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« La désobéissance civile ne s'improvise pas »
NDLR : Je dédicace ce billet au substitut qui assistait à l'audience, ce 28 mai dernier, à Nanterre. Je préfère de loin être aux côtés des plus débiles et des infra-citoyens de la République plutôt que d'avoir un jour à m'excuser auprès de millions de gens, comme a du le faire un moment Bigard, l'humoriste, suite à ses affirmations au sujet du 11 septembre.
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Une formation est utile pour tous ceux qui se battent de manière non violente pour changer le monde. Ce stage, que le collectif organise tous les mois, réapprend à désobéir et permet aux participants d'éviter les bêtises, de meux s'organiser et d'aller plus vite dans leur lutte.
Enseigner la désobéissance civile est-il légal ? Nous n'avons reçu aucune plainte formelle. L'article 2 de la déclaration des droits de l'homme de 1789, qui fait partie de notre bloc de constitution, affirme le droit du citoyen à résister. Lorsqu'une loi est injuste, le citoyen est légitime à y désobéir. Par ailleurs, ce n'est pas nous, mais les stagiaires qui fixent les limites entre ce qu'ils considèrent comme un geste violent et une démarche non-violente. Toute action directe, en outre, ne relève pas systématiquement d'une rébellion contre la loi, parfois on agit pour réclamer à ce qu'un texte soit bien appliqué !
Quel regard portent les forces de l'ordre sur votre démarche ? La police s'intéresse à ce que nous faisons et nous le fait savoir, mais nous n'avons pas eu d'ennuis. De temps en temps, on aperçoit des hélicoptères qui survolent le terrain de formation, des gendarmes rendent visite aux militants qui nous hébergent. Les RG dorment parfois près du lieu de stage, mais rien de plus.
«La désobéissance civile ne s'improvise pas»
lefigaro.fr, 29/10/2008 | Mise à jour : 17:26
INTERVIEW - Mercredi et jeudi, le «collectif des Désobéissants» organise en Moselle un stage de désobéissance civile. L'animateur du collectif, Xavier Renou, revient sur la philosophie et le programme de cette «formation» inhabituelle.
LE FIGARO - Qu'est-ce-que la désobéissance civile ?
XAVIER RENOU - C'est un moyen d'action directe non violente qui permet de se réapproprier l'action politique. On agit directement là où se pose le problème sans passer par des intermédiaires comme les élus. On sent un regain d'intérêt pour cette méthode car les moyens traditionnels de protestation ont moins d'impact que par le passé : les dirigeants sont devenus moins sensibles aux pétitions, aux manifestations… Or la désobéissance civile requière moins d'énergie et est plus efficace. Par exemple, il a suffi de 100 faucheurs volontaires, très actifs, pour arracher une grande partie des parcelles de maïs transgénique cultivées en France.
Comment est née l'idée du stage ?
Jusqu'en 2006, je travaillais pour Greenpeace. En novembre 2006, l'association a arrêté brusquement sa campagne contre la relance des armes nucléaires. Avec d'autres militants nous avons voulu continuer ce combat et nous avons fondé «le collectif des Désobéissants». Notre première action n'a pas été un succès, nous avons juste entraîné un retard du tir d'essai du missile nucléaire balistique M51 de 20 minutes. Nous avons réalisé qu'il fallait nous former à la désobéissance civile. Nous avons contacté des formateurs de Bombspotting, un groupe antimilitariste belge. Leur formation nous a appris que la désobéissance civile ne s'improvise pas et nous avons voulu transmettre les connaissances que nous avons acquises. Une formation est utile pour tous ceux qui se battent de manière non violente pour changer le monde. Ce stage, que le collectif organise tous les mois, réapprend à désobéir et permet aux participants d'éviter les bêtises, de meux s'organiser et d'aller plus vite dans leur lutte.
Quelles techniques apprend-on durant ces deux jours d'atelier ?
Le stage explique comment monter une action de A à Z. Un premier atelier (sur huit, ndlr) dresse le cadre philosophique de la désobéissance civile. On demande aux stagiaires de réfléchir à ce qu'est la violence. Quelle est leur limite ? Où commence la violence, avec l'insulte ? Lorsqu'on arrache du maïs sous les yeux de l'exploitant ? C'est important qu'ils se posent des questions, qu'ils se mettent d'accord avant la protestation sinon les tensions apparaîtront au mauvais moment et cela augmentera les risques de dérapage. On propose ensuite un jeu de rôle : une partie interprète des manifestants, l'autre des gendarmes. La confrontation entre les deux groupes apprend aux stagiaires à éliminer le potentiel de violence lorsqu'ils vont se retrouver, pour de vrai, face aux forces de l'ordre. On leur enseigne à dialoguer, à sourire, à utiliser une gestuelle «ouverte» et non menaçante comme maintenir ses paumes ouvertes au niveau des genoux.
Est-ce que Les participants au stage constatent une amélioration de leur «performances» lorsqu'ils entreprennent, eux-mêmes, leur propre action ?
Les retours que nous avons sont positifs. Nos anciens stagiaires qui s'investissent dans des causes aussi diverses que l'écologie, les droits de l'homme ou le pacifisme, nous confient avoir eu un meilleur retentissement dans les médias, recruter plus facilement des nouveaux adhérents. Lors du stage, on leur indique toutes les étapes préparatoires d'une action réussie - mettre au point les transports, le budget-. On leur explique comment faciliter le travail des journalistes, comment se répartir les tâches entre militants : ceux qui vont faucher un champ OGM, le militant qui va contacter la presse, celui qui va endosser le rôle de porte-parole, celui qui va assurer la sécurité etc. On les instruit aussi sur ce qui se passe ensuite, sur les conséquences juridiques de leurs actes : comment réagir au moment de l'interpellation, comment se déroule un procès. Lorsqu'on pratique la désobéissance civile, on assume la «sanction», on ne se cache pas, on ne s'enfuit pas comme un délinquant.
Enseigner la désobéissance civile est-il légal ?
Nous n'avons reçu aucune plainte formelle. L'article 2 de la déclaration des droits de l'homme de 1789, qui fait partie de notre bloc de constitution, affirme le droit du citoyen à résister. Lorsqu'une loi est injuste, le citoyen est légitime à y désobéir. Par ailleurs, ce n'est pas nous, mais les stagiaires qui fixent les limites entre ce qu'ils considèrent comme un geste violent et une démarche non-violente. Toute action directe, en outre, ne relève pas systématiquement d'une rébellion contre la loi, parfois on agit pour réclamer à ce qu'un texte soit bien appliqué !
Quel regard portent les forces de l'ordre sur votre démarche ?
La police s'intéresse à ce que nous faisons et nous le fait savoir, mais nous n'avons pas eu d'ennuis. De temps en temps, on aperçoit des hélicoptères qui survolent le terrain de formation, des gendarmes rendent visite aux militants qui nous hébergent. Les RG dorment parfois près du lieu de stage, mais rien de plus.