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« Il y a des voies de recours », soutiendra JPR ?
L’impensable… par Jean Pierre Leblanc
Février 2008, sur www.apjl.org
Groupe de recherche clinique du SAEMO de L’A.S.E.A 49
« J’ai écrit ce texte dans le cadre d’un groupe de recherche clinique dont je fais partie. Ce groupe s’est constitué au sein d’une institution dont l’objet est la protection de l’enfance (le service d’AEMO judiciaires d’Angers, de l’ASEA de Maine et Loire). Cet écrit est, parmi d’autres, une tentative de faire entendre en quoi la clinique et l’éthique analytiques peuvent permettre à des praticiens de s’orienter dans ces situations extrêmes qui sont souvent l’objet des interventions de ce type de service. Au-delà de sa dimension clinique, ce travail a donc aussi une visée politique. » - Jean-Pierre Leblanc
Notre groupe de recherche s’inscrit dans la logique des questions qui avaient surgi dans la suite du procès du réseau de pédophilie à Angers : certains enfants ont été abusés sexuellement et maltraités, alors qu’ils bénéficiaient d’une mesure d’Assistance Educative en Milieu Ouvert judiciaire. Pourtant, ces mesures apparaissent avoir été sérieusement conduites. Sans prétendre répondre de manière exhaustive aux questions qui ont pu se poser, nous avons voulu ainsi contribuer à leur exploration.
Dans ce groupe de travail, nous avons ainsi réexaminé des mesures d’A.E.M.O qui sont achevées. Ces mesures ont été choisies par ceux qui y intervenaient, parce qu’il subsistait pour eux une question forte, restée en suspens, une fois leur terme échu. Les situations d’Axelle, Julie, Martine, Flora (les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat) ont donc été jusqu’alors étudiées, chacune durant trois séances de deux heures.
Dans les deux premiers cas il s’agit d’abus sexuels graves (liés au « réseau de pédophilie » d’Angers), qui se sont révélés tardivement. Pour Axelle et Julie, nous découvrons ainsi plusieurs mois après le début de l’A.E.M.O, que ces enfants étaient abusées pendant l’exercice de la mesure, sans que cela ait été perçu par les intervenants et le service. Dans le cas de Martine, il s’agit d’une maltraitance grave (coups et sanctions sur un mode sadique), qui se découvre plus tard, selon la même configuration. Enfin la quatrième situation, celle de Flora, a été retenue dans notre groupe pour des raisons un peu différentes, car elle pose une autre question : bien qu’une maltraitance sérieuse a été repérée par le service et prise en compte par le juge des enfants, un jugement en appel de la décision de protection (placement à l’Aide Sociale à l’Enfance) prise par le juge annule cette mesure, et l’enfant reste alors à la garde de ceux qui étaient reconnus comme maltraitants. Loin d’une analyse statistique à partir de catégories établies à priori et quantifiables, nous avons opté pour une approche au « un par un », dans laquelle les outils d’analyse se forgent en s’ajustant à la singularité de la situation.
En revenant sur le travail conduit, nous avons voulu repérer de quelle manière, et pour quelles raisons, quelque chose n’aurait pas été éventuellement entendu, perçu et transmis par les intervenants durant le traitement de ces mesures, Si c’était le cas, nous avons voulu caractériser ce « quelque chose », pour en tirer enseignement, tant du point de vue du « cas » que de celui de notre manière de travailler. Chaque « situation » a fait ainsi l’objet d’un écrit qui relate l’analyse que nous en avons faite.
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