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La ligne rouge
NDLR : Ca fini par me surprendre, toutes ces salades au sujet de l'euthanasie active et au sujet de la passivité dans des services d'urgence. S'agit-il réellement de sujets sensibles et polémiques ? Laisser crever des gens ou même les « assister » jusqu'à l'extinction des instances, par exemple, en les renvoyant systématiquement vers des jean foutre, dans des tribunaux et des cours d'appels, semble pourtant être des usages ou des pratiques tout à fait courantes, admises, encouragées même. Lorsqu'on creuse un peu ces sujets tels que la passivité coupable et les carences des services publics, on s'apperçoit en tous cas que pour la justice et pour ceux qui la rendent en premiers, la « ligne rouge » peut être assez souvent bien mordue sans que ça n'émeuve plus vraiment. Ca fait parfois geindre ces mêmes professionnels de la justice, principalement à huis clos ou en catimini, surtout lorsqu'ils ont été surpris en flagrant délire puis qu'on en discute de trop, en dehors des prétoires...
La ligne rouge
Sud-Ouest, mardi 16 août, 06h00
Sans attendre les détails de l'enquête, une partie de l'opinion s'est emparée du cas du médecin de Bayonne pour demander qu'on légalise l'euthanasie « active » en France. Pour les milliers de gens qui pétitionnent sur Internet, peu importe dans quelles circonstances précises Nicolas Bonnemaison a mis fin aux jours de quatre malades âgés aux urgences de l'hôpital bayonnais : il leur suffit de savoir que ce médecin a agi en son âme et conscience, mû par « la compassion ».
En somme, l'urgentiste, dont la fragilité psychologique a pourtant été pointée par ses collègues et qui avait été rétrogradé après avoir dirigé le service d'urgences de l'établissement, a été élevé au rôle de porte-étendard du « droit à mourir dans la dignité ». Difficile à ce stade de dire si c'est à son corps défendant, puisque le docteur Bonnemaison a, par l'intermédiaire de son avocat, clairement revendiqué avoir, à quatre reprises, précipité la fin de vie d'autrui.
Il est même permis d'imaginer qu'il ait voulu, par son geste, relancer un débat complexe et douloureux, scandé par des faits divers retentissants. L'infirmière Christine Malèvre avait, en 2003, pour des faits similaires, été condamnée à douze ans de réclusion. La mère et le médecin de Vincent Humbert avaient, eux, été acquittés après qu'ils eurent aidé le jeune tétraplégique à mourir. Depuis, la loi Leonetti a ouvert la porte à une forme « passive » d'euthanasie, proscrivant tout acharnement thérapeutique dès lors que le patient l'exige.
Est-on allé assez loin ? Le cas de l'incurable Chantal Sébire, morte après s'être vu refuser le suicide assisté, a permis aux partisans de l'euthanasie « active » d'affirmer que non. Encore faudrait-il que la loi existante soit connue et appliquée. Elle prévoit notamment l'obligation de soins palliatifs pour tous les malades en fin de vie. Nous en sommes loin. Quant au médecin de Bayonne, il avait l'obligation de consulter, non seulement ses patients, mais leurs familles et ses propres collègues avant d'entreprendre quoi que ce soit.
Livré à lui-même, Nicolas Bonnemaison a franchi la ligne rouge. Mais les soutiens inconditionnels qu'il reçoit font écho à la proposition de loi déposée en janvier par des députés de l'opposition. Cette tentative de calquer notre loi sur celle de pays comme les Pays-Bas ou la Suisse a été repoussée par François Fillon et sa majorité. Cela dit, le geste du solitaire de Bayonne remet sur le tapis, à neuf mois de la présidentielle, un débat très clivant au sein de la société française.
christophe lucet c.lucet@sudouest.fr
L'euthanasie : un débat très clivant au sein de la société française
éditorial
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"Les enfants ont aussi le droit de mourir dans la dignité"
Chez nous, l'euthanasie ne fait plus vraiment débat. En tout cas au sein des services de soins intensifs. La dépénalisation a changé bien des choses, comme en témoigne le Dr. Dominique Biarent. "Ça permet aux médecins de travailler plus sereinement, ils peuvent désormais faire leur métier avec un cadre législatif qui les empêche d'être poursuivis pour des actions qui entrent 'simplement' dans le cadre de leur travail".
La réflexion va aujourd'hui plus loin. S'il existe maintenant une loi pour les adultes, rien n'est prévu pour les mineurs et les adolescents. Pourtant, les services de soins intensifs pédiatriques sont aussi confrontés à la souffrance d'enfants dans leurs dernières heures de vie. Dans ces services on ne s'en cache pas, on a parfois recours à des pratiques considérées aujourd'hui comme illégales. Mais toute fin de vie est discutée ouvertement avec les parents, explique le médecin. "Nous travaillons avec eux. C'est leur enfant, ils sont les meilleurs avocats des enfants", précise-t-elle.
"Comme les adultes, les enfants ont aussi le droit de mourir dans la dignité". Pour le Dr. Dominique Biarent, c'est clair, "il faut étendre la loi aux mineurs".
Extrait de source http://www.rtbf.be/info/societe/detail_euthanasie-depenalisee-depuis-2002-faut-il-etendre-la-loi-aux-enfants?id=6598163