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Acquittement pour la mère ayant tuée sa fille handicapée
Acquittement pour la mère ayant tuée sa fille handicapée
E.A. (lefigaro.fr) avec AFP
09/04/2008 | Mise à jour : 18:49
Lydie Debaine était jugée pour avoir mis fin aux jours de sa fille de 26 ans, handicapée motrice cérébrale dont l'état de santé se dégradait.
Le verdict est tombé mercredi soir : Lydie Debaine, jugée pour l'assassinat le 14 mai 2005 de sa fille Anne-Marie, très gravement handicapée, a été acquittée. Celle-ci avait reconnu lui avoir fait ingurgiter des barbituriques avant de la plonger dans une baignoire pour la noyer à leur domicile de Groslay, dans le Val-d'Oise. Lydie Debaine, 66 ans, risquait la prison à perpétuité. Devant la cour d'assises du Val d'Oise, à Pontoise, mercredi, son avocate, Me Cathy Richard, avait plaidé l'acquittement. L'avocat général Charles Modat, avait, lui, requis trois ans de prison avec sursis.
Dans son réquisitoire, l'avocat général a pris en compte les vingt-six années de souffrance de la jeune femme et le plein dévouement de sa mère, qui s'en est occupée. Il a soutenu que « la pire des sanctions, Lydie Debaine la vit déjà avec la perte de celle à qui elle a consacré son amour et sa vie». «Elle était dans une relation fusionnelle qui l'a amenée jusqu'à dormir au pied de sa fille et à s'allonger sur son corps une fois morte », a-t-il affirmé tout en ajoutant : Lydie Debaine « est coupable du crime qui lui est reproché. Elle a tué sa fille avec préméditation. Elle était consciente de ce qu'elle faisait. Elle revendique un acte juste (...) Je ne le qualifierais pas d'acte juste ».
Avant les réquisitions de l'avocat général, Lydie Debaine a pris la parole. Elle a confié avoir tué sa fille «dans un acte d'amour» pour la libérer de ses souffrances. Elle a évoqué en sanglots sa fille Anne-Marie, «une enfant très attachante». «Elle souffrait trop. Elle passait des jours et des jours sans dormir», a-t-elle ajouté.
Née prématurée avec une grave infirmité motrice cérébrale, Anne-Marie était invalide à 90%. A 26 ans, elle avait l'âge mental d'un enfant de 5 ans, souffrait d'épilepsie et de vomissements à répétition. Ces vingt dernières années, la justice française a, le plus souvent, prononcé des peines de prison avec sursis à l'encontre des parents meurtriers ou assassins de leurs enfants handicapés.
VERSAILLES (AFP) - Le procureur général de la cour d'appel de Versailles a annoncé jeudi à l'AFP qu'il interjetait appel de la décision d'acquittement de Lydie Debaine qui avait tué en 2005 sa fille handicapée motrice cérébrale de 26 ans.
"Sans méconnaître la situation dramatique de Mme Debaine, son profond désarroi et sa grande souffrance, il m'est apparu que le ministère public, avait le devoir, dans le souci de l'intérêt général, de requérir l'application de la loi et la condamnation de l'accusée", a expliqué Jean-Amédée Lathoud dans un communiqué.
"Ce verdict d'acquittement pourrait en effet, être compris comme un encouragement à l'atteinte volontaire à la vie des handicapés, qui méritent notre protection et notre soutien", a-t-il encore déclaré.
"Il m'apparaît que l'acte de Mme Debaine, s'il justifie une réelle compassion, ne peut être accepté en l'état du droit français, de nos valeurs éthiques et des principes qui fondent la vie en société", a-t-il dit.
Le 9 avril 2008, la cour d'Assises du Val d'Oise a acquitté Lydie Debaine, 62 ans, accusée d'avoir avec préméditation donné la mort à sa fille gravement handicapée, qui n'avait plus la capacité de s'exprimer depuis longtemps.
Le ministère public avait requis trois ans de prison avec sursis, "une condamnation de principe" alors que la sanction encourue était la réclusion criminelle à perpétuité.
Le parquet de Pontoise avait dans un premier temps annoncé qu'il ne souhaitait pas faire appel de cet verdict alors qu'en droit français cette décision revient au parquet général.