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« Cheval pour tous », quelle leçon pour la profession ?
Publication n° 616 du 4 avril 2002
Lien Social. Thèmes : Délinquance.
Procès Supéri : quelle leçon pour la profession ?
Les médias avaient assuré à l’ex-directeur de Cheval pour Tous une couverture importante du temps de sa splendeur. Juste retour des choses, pour son procès aux assises, la presse était aussi au rendez-vous. Mais derrière le « super éducateur » violeur d’adolescents, se cache un autre scandale : l’incapacité d’un dispositif à répondre aux souffrances des jeunes les plus en difficulté
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2004-2005
Projet de loi de finances pour 2005 : Justice - Protection judiciaire de la jeunesse
Avis n° 79 (2004-2005) de M. Nicolas ALFONSI, fait au nom de la commission des lois, déposé le 25 novembre 2004, extraits
III. UNE RIGUEUR NOUVELLE POUR L'ADMINISTRATION DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE
A. LE DÉVELOPPEMENT DE L'ÉVALUATION
B. LE RENFORCEMENT DE L'ENCADREMENT ET DES CAPACITÉS DE PILOTAGE
C. UN CONTRÔLE DU SECTEUR ASSOCIATIF HABILITÉ ENCORE INSUFFISANT
Le contrôle du secteur associatif habilité est un enjeu majeur, or la faiblesse des effectifs des directions départementales ne permet pas de l'assurer correctement.
Actuellement, les seuls contrôles exercés le sont par les services déconcertés de l'Etat conjointement avec les services des conseils généraux lorsqu'ils contribuent au financement au moment de l'habilitation(21) et de son renouvellement tous les cinq ans, ainsi que chaque année à l'occasion de la tarification (fixation du prix de journée) et lors de la vérification des comptes administratifs. Ils sont essentiellement formels.
Les dérives constatées, notamment au centre éducatif fermé de Lusigny(22), mais aussi les cas de viols et de maltraitance au centre « Cheval pour tous » ou le décès d'un jeune lors d'un séjour de rupture en Zambie, doivent conduire à s'interroger sur leur pertinence.
En 2003, 36 contrôles pédagogiques et/ou financiers concernant 43 structures sur les 1.213 établissements et services gérés par 508 associations ont été effectués, ainsi que 6 inspections et l'évaluation des quatre premiers centres éducatifs fermés. Ces contrôles approfondis ponctuels sont le plus souvent provoqués par un incident ou une difficulté particulière.
Le rapport de la Cour des comptes de juin 2004 sur l'exécution de la loi de finances pour 2003 souligne que le contrôle des budgets du secteur privé habilité ou subventionné de la PJJ n'est pas assuré, malgré les efforts accomplis depuis le rapport de juillet 2003. La hausse de 20 % des dépenses entre 2000 et 2003 conduit la Cour à douter des « capacités des services de la PJJ pour assurer la tutelle de budgets souvent gérés par des associations ».
En 2005, il est prévu d'établir une méthodologie du contrôle et des cellules régionales de contrôle de gestion sont en cours de mise en place. En mars 2003 et mars 2004, l'administration centrale a réuni l'ensemble des attachés et une partie des cadres départementaux et régionaux pour des « journées financières ».
Deux victimes de l'ancien directeur de Cheval pour tous racontent la « trahison » de celui en qui ils avaient une « totale confiance »
Article paru dans l'édition du Monde du 10.03.02, extrait
Depuis qu'il est incarcéré, l'accusé a, semble-t-il, évolué. Il reconnaît désormais qu'il tenait ses victimes sous sa domination et qu'elles n'avaient aucun moyen d'échapper à sa contrainte. « Ils n'étaient pas culturellement et psychologiquement libres de choisir », admet-il.
PROCES
COUR D'ASSISES DU HAUT-RHIN 5e jour d'audience
Au procès Cheval pour tous, François Supéri se livre sans complaisance à ses juges
Article paru dans l'édition du Monde du 13.03.02, extrait
François Supéri sait aussi être offensif quand il s'estime attaqué injustement. Il ne supporte pas, par exemple, que l'on mette en cause l'action éducative menée auprès de ces jeunes pendant une dizaine d'années. « Il y a des gens qui ont été formés pour s'occuper de ces gamins, mais ils les ont jetés à la poubelle pour s'en débarrasser et la poubelle c'était moi », accuse-t-il. Décidément très fort, l'accusé use aussi de ses silences, toujours méticuleusement pesés. Quand une question l'embarrasse, il prend le temps de la réflexion, regarde droit devant lui, puis se lance : « J'étais un salaud, quoi ! » Ou encore : « C'était un jeu, un jeu pervers. » De nouveau, il parvient à intéresser le prétoire. « Calculs », « manipulation », dénoncent, à bout d'arguments, les avocats des parties civiles, visiblement ennuyés par sa capacité à toujours se rendre maître du jeu judiciaire.
Au procès Cheval pour tous, le service public éducatif mis en cause
Article paru dans l'édition du Monde du 09.03.02, extraits
Tour à tour, lors de la 3e journée d'audience de François Supéri, Jean-Pierre Rozencsveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny, et Henri Lachmann, PDG de Schneider et ex-président du conseil d'administration de l'association, ont dénoncé l'absence de structures officielles d'accueil pour jeunes délinquants
... Impossible de comprendre François Supéri sans connaître Cheval pour tous. La cour d'assises du Haut-Rhin en sait quelque chose, qui a consacré près de deux journées d'audience à décortiquer le fonctionnement de ce lieu de vie où étaient accueillis des jeunes mineurs délinquants. Jusqu'à son interpellation, en mars 1999, François Supéri, 42 ans, qui doit répondre de viols et d'agressions sexuelles à l'encontre de sept anciens pensionnaires de cette association, en a été le directeur.
Ceux qui l'ont connu à cette époque le présentent comme un être tout-puissant et charismatique. D'autres lui reprochent d'avoir parfois usé de violences verbales ou physiques pour contraindre les jeunes qu'il avait sous sa responsabilité à respecter des règles que jusque-là ils avaient bafouées.
... Jeudi 7 mars, au troisième jour des débats, Jean-Pierre Rozenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny (Seine-Saint-Denis) est venu donner à la cour sa propre vision de cette structure « atypique » qui a eu le mérite selon lui d'accueillir des jeunes en grande difficulté rejetés de toute part. Une structure qu'il connaissait bien pour en avoir été, dans les dernières années, le conseiller technique et dont il approuvait, pour l'essentiel, le projet pédagogique. S'il a accepté de s'impliquer dans l'aventure, c'était, dit-il, parce qu'il fallait que l'association abandonne son aspect « écolo baba cool » pour aller vers une véritable « professionnalisation ». Selon lui, cette évolution devait se faire en préservant ce qui faisait l'originalité de Cheval pour tous : un lieu où « des adultes partagent un moment de vie avec ces gamins » dont plus personne ne voulait et qui avaient besoin « qu'on s'oppose à eux ».
A en croire le magistrat, le pari était en passe d'être gagné quand François Supéri a été interpellé. « L'association devait rentrer sur les rails, elle devait accepter d'être contrôlée au niveau budgétaire et pédagogique, des professionnels avaient commencé à être recrutés, indique-t-il. Je dois dire qu'à chaque fois que nous avons demandé à M. Supéri de franchir une étape supplémentaire vers la professionnalisation, il a accepté. Sans doute pressentait-il que son passé allait lui remonter à la figure. » « Nous étions en train de faire ce que l'administration aurait dû elle-même faire », poursuit-il, en soutenant que les services du ministère de la justice n'étaient alors « pas en état d'apporter une réponse » à la prise en charge de ces jeunes délinquants, dont il évalue le nombre entre 1 000 à 1 500 en France. Certains, au sein de cette administration, auraient « résisté », pour des raisons idéologiques, au développement de ces lieux de vie où le principe était de « contraindre le jeune à faire des choses » et non pas « lui laisser le choix ».
... Evoquant la personnalité de François Supéri, dont l'enfance chaotique ressemble par certains points à celle des mineurs dont il a eu la charge, le magistrat soutient que « ce sont souvent les gens en grande difficulté qui vont permettre à d'autres de se restructurer ». La présidente de la cour d'assises, Dominique Brodard, qui depuis le début du procès semble s'échiner à dresser de l'accusé un portrait des plus noirs, comme si les faits qui lui sont reprochés n'étaient pas suffisamment graves, intervient : « Est-ce que d'avoir vécu la même situation suffit à soi seul à justifier que l'on confie des enfants extrêmement difficiles à un amateur ? »
Jean-Pierre Rozenczveig ne se laisse pas démonter et lance une réponse cinglante en forme de question : « Où étaient les professionnels ? »
COUR D'ASSISES DU HAUT-RHIN
7e jour d'audience
Plaidoyer d'un psychiatre pour la réhabilitation de François Supéri
Article paru dans l'édition du Monde du 15.03.02, extraits
Au procès Cheval pour tous, le docteur Brunner fustige les institutions en charge des mineurs délinquants
... « La fonction des intellectuels n'est pas de crier avec les loups, je ne suis pas une star de la télé », justifie-t-il, en réponse à une question d'une avocate de la partie civile qui s'étonne de ses prises de position iconoclastes.
... Pour M. Brunner, l'évolution psychologique de François Supéri, entreprise depuis son incarcération, l'a mené de la dénégation totale des faits à la reconnaissance sans réserve de sa responsabilité. A l'homme tout-puissant, pesant son quintal et dirigeant d'une main de fer la structure qu'il avait créée, s'est substitué un autre homme qui « pour la première fois de sa vie s'occupe de son corps » et « commence à aimer ce qui est fin ».
... Sans se défaire de son ton offensif, Henri Brunner critique sévèrement les institutions en charge des mineurs délinquants. « L'accusé a fait l'objet d'une instrumentalisation, soutient-il. On lui confiait ceux dont personne ne voulait. Les autorités de tutelle ont manqué à tous leurs devoirs alors qu'elles étaient dotées d'une armée tentaculaire qui comptait les crayons et les gommes. Il est clair qu'elles ont fermé les yeux. Il n'y avait pas de pédagogie à Cheval pour tous. Le centre fonctionnait comme une phalange fasciste avec un führer qui s'occupait du désir des autres. François Supéri a été chargé de nettoyer les écuries d'Augias alors il s'est pris pour Hercule et forcément, après, on a crié haro sur le baudet. »
... Une fois de plus, le psychiatre en profite pour asséner ses convictions. « Le sens véritable du procès, c'est la réhabilitation d'un sujet qui en ayant payé sa faute vis-à-vis de la société doit pouvoir la réintégrer », indique-t-il. Me Aline Vaissier-Catarame, avocate de l'association Enfance majuscule, réagit vivement : « Le procès pénal ne doit-il pas aussi servir à la réparation du préjudice des victimes ? » « Il est clair que je ne me situe pas dans le discours dominant, celui de la civilisation du pénal, rétorque l'expert. Si le procès devait avoir pour unique but la réhabilitation des victimes, on court-circuiterait une fonction essentielle de la cohésion sociale : c'est la société qui fait un procès et non pas les victimes, même si elles y ont évidemment leur place. »
PEDOPHILIE
Au procès Cheval pour tous, le service public éducatif mis en cause
INSTANTANE LE VIBRANT PLAIDOYER DU PDG DE SCHNEIDER
Article paru dans l'édition du Monde du 09.03.02, extraits
Entre François Supéri, l'autodidacte qui avait créé dans les montagnes des Vosges un lieu d'accueil pour jeunes délinquants et Henri Lachmann, le PDG de Schneider, l'un des plus grands groupes industriels français, l'improbable rencontre a eu lieu. « Je l'ai vu un dimanche après-midi à la télévision, j'ai été séduit parce qu'il faisait et j'ai souhaité le rencontrer », se souvient le chef d'entreprise, entendu comme témoin, jeudi 7 mars, par la cour d'assises du Haut-Rhin.
... « Depuis qu'il est incarcéré, il a beaucoup évolué, soutient-il. Il se reproche ce qu'il a fait en position d'autorité sur les enfants. Il s'en veut vis-à-vis de sa famille et il a décidé dorénavant de vivre son homosexualité. »
Mais, c'est surtout les services du ministère de la justice que le chef d'entreprise est venu dénoncer à la barre. « La Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) n'a pas fait ce qu'elle devait faire, lance-t-il. Elle a laissé l'association en dehors de tout contrôle alors que de l'argent public y a été investi. Elle ne mérite pas son appellation parce qu'elle devait protéger les jeunes et qu'elle n'a pas tenu ses promesses. Elle est donc en partie responsable de ce qui est arrivé, notamment l'anarchie et le laisser-aller qu'elle a laissé s'installer. »
Ces enfants qu'il faut grandir
de François Superi
TF1 Editions, 1998
NouvelObs n° 2016 du 26 juin 2003, extrait
Une réponse à la délinquance des mineurs ?
Centres fermés : le syndrome de Sainte-Eulalie
Dispositif vedette de la politique de sécurité à l’égard des jeunes, les « CEF », à peine nés, montrent déjà leurs limites. Et leurs ambiguïtés
Abdelkader ne le sait sans doute pas, mais il est en train de rendre zinzins les cadres de la chancellerie. En quelques jours et deux fugues, il a mis en l’'air, outre son avenir, le plan média que le gouvernement croyait avoir soigneusement ficelé. On allait voir ce qu'’on allait voir. Fini le laxisme et l’impunité, terminé le bon temps pour les délinquants et l’'insécurité pour les braves gens. Le tandem Sarkozy-Perben allait reprendre le dessus. On savait ce qu’'il fallait faire : ne plus expliquer, ne plus excuser, mais montrer de la fermeté. Enfermer les mineurs multirécidivistes, voilà qui les calmerait à coup sûr. Et les ronchons habituels, travailleurs sociaux et autres « droits-de-l’hommistes », feraient bientôt sourire par l'’indigence de leurs polémiques. Mais à peine quelques semaines après l’ouverture officielle des centres éducatifs fermés (CEF), la morgue n'’est plus de mise. Place au profil bas et à la modestie. « C'’est le principe même de l’expérimentation que de révéler des imperfections et des erreurs d’appréciation. Nous allons ajuster », dit-on à la chancellerie.
A peine trois centres ouverts – sur la dizaine prévue pour l’'année 2003 – et déjà des problèmes en cascade : outre les fugues d’Abdelkader et d’autres jeunes à Sainte-Eulalie près de Bordeaux et à Valence, le mois de mai a aussi été celui de la mise en examen de Roland Ducout, responsable du premier CEF ouvert en France, pour viol sur une de ses salariées, agression qu’'il nie, dénonçant une « cabale » orchestrée contre lui par les opposants aux CEF. Les deux histoires n’ont aucun rapport. L'’une concerne le cours « normal » mais périlleux du quotidien avec les mineurs difficiles ; l’autre est une affaire privée mettant en cause une personne chargée d'’encadrer des délinquantes. Mais elles posent des questions sur la méthode et l'’encadrement choisis par la chancellerie pour mettre en œoeuvre son projet phare.
Justice. L’ancien éducateur a été reconnu coupable,
avant-hier, de plusieurs viols et d’agressions sexuelles.
L'Humanité, 16 mars 2002, extraits
Après cinq heures de délibérés, les jurés de la cour d’assises de Colmar (Bas-Rhin) ont condamné, avant-hier soir, François Supéri à douze ans de réclusion criminelle assortie de l’obligation, une fois libéré, d’un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins durant cinq ans. Ainsi qu’à l’interdiction définitive d’une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec un mineur.
... Après l’énoncé du verdict, l’accusé, portant la main sur son cour, s’est tourné vers ses avocats, soulagés et satisfaits, comme lui, par le quantum définitif de cette peine, la défense précisant immédiatement qu’elle ne ferait pas appel. Le matin même, l’avocat général avait, en effet, réclamé à la fin de ses réquisitions seize ans de réclusion.
... Peu avare de références, le représentant du ministère public s’est attaché à peindre le portrait de l’ex-directeur, "un José Bové de la jeunesse délinquante qui a succombé à ses penchants pervers". Avec Cheval pour tous, l’homme à la robe rouge s’emporte, certifiant que "les ethnologues n’avaient plus besoin d’aller examiner les Inuit ou les Esquimaux: il y avait dans les Vosges une tribu expérimentale, sorte de Fort Alamo avec des chevaux". Dans sa ferme nichée dans la montagne de Climont, François Supéri, entouré de sa "meute incestueuse de favoris", a acquis une reconnaissance, pour une partie institutionnelle et sans nuance médiatique, qui le rend intouchable. Et l’avocat général de rappeler qu’aucun des jeunes n’a jamais été homosexuel, qu’il n’y avait aucune liberté de choix dans ce "harem". "Par son comportement alcoolique, débridé, son appétit sexuel, Supéri a tout gâché. C’est triste à en pleurer."
Un gâchis également relevé par l’avocat de la défense, Thierry Moser. Car "au départ, François est un homme de cour qui réalise une démarche honnête". Au pourquoi du "dérapage" de l’éducateur "fragile et vulnérable", le conseil tente d’accumuler des éléments d’explication: "L’enfance brisée et volée" de son client, "le groupe qui vit à part avec la carence affective de Supéri et des jeunes qui se considèrent comme des béquilles réciproques". Il y ajoute "l’attitude hypocrite de la chancellerie qui d’un côté cautionne Supéri et de l’autre ne le reconnaît pas officiellement", fustige cette "administration qui se livre à une expérimentation".
SAINT-VENANT, Pas-de-Calais (AP), 20 juillet 2006, extrait - Près de quatre ans après leur création, le ministre de la Justice Pascal Clément a jugé "très positif" le bilan des centres éducatifs fermés (CEF). En visite jeudi matin à Saint-Venant (Pas-de-Calais), dans l'un des derniers des 17 établissements ouverts à ce jour, le garde des Sceaux a promis vingt centres de ce type de plus l'an prochain en France. Il s'est félicité que "plus de la moitié des jeunes sortant de ces structures ne récidivent pas, contre 1 sur 50 avant".
DIJON (AFP), le 24 juillet 2006 - Le directeur et trois hommes encadrant des jeunes au centre "Défense deuxième chance" d'Etang-sur-Arroux (Saône-et-Loire) ont été licenciés à la suite d'un stage de cohésion qui s'est transformé en entraînement militaire, a-t-on appris lundi auprès de leur tutelle.
La gendarmerie a été saisie et une enquête est en cours.
Le dispositif "Défense deuxième chance" a pour vocation d'aider les jeunes à retrouver le chemin de l'emploi, en leur apportant des règles de vie en commun, un socle de connaissances scolaires de base ainsi qu'une formation à un métier.
Deux cadres, des anciens militaires, auraient fait faire aux jeunes des exercices tels des simulations de commandos, des prises et libérations d'otages, des entraînements d'auto-défense, en totale contradiction avec les valeurs des centres "Défense 2e chance".
C'est un professeur qui a signalé ces comportements au ministère de la Défense début juin, à la suite de ce stage qui a duré une dizaine de jours.
D'après l'enquête interne diligentée, un cadre chargé de la logistique et le directeur du centre étaient au courant de ces faits et ne les avaient pas dénoncés.
Avec les deux premiers cadres, ils ont tout d'abord été suspendus de leurs fonctions avant d'être licenciés il y a une dizaine de jours. Un nouveau directeur par intérim a été nommé.
Vingt-deux personnes au total sont employées en tant que contractuels dans ce centre, qui accueille actuellement une trentaine de jeunes, a précisé l'Etablissement public d'insertion de la défense, en charge du dispositif.
Le centre est situé au lycée forestier de Velet et présente la particularité d'être tourné vers l'agriculture. Six centres sont déjà ouverts à ce jour et l'ouverture d'une vingtaine est planifiée avant la fin de l'année.
Care system 'fails young people'
BBC News, Thursday, 21 September 2006, excerpt
Most young people in local authority care are destined to end up in prison, homeless or working as prostitutes, a report by a think tank claims.
Of the 6,000 who leave care each year, 4,500 will have no qualifications and a fifth will be homeless, says the study by the Centre for Policy Studies.
Report author Harriet Sergeant said the system was failing young people and society and perpetuating an underclass.
The government admitted that more needs to be done despite recent improvements.
In 2005, 60,900 children were in care with most placed with foster parents or in children's homes.
Studie Acht Prozent der Bevölkerung
Die SPD entdeckt die "neue Unterschicht"
Viele Linke in der SPD meinen: Ex-Kanzler Schröder ist schuld an der Entwicklung.
abendblatt.de, 16. Oktober 2006
HAMBURG - Nach einer Studie der SPD-nahen Friedrich-Ebert-Stiftung gehören mittlerweile acht Prozent der Menschen in Deutschland zu einer neuen gesellschaftlichen Unterschicht. Der Bildungsgrad dieser Menschen sei überwiegend einfach, ihre berufliche Mobilität gering und ihr Aufstiegswillen nur wenig ausgeprägt, heißt es darin.
Die Studie soll laut "Bild am Sonntag" in die Debatte über das SPD-Grundsatzprogramm einfließen. ...
Ces jeunes dont les services sociaux ne savent plus quoi faire
LE MONDE | 05.08.08 | Extrait
Dans le jargon des travailleurs sociaux, on les appelle des "incasables". Des jeunes, en grande difficulté, face auxquels les institutions sociales, scolaires, médicales et judiciaires apparaissent dépassées. Des mineurs passant d'un dispositif à un autre, d'une structure d'accueil à un foyer, d'un service pédiatrique à un institut thérapeutique, sans jamais trouver de réponse efficace à leur souffrance.
PARIS (AFP), 9 septembre 2005 - La Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête administrative sur le cas d'un mineur poursuivi pour agression sexuelle, qui a récidivé après avoir été renvoyé chez lui faute de place dans un foyer, selon son avocat.
Elevé par sa mère, le jeune mineur de 15 ans, au parcours chaotique, avait été arrêté en juin 2004 après une tentative de viol sous la menace d'un couteau commis sur une fillette de 8 ans, dans une gare désaffectée à Paris 13e.
Mis en examen par le juge parisien Sandrine Chabaneix, il a été écroué à Fleury-Mérogis (Essonne) avant d'être placé au foyer d'action éducative Salomon de Caus, à Paris, où il a bénéficié d'un bon encadrement.
Mais à la suite d'une bagarre avec une jeune fille du foyer, il a été transféré vers un autre foyer d'action éducative, à Epinay (Seine-Saint-Denis), où il n'est resté que huit jours, faute de place, selon son avocat Me Laurent Barone.
En janvier 2005, le juge Chabaneix -faute de solution alternative, selon Me Barone- a renvoyé le jeune garçon au domicile de sa mère avec obligation de ne pas s'absenter sans l'autorisation d'un adulte.
Huit mois plus tard, il était arrêté pour le viol d'une jeune femme de 18 ans dans une forêt proche de Roissy. Mis en examen par un juge de Pontoise, il a été écroué vendredi à Fleury-Mérogis.
L'avocat du jeune garçon, qui s'était opposé à la sortie de son client, a dénoncé à l'AFP la responsabilité de l'administration qui a remis en liberté sans encadrement un jeune garçon psychologiquement fragile.
Certains experts psychologues et psychiatres qui l'ont examiné ont souligné son état "dangereux au plan criminologique" et mis en avant "la question de la récidive". La plupart recommandaient une prise en charge psychologique ou psychiatrique, l'un d'entre eux diagnostiquant "une pathologie psychotique".
"Il est inexact de dire que l'hébergement des mineurs délinquants n'est pas suffisant dans la région Ile-de-France, il y a toujours de la place", a assuré à l'AFP le directeur de la PJJ Michel Duvette.
Fin 2004, le taux d'occupation des foyers d'action éducative était de 80 %, a-t-il affirmé, sans être en mesure de préciser immédiatement la situation du foyer d'Epinay. M. Duvette a annoncé avoir diligenté une inspection de la PJJ sur cette affaire.
"L'hergement des mineurs délinquants est insuffisant par rapport à la demande depuis 5/6 ans, en particulier dans les Foyers d'action éducative", estime pour sa part Carlos Lopez, responsable île-de-France du SNPES-PJJ/FSU, majoritaire chez les éducateurs de la PJJ.
"Même si des places sont disponibles en théorie dans les foyers, cela ne résout pas automatiquement la question du placement du jeune", précise Roland Ceccotti, secrétaire national du syndicat.
"Il faut tenir compte de sa situation particulière et de celle des adolescents du foyer. Il peut y avoir des incompatibilités, par exemple dans ce cas si le foyer accueillait des jeunes filles victimes de violences sexuelles", a-t-il ajouté.
société
Barbarie en jupes courtes
Agression. Cinq mineures poursuivies dans l’Aisne pour « actes de torture ».
L'Humanité, édition du 2 août 2006
Cinq adolescentes de quatorze à dix-sept ans ont affligé à Élodie, seize ans, des actes qualifiés « de torture ou de barbarie » par la justice. L’agression s’est déroulée dans la nuit de vendredi à samedi dans un foyer éducatif à Saint-Quentin, dans l’Aisne, où l’ensemble des protagonistes ont été placées par un juge des enfants à la suite de problèmes familiaux.
La victime a été rouée de coups par trois d’entre elles en présence de deux complices, dont l’une faisait le guet, selon Valérie Foresti, substitut du procureur de Saint-Quentin. « Elles ont tenté de l’étrangler avec un fil électrique, lui ont entaillé divers endroits du bras avec des lames de rasoir, et sur le front avec une paire de ciseaux », détaille-t-elle. Toujours selon la substitut du procureur, les trois coupables présumées des faits ont ensuite versé du parfum, du déodorant en spray et de la mousse à raser sur les plaies de la victime, en l’obligeant à garder les yeux ouverts.
Ces actes violents n’ont pas été niés par les agresseuses, interpellées à la suite de l’intervention d’une surveillante de nuit. Élodie aurait proféré des insultes racistes à leur égard. Mais l’argument ne semble pas convaincre la substitut du procureur, qui estime que « ces jeunes filles sont très perturbées, manquent de repères et n’ont pas eu de cadre familial sécurisé ». Des éducateurs les décrivent comme de « fortes têtes, faisant régner la terreur dans l’établissement », selon Valérie Foresti.
Les cinq adolescentes ont été mises en examen pour « actes de torture ou de barbarie, aggravés par le fait qu’elles ont agi en réunion et ont utilisé plusieurs armes ». Quatre d’entre elles ont été placées sous contrôle judiciaire, dans d’autres foyers éducatifs.
Le dispositif Défense 2e chance ne tient pas ses promesses
Libé, mercredi 6 décembre 2006
Moins de mille jeunes sont actuellement accueillis dans les centres de Défense 2e chance. On est donc très loin des 10 000 promis pour la fin 2006 par la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie en 2005, lors du lancement de ce dispositif d'insertion des jeunes en difficulté. «Les onze centres ouverts représentent une capacité totale d'hébergement de 1 300 places et comptent aujourd'hui 976 volontaires», affirme l'Etablissement public d'insertion de la Défense (Epide) qui précise que «cinq centres [supplémentaires, ndlr] sont en cours d'incorporation». Le taux d'échec est élevé : sur 494 intégrés lors de la première vague de formation 215 ont décroché un emploi ou un contrat d'apprentissage. Le budget de fonctionnement de l'Epide s'est élevé à 5 millions d'euros en 2005 et à 37 millions en 2006.
6 commentaires
Cheval pour tous, sévices compris
Par Huret Marie, publié le 18/03/1999
François Superi, le très musclé patron du centre pour jeunes délinquants, est incarcéré pour viols, agressions sexuelles et mauvais traitements
François Superi ne terrorisera plus personne. Daniel, Manu ou Karim, de jeunes délinquants dits "incasables", se préparent à quitter la ferme du Climont, une maison blottie au creux des Vosges, pour être relogés en lieu sûr. Loin de Superi, leur éducateur, leur mentor, dans certains cas peut-être leur agresseur.
Le directeur de Cheval pour tous - une association dont les méthodes musclées sont en soi discutables (voir L'Express n° 2466) - a été mis en examen et incarcéré le 11 mars pour viols, agressions sexuelles et mauvais traitements sur mineurs. "Des faits isolés ou répétés dans le temps, entre 1992 et 1997", précise le procureur de Colmar, René Pech. Une dizaine d'anciens pensionnaires ont fait couler Superi, qui paraissait insubmersible: très médiatique, cet homme de 39 ans était soutenu par une trentaine de juges, qui lui confiaient les mineurs difficiles, et par une belle brochette de personnalités du monde politique, médical ou économique. Au conseil d'administration de Cheval pour tous figuraient, notamment, le président du tribunal pour enfants de Bobigny, Jean-Pierre Rosenczveig, mais aussi deux anciens ministres, Xavier Emmanuelli et Claude Evin, ainsi que le PDG de Schneider, Henri Lachmann. Ces hommes importants voulaient-ils comprendre "comment fonctionne le social et pourquoi il ne marche pas avec ces gamins-là", comme l'écrit Superi dans son livre Ces enfants qu'il faut grandir (TF 1 Editions)? Pourquoi ont-ils résisté si longtemps aux rumeurs?
Six plaintes avaient été déposées pour mauvais traitements et abus sexuels depuis 1987. Sans suite. "Tout le monde savait que Superi matait les petits durs", s'indigne aujourd'hui Jean-Pierre Cocco, l'éducateur qui avait publiquement dénoncé des "maltraitances" à la ferme, en octobre 1998. Mais la gestion hard des rapports de force flatte l'époque. Les méthodes de François Superi plaisaient à l'Aide sociale à l'enfance et aux juges, qui plaçaient chaque année une cinquantaine de jeunes à la ferme. "Si je découvre des maltraitances, confiait Jean-Pierre Rosenczveig à l'automne dernier, je lâcherai Superi." Et maintenant?
De source http://www.lexpress.fr/informations/cheval-pour-tous-sevices-compris_632989.html
Rééducation
Le dresseur de loubards
Par Huret Marie, publié le 08/10/1998
Extrait de source http://www.lexpress.fr/informations/le-dresseur-de-loubards_630566.html
L'éducateur musclé accusé d'abus sexuels. Et son association est controversée pour ses méthodes.
12 mars 1999 à 00:06
Par ARNAUD DidierSIMONNOT Dominique
D'habitude, les gendarmes viennent y raccompagner les mineurs récupérés après une fugue. Hier, c'est l'éducateur responsable de l'association Cheval pour tous, François Supéri, qu'ils sont venus cueillir dans cette ferme pilote du Climont, blottie au creux des Vosges, dans le Bas-Rhin. Après quatre semaines d'enquête, les gendarmes de la section de recherche de Strasbourg, accompagnés du procureur de Colmar, René Pech, ont débarqué tôt dans la matinée. François Supéri a été placé en garde à vue, à la suite du témoignage d'un jeune, aujourd'hui majeur, et de deux plaintes qui mettent en cause le directeur pour des abus sexuels commis de 1992 à 1997, impliquant une dizaine de mineurs, dont un de moins de quinze ans. Une information judiciaire devrait être ouverte aujourd'hui. «Pour les mineurs actuellement placés, aucune vérification n'a encore été faite», a précisé, hier après midi, le procureur de Colmar lors d'une conférence de presse. «C'est une affaire très complexe» , note une source proche de l'enquête. «Je crains que ce ne soit une affaire très grave», surenchérit-on à la Chancellerie.
Depuis la création, en 1992, de Cheval pour tous, d'autres mineurs avaient déjà porté plainte. Cinq au total. Pour des mauvais traitements et des abus sexuels. Toutes classées sans suite. A l'époque, un fonctionnaire du ministère de la Justice s'en expliquait:«Certains ont inventé des histoires pour pouvoir s'échapper de l'association.» Ces dossiers ont été rouverts à l'occasion de l'actuelle enquête judiciaire.
La suite: http://www.liberation.fr/societe/0101276585-l-educateur-muscle-accuse-d-abus-sexuels-et-son-association-est-controversee-pour-ses-methodes
L'ex-directeur de Cheval pour tous condamné pour escroquerie.
27 octobre 2000 à 05:51
L'ancien directeur de l'association de réinsertion de jeunes délinquants Cheval pour tous, François Supéri, a été condamné hier à deux ans de prison, dont un an ferme, pour abus de confiance et escroquerie par le tribunal correctionnel de Colmar. Supéri sera par ailleurs jugé devant les assises du Haut-Rhin en 2001 pour viols, agressions sexuelles et mauvais traitements sur les adolescents qui fréquentaient son établissement. Il est écroué depuis le 12 mars pour ces faits.
De source http://www.liberation.fr/societe/0101351499-l-ex-directeur-de-cheval-pour-tous-condamne-pour-escroquerie
Société
«J'avais placé Supéri sur un piédestal»
9 mars 2002 à 22:32
Extrait de source http://www.liberation.fr/societe/0101405706-j-avais-place-superisur-un-piedestal
Lire Libé pour le témoignage de deux ados.
Tu te souviens, #Twitter? :-)
Cheval pour tous, sévices compris http://t.co/OHmr4vSWX6 … pic.twitter.com/XKFzIcB2BB
#ASE #éducspé
— Bruno Kant (@bkant) 28 Février 2015