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Enfants placés : les « rapts » de l'Administration
Enfants placés : les « rapts » de l'Administration
iFrap, Société Civile N°43, janvier 2005
Entre les deux cas extrêmes de l’enfant abandonné à sa naissance, et de celui dont la mère célibataire doit subir une intervention chirurgicale l’obligeant à rester quelques semaines à l’hôpital, les raisons de placer un enfant en dehors de sa famille ne manquent pas. Dans 20% des cas la famille a demandé le placement parce qu’elle s’estime incapable d’élever son enfant, et dans 80% des cas la décision lui est imposée par un juge, lorsque l’enfant est délinquant, ou "en danger" : battu, insuffisamment nourri, victime de violences sexuelles, ou simplement mal élevé ("victime de carences éducatives" dans le langage administratif).
Le placement peut avoir lieu dans un établissement public - foyer, hôpital ou prison - ou dans une famille, appelée autrefois nourrice, et maintenant "assistante maternelle". Des relations sont maintenues avec ses parents : retours périodiques de l’enfant dans sa famille, visites des parents, contacts téléphoniques ou épistolaires, etc.
Dans tous les cas, même lorsqu’il y a accord de la famille et de l’enfant, le placement est une décision douloureuse, montrant à la famille qu’elle n’est pas capable de s’occuper de l’enfant, et à l’enfant qu’il est rejeté par elle.
C’est souvent pour le juge une décision difficile à prendre. Vaut-il mieux placer l’enfant en dehors de sa famille, ou aider sa mère par une aide financière, ou ménagère, ou des conseils scolaires ou d’éducation ? Qu’est-ce qu’une "carence éducative" ? Comment définir les "troubles du comportement" ? Qu’est-ce qui sépare les câlins des attouchements ? Qu’est-ce qu’un alcoolique ? A quel degré une mésentente conjugale empêche-t-elle le développement de l’enfant ? La réponse à toutes ces questions n’est pas simple. A l’intérieur d’une famille, les relations parents/enfants, comme les relations conjugales, ne sont pas toujours sereines, et la gravité de leurs perturbations difficile à apprécier. Alors comment les apprécier, vues de l’extérieur ?