intimé de se taire. L'Omerta Française ou la loi du silence, juste un mythe. #Frontenaud est maintenant un travail pour les #journalistes s'il en existe encore dans ce pays ; « des faits très graves, nous a dit @saoneetloire ! »

Edit du 6 novembre... Trouvé dans le Journal de Saône-et-Loire, secteur de Louhans, dans un article du 5 janvier 2017 titré « Internet : pour le meilleur et pour le pire », parmi les mises en garde du lieutenant Benoit Marichez, commandant de la communauté de brigades de Louhans, et le gendarme Magali Goeppel, correspondant nouvelles technologies à la brigade de Beaurepaire : « ne crois pas tout ce que tu peux lire sur Internet ».

Edit du 7 novembre... Le billet de blog sur Mediapart par Bernard Bigenwald, ancien cadre de l'ASE, retraité, a été « dépublié ». « Ce billet a été dépublié par la rédaction de Mediapart car il ne respecte pas la Charte de participation. » Censuré par @edwyplenel et sa Mediacharte, c'est évidemment normal. « Du Poutine en Bresse ! », écrivait Bernard Bigenwald, mais c'était très excessif ; @gendarmerie n'avait ni utilisé les LBD, ni la lacrymo... Un billet du Club pour le moment volatilisé ; il existe cependant encore d'autres choses, sur Facebook, mais par des jeunes majeurs et une mineure, par des gens qui ont connu ou vécu dans ce LVA ; par une mineure au moins, donc je ne le relaye pas ici ; je préfère attendre que des adultes nous en ajoutent un jour. Les plus intrigués ont vu, trouveront... ou devront patienter.

Du 7 novembre au soir... Je trouvais qu'il y a de grandes similitudes entre #Frontenaud et ce que font habituellement et historiquement les #educspé ou l'ASE. Lettre anonyme vs appel anonyme... Repéré via Facebook et via La Dépèche, très certainement un point de vue de Maître Michel Amas : « Les services sociaux avaient l'intention d'ouvrir une mesure d'investigation concernant une fillette de 7 ans sur la base d'une dénonciation anonyme. Mais les services sociaux ne sont pas allés voir l'école. Ils n'ont pas entendu les parents. Nous sommes venus avec des certificats médicaux montrant que la petite se porte bien, que c'est une enfant équilibrée, brillante à l'école, et des attestations disant que les parents, certes séparés, étaient des gens bien… J'ai été obligé de dire à la juge que c'était Pinder son audience. Et bien sûr, la procédure a été immédiatement arrêtée. » Ce journal ajoutait : « a failli radicalement changer la vie d'une jeune Ariégeoise de 7 ans ... Finalement, ce qui avait été estimé comme une `'information inquiétante" par les services sociaux a été considéré comme nul et non avenu, hier, par la juge des enfants. Mais pour Me Amas, l'avocat de la fillette et de sa mère, ça rend d'autant plus urgent une évolution de la loi. »

Ce 8 novembre au soir... Un autre week-end de trois jours, peinard, et une nouvelle vidéo, par France 3. Le parquet de Chalons a affirmé qu'il investigue, le département a pour sa part pris ses précautions, « surtout pas de scandale. » Malgré tout ce temps, des semaines et plus depuis la lettre anonyme, et puis beaucoup de temps depuis le 12 octobre dernier, un échange entre la gendarmerie et le procureur et puis avec les services de l'ASE, on ne nous explique toujours pas ce qui serait à ce point « grave » ou « très préoccupant ». « Cette fois-ci, ce n'est pas du tout nous, l'origine, c'est la gendarmerie nationale ! » ajoute pour France 3 le département de Saône-et-Loire. Où sont passés depuis les mineurs raflés, et comment vont-ils, on ne le sait toujours pas non plus. « Des fais très grave », nous dit-on avec aplomb de derrière un bureau avec un stylo à la main, mais ce n'est peut-être rien que l'habituel nuage de fumée que répand l'ASE dans ce genre de circonstances ; circonstances dans lesquelles il faut motiver, justifier, convaincre la populace, et couvrir tout le monde du côté Administration ou Autorités. Ca va encore feuilletonner un peu maintenant. En effet, avec cette vidéo, nous apprenons aussi que ce 19 novembre, le tribunal administratif examinera un recours du LVA, probablement un référé. France 3 nous présente également quelques avis de professionnels ainsi que des points de vues et la page Facebook des jeunes qui étaient accueillis dans ce centre équestre.

France 3 a mis à jour son article du 28 octobre, y ajoutant la vidéo qui suit. « Le procureur de Chalon confirme qu'une enquête est en cours sur la base d'un signalement anonyme et de la déposition aux gendarmes d'une jeune fille qui avait fugué du lieu de vie. Dans l'enregistrement d'un coup de fil de cette dernière à une amie, authentifié par huissier, la jeune fugueuse affirme qu'elle n'a jamais été maltraitée aux Bruyères. Elle poursuit : "j'ai juste dit ce qui n'allait pas pour moi et je suis vraiment désolée que le lieu de vie ait fermé." » « Nous avons contacté une douzaine de personnes qui connaissent le fonctionnement de cette structure. Aucune n'accrédite les soupçons du Conseil Départemental. L'enseignant, qui fait classe aux Bruyères, trouve également la situation ubuesque. »

Puis par téléphone... Jean-Claude Rossi m'a confirmé qu'il ne sait toujours pas ce qui lui est reproché ou ce qui motive cette fermeture temporaire de son établissement et ces investigations par le parquet. Ce qui me fait évidemment repenser aux fichés S et aux terroristes, aux assignations à résidence, des arrêtés toujours contestables en justice, mais sans que le dossier des Renseignements ou du ministère de l'Intérieur ne puisse être consulté ni donc critiqué efficacement... Il ne m'a pourtant pas l'air si radicalisé que cela, ce monsieur, bien au contraire ; par contre, il me semble qu'il milite et dérange un peu, en tant que Président de l'Union Nationale des Artisans de la Protection Sociale... « L’UNAPS est née en fin d’année 2017 avec la volonté d’informer et d’accompagner les porteurs de projets et les gestionnaires de trois types de structures d’accueil sociales ou médico-sociales : les lieux de vie et d’accueil (LVA), les structures expérimentales et celles organisant des séjours de rupture pour jeunes et adultes en difficulté. »

La totalité, Volume 6, La totalité réalisée : l'histoire, par Christian Godin

Du 12 novembre au soir... Il y a une énorme et nouvelle anomalie encore, dans cette même histoire. Le département de Saône-et-Loire a « eu des contacts avec chaque Département et une information nationale a été faite », selon un email de Bonnet Alice, Directrice. Ca a plein de sens, des professionnels de partout et même de Suisse étaient et seraient ou seront encore suceptibles de travailler avec Jean-Claude Rossi ; cependant, si les faits non dévoilés par la Saône-et-Loire n'étaient finalement pas si graves que cela, s'ils étaient simplement très discutables puis finalement non avérés, s'il ne s'agissait que de vent ou de gros mensonges, l'email de Mme Bonnet du 1er novembre tendrait juste à confirmer qu'il y a eu pressions ainsi que diffamation non publique à l'échelle nationale, et dont le contenu exact nous est inconnu. Mais diffuser telles infos à l'échelle nationale, ça a tout plein de sens. Il existe des LVA et des services sociaux et de la PJJ sur tout le territoire ; mieux vaut bien les informer tous, que rien de tel et de si terrible ne se reproduise un jour. Curieusement, l'AFP que j'ai appelé ce jour n'était au courant de rien du tout. Ce sont plutôt ces derniers, les journaliste de l'AFP et leurs brèves qui auraient la capacité d'informer toutes les rédactions des journaux du pays. D'ici très peu, le journal de Saône-et-Loire devrait publier un nouvel article.

En attendant, je me suis abonné au JSL, pour les lire et lire ce qui paraitra encore demain. Je découvre leur article du 24 octobre. Et je comprend mieux la journaliste avec laquelle j'avais pu discuter, nous n'étions pas du tout sur la même longueur d'onde, le Département avait bien motivé son intervention, sa précipitation, la brutalité... Si j'ai été mal informé, ce n'est pas de mon fait, France 3 ne nous en aura pas dit assez et l'AFP était restée tout à fait silencieuse

Le JSL, 24 oct. 2019 à 22:33 | mis à jour à 07:52, extrait

Le JSL édition de Bresse, 13 novembre 2019