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67 ans après, l'Allemagne rouvre l'enquête sur Oradour
67 ans après, l'Allemagne rouvre l'enquête sur Oradour
Mots clés : SS, massacre, nazi, régiment SS, ORADOUR-SUR-GLANE, ALLEMAGNE, DORTMUND
Par Caroline Bruneau Mis à jour le 05/12/2011 à 20:17 | publié le 05/12/2011 à 19:35, le Figaro
Le 10 juin 1944, 642 personnes étaient massacrées par les SS dans le village d'Oradour-sur-Glane. Le parquet de Dortmund a identifié six anciens SS encore vivants qui étaient sur place le jour du crime.
Le 10 juin 1944, 642 personnes, dont 206 enfants, étaient assassinées à Oradour-sur-Glane par le régiment de SS «Der Führer». Symbole du martyre des civils pris dans la cruauté de la guerre, ce village près de Limoges, rasé et brûlé, est depuis un lieu de mémoire. Mais les procédures légales sur ce crime contre l'humanité n'ont jamais été stoppées. Le parquet de Dortmund, dans l'ouest de l'Allemagne, a décidé de reprendre les investigations. Les logements de six personnes ont été perquisitionnés au cours des deux derniers mois. Ces six Allemands, membres du régiment responsable du massacre, sont soupçonnés de meurtre, a fait savoir le procureur de Dortmund.
Les hommes retrouvés par le parquet de Dortmund ont aujourd'hui tous entre 85 et 86 ans, ils étaient donc très jeunes à l'époque du massacre et n'occupaient aucune fonction décisionnaire. Selon le quotidien allemand Bild Zeitung, ils vivraient à Hanovre, près de Berlin, à Cologne à Bielefeld et près de Darmstadt. C'est grâce à des documents de la police politique d'Allemagne de l'est, la Stasi, que leur trace a pu être retrouvée. Deux d'entre eux ont nié avoir participé à la tuerie, les quatre autres sont officiellement dans l'incapacité de parler ou de se souvenir. Les perquisitions menées à leur domicile n'ont pas permis de trouver des documents en rapport avec le crime. «Nous savons que toute la troisième compagnie du régiment «Der Führer» se trouvait à Oradour-sur-Glane ce jour-là», a expliqué à l'Associated Press le procureur Andreas Brendel. «Il faut désormais déterminer ce que savaient ces hommes et à quel niveau ils ont participé au massacre, ou ont aidé à le perpétrer».
Dix-huit enquêtes sur les crimes nazis sont encore en cours
Selon Andreas Brendel, il ne s'agit que de simples soldats, mais dont la présence à Oradour-sur-Glane est attestée. Deux cents hommes ont été envoyés dans le village afin d'y mener une expédition punitive pour décourager la Résistance, quatre jours après le débarquement en Normandie. Après la guerre, seule une soixantaine a pu être identifiée, dont des Alsaciens «Malgré-nous», c'est-à-dire enrôlés de force par les Allemands. Un procès s'en était suivi à Bordeaux en 1953, qui avait abouti à des condamnations à mort et à des peines de travaux forcés. Les «Malgré-nous» ont été amnistiés. Le procureur espère que les documents du premier procès en France vont pouvoir l'aider désormais à identifier la responsabilité des Allemands soupçonnés.
C'est le procès de John Demjanjuk qui a permis au procureur allemand de rouvrir l'enquête sur ce crime. L'Américain d'origine ukrainienne a été extradé vers l'Allemagne et reconnu coupable d'avoir participé à un crime contre l'humanité, alors qu'il n'était qu'un garde du camp de Sobibor. Il a été condamné à cinq ans de prison pour avoir participé aux meurtres des Juifs enfermés dans le camp, même s'il n'a pas été prouvé qu'il avait directement été impliqué dans les meurtres. C'est en s'appuyant sur ce précédent que la section spécialisée dans les crimes nazis de la Seconde Guerre mondiale du parquet de Dortmund a pu reprendre l'enquête sur les six personnes dont on sait qu'elles appartenaient au régiment «Der Fürhrer».
Oradour-sur-Glane n'est pas la seule affaire datant de la Seconde Guerre mondiale sur laquelle enquête le parquet de Dortmund : dix-huit investigations pour «crimes de masse» sont encore ouvertes, 66 ans après la fin de la guerre.
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