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BICC n°736 du 15 février 2011
Alliot-Marie soutenue timidement à droite, attaquée à gauche
publié le 16/02/2011 à 08:34, mis à jour le 16/02/2011 à 09:07, l'Express
L'UMP a exprimé mercredi un soutien très mesuré à Michèle Alliot-Marie tandis que le PS et le centre renouvelaient leurs attaques contre la ministre des Affaires étrangères après de nouvelles révélations sur ses vacances en Tunisie.
Les parents de la ministre ont confirmé mardi les informations du Canard enchaîné qui révèle qu'ils ont acheté, pendant les vacances avec leur fille fin 2010, une société civile immobilière à l'homme d'affaires tunisien Aziz Miled, présenté comme proche du régime Ben Ali.
On savait déjà que la ministre avait voyagé gratuitement deux fois à bord de son jet privé pendant ses congés.
Sur RTL, le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé a assuré qu'il n'avait pas lu l'hebdomadaire satirique.
"Je ne sais rien de cette affaire, je n'ai même pas lu l'article (...) je ne peux rien vous dire d'autre, je n'ai pas la capacité de réagir à chaud sur tous les sujets", a-t-il expliqué.
"La lassitude vient du sentiment de harcèlement. Pour nous tous, c'est lourd à vivre, parce que derrière tout ça, ce sont des attaques personnelles, des blessures", a-t-il ajouté.
Sur Canal+, Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée, a également expliqué qu'il venait de découvrir l'affaire dans la presse et ne souhaitait rien en dire, renvoyant aux explications de la ministre. "Elle s'est exprimée très largement, je n'ai pas à y revenir, je découvre les choses dans la presse ce matin", a-t-il déclaré.
Le Parti socialiste a renouvelé dès mardi soir ses appels à la démission. Le président du groupe PS à l'Assemblée Jean-Marc Ayrault a parlé mercredi "d'affaire d'Etat" sur France Info et appelé Michèle Alliot-Marie à s'expliquer.
Pour François Bayrou, l'affaire serait symptomatique d'un travers du pouvoir actuel, le "mélange perpétuel entre les affaires privées et la politique de la France". Les Français, a ajouté le président du Modem sur France 2, "n'en peuvent plus de ce qu'on découvre jour après jour, page après page, cet univers dans lequel on ne sait plus exactement quelles sont les règles".
Les parents de Michèle Alliot-Marie, qui possédaient déjà 13% de la société civile immobilière d'Aziz Miled ont finalisé le rachat total le 30 décembre, lors des vacances avec leur fille, pour un montant nominal de 755.000 dinars, soit 325.000 euros, écrit le Canard enchaîné, documents à l'appui.
Le prix effectif peut être plus élevé et on ignore ce qui a été exactement acheté. La ministre, qui présente Aziz Miled comme une victime du régime Ben Ali, a protesté, expliquant qu'on cherche à l'atteindre à travers ses parents nonagénaires. L'affaire, dit-elle, relève de leur vie privée.
Son père a publiquement pris sa défense mardi, indiquant qu'il avait lui-même choisi ce lieu de vacances et en avait profité pour finaliser un achat prévu de longue date. Il dit aussi avoir payé le séjour dans l'hôtel d'Aziz Miled, dont les factures n'ont toujours pas été produites à ce jour par la ministre ou sa famille.
Michèle Alliot-Marie est sur la sellette depuis ses déclarations très critiquées du 11 janvier à l'Assemblée nationale. Trois jours avant la chute de Zine ben Ali, elle avait suggéré que la France mette son savoir-faire en matière de maintien de l'ordre au service du régime tunisien.
On sait aujourd'hui que le 12 janvier, elle a donné son accord à l'exportation vers la Tunisie de grenades lacrymogènes, finalement stoppée par les douaniers à l'aéroport de Roissy le jour même où le président tunisien fuyait en Arabie saoudite.
Par Reuters