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« C'est donc de faim qu'il va s'agir... »
En réalité, ce sont souvent des ouvrages et même parfois des présentations et débats assez drôles. J'y perçois d'abord une forme de légèreté qui permettent ces lectures, ou rendent pareilles études et débats humainement accessibles.
Par Max Lafont... « Rien de nouveau sous le soleil. »
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12 commentaires
Commentaire de: bk [Membre]
Une banale circulaire du 4 décembre 1942, et non un décrêt. Tout le monde aura pu rectifier, à partir de l'extrait de Classer/Penser/Exclure inséré dans ce même billet. Il faut que je lise plus à ces sujets particuliers, la surmortalité dans des asiles, sous l'Occupation.
De source http://www.frenia-historiapsiquiatria.com/pdf/fasciculo%2011/SAMUEL_ODIER.pdf
De source http://www.frenia-historiapsiquiatria.com/pdf/fasciculo%2011/SAMUEL_ODIER.pdf
04.05.11 @ 14:06
Commentaire de: bk [Membre]
Isabelle von Bueltzingsloewen qui pourrait effectivement avoir du répondre à des argumentations et à des ouvrages tel que celui de Max Lafont est également suffisamment explicite: "À la lecture du dossier de Pauline D., retrouvé dans l’un des services de l’hôpital du Vinatier, nous comprenons combien est vaine notre prétention à travailler sereinement. La rigueur prendra le pas sur l’émotion mais devra cheminer avec elle.
[...] Nous savons également, parce que nous nous intéressons à l’évolution de la psychiatrie contemporaine et que nous avons noué de nombreux contacts dans l’institution, que le sujet que nous abordons a suscité des prises de position passionnées et des conflits qui ne peuvent être réduits à des querelles de personnes. Dans cet immense établissement psychiatrique où travaillent environ 3 000 personnes, le deuxième de France, la polémique gronde depuis plus de vingt ans. Elle resurgit périodiquement sans jamais complètement retomber.
[...] Dans ce processus, la parole des témoins occupe une place essentielle mais le travail de mémoire qui s’engage alors est porté par des représentants des générations suivantes, en particulier la plus jeune. En octobre 1981, un interne de l’hôpital du Vinatier, Max Lafont, présente devant l’université Claude Bernard (Lyon I) une thèse de doctorat en médecine intitulée Déterminisme sacrificiel et victimisation des malades mentaux. Enquête et réflexions au sujet de la mortalité liée aux privations dans les hôpitaux psychiatriques français pendant la période de la seconde guerre mondiale. Ce travail n’est pas l’œuvre d’un franc-tireur : Max Lafont bénéficie de soutiens...
[...] La vigoureuse controverse qui vient de naître se prolonge dans les années qui suivent. Le 8e colloque de la Société Internationale d’Histoire de la Psychiatrie et de la Psychanalyse qui se tient à l’hôpital psychiatrique de la Chartreuse à Dijon le 17 novembre 1990 sur le thème « La seconde guerre mondiale. Nuit et brouillard en psychiatrie ? » permet à Max Lafont de revenir sur le sens de sa démarche : « Avec un titre comme L’extermination douce il me semble n’avoir réussi qu’à réveiller la polémique […] C’est du moins l’impression qui ressort de certains commentaires m’attribuant le rôle de l’homme “par qui le scandale arrive” et à me compter parmi les détracteurs de la psychiatrie. Pour ma part, je pense seulement avoir fait la première étude un peu approfondie vis-à-vis d’un phénomène qui continuait à fonctionner comme une rumeur, alors que les paroles des témoins étaient répétées sans être entendues ou pire restaient l’objet d’un certain doute sceptique jusqu’à les accuser, eux, de n’être pas sérieux ». À Dijon, la génération des témoins est représentée par l’un des grands noms de la psychiatrie d’après guerre, Lucien Bonnafé, ancien résistant, communiste, qui a préfacé l’ouvrage de Max Lafont dans lequel il voit « une revanche sur quarante-six ans de censure »."
Isabelle von Bueltzingsloewen, « Les « aliénés » morts de faim dans les hopitaux psychiatriques français sous l'Occupation », Vingtième Siècle. Revue d'histoire 4/2002 (no 76), p. 99-115
URL : www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2002-4-page-99.htm
DOI : 10.3917/ving.076.0099
[...] Nous savons également, parce que nous nous intéressons à l’évolution de la psychiatrie contemporaine et que nous avons noué de nombreux contacts dans l’institution, que le sujet que nous abordons a suscité des prises de position passionnées et des conflits qui ne peuvent être réduits à des querelles de personnes. Dans cet immense établissement psychiatrique où travaillent environ 3 000 personnes, le deuxième de France, la polémique gronde depuis plus de vingt ans. Elle resurgit périodiquement sans jamais complètement retomber.
[...] Dans ce processus, la parole des témoins occupe une place essentielle mais le travail de mémoire qui s’engage alors est porté par des représentants des générations suivantes, en particulier la plus jeune. En octobre 1981, un interne de l’hôpital du Vinatier, Max Lafont, présente devant l’université Claude Bernard (Lyon I) une thèse de doctorat en médecine intitulée Déterminisme sacrificiel et victimisation des malades mentaux. Enquête et réflexions au sujet de la mortalité liée aux privations dans les hôpitaux psychiatriques français pendant la période de la seconde guerre mondiale. Ce travail n’est pas l’œuvre d’un franc-tireur : Max Lafont bénéficie de soutiens...
[...] La vigoureuse controverse qui vient de naître se prolonge dans les années qui suivent. Le 8e colloque de la Société Internationale d’Histoire de la Psychiatrie et de la Psychanalyse qui se tient à l’hôpital psychiatrique de la Chartreuse à Dijon le 17 novembre 1990 sur le thème « La seconde guerre mondiale. Nuit et brouillard en psychiatrie ? » permet à Max Lafont de revenir sur le sens de sa démarche : « Avec un titre comme L’extermination douce il me semble n’avoir réussi qu’à réveiller la polémique […] C’est du moins l’impression qui ressort de certains commentaires m’attribuant le rôle de l’homme “par qui le scandale arrive” et à me compter parmi les détracteurs de la psychiatrie. Pour ma part, je pense seulement avoir fait la première étude un peu approfondie vis-à-vis d’un phénomène qui continuait à fonctionner comme une rumeur, alors que les paroles des témoins étaient répétées sans être entendues ou pire restaient l’objet d’un certain doute sceptique jusqu’à les accuser, eux, de n’être pas sérieux ». À Dijon, la génération des témoins est représentée par l’un des grands noms de la psychiatrie d’après guerre, Lucien Bonnafé, ancien résistant, communiste, qui a préfacé l’ouvrage de Max Lafont dans lequel il voit « une revanche sur quarante-six ans de censure »."
Isabelle von Bueltzingsloewen, « Les « aliénés » morts de faim dans les hopitaux psychiatriques français sous l'Occupation », Vingtième Siècle. Revue d'histoire 4/2002 (no 76), p. 99-115
URL : www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2002-4-page-99.htm
DOI : 10.3917/ving.076.0099
04.05.11 @ 17:59
Commentaire de: bk [Membre]
Tiens, c'est un bouquin au contenu bizarre, une bonne pioche, cette revue de 2002... qui fait aussi écho à un autre pamphlet de militants, Les bagnes d'enfants, dieu merci, ça n'existe plus, par Jaques Fresco, ed. François Maspero, 1974. Ca fait également écho à certains travaux auxquels Katy Hazan, historienne, a contribué... ainsi qu'à certains témoignages de "survivants", de grands gaillards, des ados, ou de jeunes majeurs. Classer/Penser/Exclure...
Les cahiers des colons, pupilles ou élèves, selon une terminologie évolutive, disent la difficulté de l’enfermement. Ils sont aussi la trace d’une observation permanente du jeune par les éducateurs. L’observation en effet, surtout à partir des années 1940, par le croisement des recherches psychiatriques et sociologiques, s’est voulue une science, par une quête d’indices de tous les instants – le sommeil du jeune lui-même étant « observé ». Pourtant, cette expérimentation a mené souvent, dans la pratique, à une impasse : si l’observation était censée fournir au juge les éléments pour décider objectivement et en conscience de l’avenir des enfants, le nombre de places dans les établissements adéquats, réduit, n’a que rarement permis une application rigoureuse des décisions estimées les meilleures pour ces jeunes. Il n’en demeure pas moins que l’attrait pour la classification, à la faveur de l’anthropométrie et de la neuropsychiatrie notamment, a abouti, au moins jusqu’aux années 1960, au double enfermement des mineurs : dans des catégories sociopsychologiques figées d’une part, et dans des lieux clos aux fenêtres grillagées d’autre part.
« Images et sons », Vingtième Siècle. Revue d'histoire 4/2002 (no 76), p. 147-152
URL : www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2002-4-page-147.htm
DOI : 10.3917/ving.076.0147
Les cahiers des colons, pupilles ou élèves, selon une terminologie évolutive, disent la difficulté de l’enfermement. Ils sont aussi la trace d’une observation permanente du jeune par les éducateurs. L’observation en effet, surtout à partir des années 1940, par le croisement des recherches psychiatriques et sociologiques, s’est voulue une science, par une quête d’indices de tous les instants – le sommeil du jeune lui-même étant « observé ». Pourtant, cette expérimentation a mené souvent, dans la pratique, à une impasse : si l’observation était censée fournir au juge les éléments pour décider objectivement et en conscience de l’avenir des enfants, le nombre de places dans les établissements adéquats, réduit, n’a que rarement permis une application rigoureuse des décisions estimées les meilleures pour ces jeunes. Il n’en demeure pas moins que l’attrait pour la classification, à la faveur de l’anthropométrie et de la neuropsychiatrie notamment, a abouti, au moins jusqu’aux années 1960, au double enfermement des mineurs : dans des catégories sociopsychologiques figées d’une part, et dans des lieux clos aux fenêtres grillagées d’autre part.
« Images et sons », Vingtième Siècle. Revue d'histoire 4/2002 (no 76), p. 147-152
URL : www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2002-4-page-147.htm
DOI : 10.3917/ving.076.0147
05.05.11 @ 00:17
Commentaire de: bk [Membre]
Tiens, Buchenwald, encore... et Nuit et brouillard. Peut-on penser au décret NN?
Beaucoup moururent de faim ou de froid, et cela pendant les quatre années où l’ennemi vainqueur occupait notre sol et imposait sa loi. [...] Le cas français est à nouveau largement évoqué, en particulier à travers les interventions de M. Lafont et de L. Bonnafé. Plusieurs communications sont consacrées à la question de la responsabilité des psychiatres. L’une évoque ainsi l’itinéraire de Maurice Dide, psychiatre résistant mort à Buchenwald en mars 1944.
Beaucoup moururent de faim ou de froid, et cela pendant les quatre années où l’ennemi vainqueur occupait notre sol et imposait sa loi. [...] Le cas français est à nouveau largement évoqué, en particulier à travers les interventions de M. Lafont et de L. Bonnafé. Plusieurs communications sont consacrées à la question de la responsabilité des psychiatres. L’une évoque ainsi l’itinéraire de Maurice Dide, psychiatre résistant mort à Buchenwald en mars 1944.
05.05.11 @ 01:32
Commentaire de: bk [Membre]
Encore de Vingtième Siècle, Revue d'histoire 4/2002 (no 76), p. 99-115... c'est croustillant.
Notre premier objectif est de comprendre, dans le cadre d’une enquête approfondie s’appuyant sur un exemple monographique, dans quelles circonstances exactes près de 50 000 personnes sont mortes de faim dans les hôpitaux psychiatriques français sous l’Occupation. Rappeler que les aliénés n’ont pas été exterminés par un régime qui aurait mis en œuvre un programme systématique de mise à mort comparable à l’opération T 4 – et à celles qui ont suivi dans les frontières du Reich – ne sera sans doute pas inutile.
On sait en effet que le flou entretenu par certains articles de presse nourrit les extrémismes et les sectarismes en tout genre comme en témoigne la récupération du thème par l’Église de scientologie, engagée par le biais de la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme, créée en 1974, dans une entreprise agressive de disqualification de la psychiatrie. Reste que les malades mentaux n’ont pas été soumis à une sorte de fatalité qui rendrait toute démarche interprétative inopérante.
Notre premier objectif est de comprendre, dans le cadre d’une enquête approfondie s’appuyant sur un exemple monographique, dans quelles circonstances exactes près de 50 000 personnes sont mortes de faim dans les hôpitaux psychiatriques français sous l’Occupation. Rappeler que les aliénés n’ont pas été exterminés par un régime qui aurait mis en œuvre un programme systématique de mise à mort comparable à l’opération T 4 – et à celles qui ont suivi dans les frontières du Reich – ne sera sans doute pas inutile.
On sait en effet que le flou entretenu par certains articles de presse nourrit les extrémismes et les sectarismes en tout genre comme en témoigne la récupération du thème par l’Église de scientologie, engagée par le biais de la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme, créée en 1974, dans une entreprise agressive de disqualification de la psychiatrie. Reste que les malades mentaux n’ont pas été soumis à une sorte de fatalité qui rendrait toute démarche interprétative inopérante.
05.05.11 @ 01:55
Commentaire de: bk [Membre]
30 Juillet 2011 – TAP - Le Conseil supérieur de la magistrature s'est réuni, samedi matin, à Carthage, sous la présidence de M. Foued Mebazaâ, président de la République par intérim et en présence de M. Lazhar Karoui Chebbi, ministre de la Justice.
M. Mebazaa a souligné que la réunion du Conseil se tient, cette année, à l'heure où la Tunisie vit un épisode particulier de son histoire pour l'institution d'un régime réellement démocratique, caractérisé par l'indépendance des pouvoirs et la suprématie de la justice. La société tunisienne, a-t-il ajouté, aspire d'aujourd'hui à une magistrature qui consacre la souveraineté de la justice, fondement de toute civilisation.
Il a relevé que la magistrature qui, depuis la révolution du 14 janvier, suscite l'intérêt de l'ensemble des composantes de la société, est invitée à rétablir les droits à tous ceux qui ont subi une injustice durant la période précédente et à sanctionner les contrevenants à la loi et ceux qui en font fi. Cette obligation nationale et humaine, a-t-il dit, constitue l'un des fondements du développement du pays et un facteur de stabilité et de confiance dans l'avenir outre qu'il s'ajoute à des étapes antérieures de l'histoire de la magistrature tunisienne qui a connu d'éminents magistrats réputés pour leur rigueur et leur intégrité.
La suite : http://www.pm.gov.tn/pm/actualites/actualite.php?id=4674&lang=fr
M. Mebazaa a souligné que la réunion du Conseil se tient, cette année, à l'heure où la Tunisie vit un épisode particulier de son histoire pour l'institution d'un régime réellement démocratique, caractérisé par l'indépendance des pouvoirs et la suprématie de la justice. La société tunisienne, a-t-il ajouté, aspire d'aujourd'hui à une magistrature qui consacre la souveraineté de la justice, fondement de toute civilisation.
Il a relevé que la magistrature qui, depuis la révolution du 14 janvier, suscite l'intérêt de l'ensemble des composantes de la société, est invitée à rétablir les droits à tous ceux qui ont subi une injustice durant la période précédente et à sanctionner les contrevenants à la loi et ceux qui en font fi. Cette obligation nationale et humaine, a-t-il dit, constitue l'un des fondements du développement du pays et un facteur de stabilité et de confiance dans l'avenir outre qu'il s'ajoute à des étapes antérieures de l'histoire de la magistrature tunisienne qui a connu d'éminents magistrats réputés pour leur rigueur et leur intégrité.
La suite : http://www.pm.gov.tn/pm/actualites/actualite.php?id=4674&lang=fr
03.08.11 @ 14:37
Commentaire de: Armand Ajzenberg [Visiteur]
À propos de l'hécatombe des fous sous le régime de Vichy, un nouveau livre :
http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2012/12/07/abandon-a-la-mort-non-assistance-a-personne-en-danger-et-genocide-doux/
À mon avis, le livre d'Isabelle von B., s'il fait une synthèse des événements est surtout un livre politique : après la prise de position du Président Jacques Chirac à propos de la complicité de l'État français de Vichy, ne pas faire un second procès à Vichy. Voir la récente déclaration de François Fillon en octobre dernier.
Armand Ajzenberg
http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2012/12/07/abandon-a-la-mort-non-assistance-a-personne-en-danger-et-genocide-doux/
À mon avis, le livre d'Isabelle von B., s'il fait une synthèse des événements est surtout un livre politique : après la prise de position du Président Jacques Chirac à propos de la complicité de l'État français de Vichy, ne pas faire un second procès à Vichy. Voir la récente déclaration de François Fillon en octobre dernier.
Armand Ajzenberg
09.12.12 @ 10:25
Commentaire de: bk [Membre]
Les spécialistes opposés à un tel procès ou comparaison avec d'autres phénomènes et meurtres de masses semblent être attachés à l'absence de preuves, à l'inexistence d'écrits administratifs ou du régime de Vichy ayant tendu à affamer ou sous alimenter délibérément ces fous, avec motivations ou volonté de les éliminer.
09.12.12 @ 14:53