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Précarité : un blog pour aider une femme
CEDH: le parquet n'est pas "indépendant"
AFP, 23/11/2010 | Mise à jour : 11:54
Le parquet français ne remplit pas "l'exigence d'indépendance à l'égard de l'exécutif", a estimé la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), en donnant raison à une avocate détenue pendant cinq jours avant son audition par un juge d'instruction.
Précarité: un blog pour aider une femme
AFP, 23/11/2010 | Mise à jour : 10:19
Il vous reste 29 jours, pour sauver la vie d'une femme": sur le blog de Paroles de femmes, les internautes sont appelés à venir en aide à Myriam.
A travers son histoire, l'association cherche un nouveau moyen de mobiliser contre la précarité des victimes de violences conjugales, à l'occasion d'une journée de sensibilisation sur ce thème jeudi. Cette femme de 60 ans, divorcée depuis six ans, est menacée d'expulsion de l'appartement qu'elle occupe seule en banlieue parisienne, dont elle ne paie plus le loyer depuis des mois.
Au-dessus de son témoignage, le compte à rebours déclenché lundi sur le blog (http://blog.parolesdefemmes.org/) veut créer un sentiment d'urgence. Quitte à dramatiser, un clip raconte sur la même page, avec la voix de l'actrice Emmanuelle Béart, la déchéance d'une autre femme, décédée dans la rue. Les internautes sont donc invités aux dons pour stopper l'engrenage de l'exclusion guettant maintenant Myriam, qui a pour seule ressource 400 euros par mois de RSA.
Chaque jour, l'association doit rendre compte sur le blog des soutiens reçus. Fringante sexagénaire à l'éclatante chevelure rousse, Myriam n'a pas l'allure d'une femme au bord du gouffre. "Ma dignité, c'est tout ce qui me reste", explique-t-elle à l'AFP, en montrant son sac Vuitton, héritage de sa "belle vie" passée.
En 1980, divorcée et mère d'un enfant en bas âge, elle a épousé un "homme génial", entrepreneur, divorcé comme elle et déjà deux fois père. La famille vit confortablement et s'agrandit rapidement avec un quatrième enfant. Myriam, qui a travaillé dans le prêt-à-porter, se consacre alors à l'éducation des enfants et assiste son mari dans la gestion de son entreprise. Sans fiches de paie, ce qu'elle regrettera plus tard.
Une quinzaine d'années s'écoulent sans nuages, avant que la relation s'effrite. "Il m'a fait de plus en plus de reproches, a commencé à m'insulter. Un jour en 1999, lors d'une banale discussion à propos de notre fils, il m'a donné une grosse claque, puis m'a craché dessus en me traitant de putain", raconte-t-elle, les larmes aux yeux. Elle pense alors pouvoir sauver son couple, mais un an plus tard, une nouvelle dispute dégénère. "Il a été très violent, il m'a démis l'épaule", dit Myriam, qui ne veut pas entrer dans les détails. "Il a eu une peine de prison avec sursis", et doit lui verser une pension alimentaire, puis une fois le divorce prononcé, une prestation compensatoire, explique-t-elle. "Mais cela fait six ans qu'on est au pénal pour qu'il paie ce qu'il me doit, et je me retrouve sans rien".
Myriam est un peu embarrassée d'être mise en avant sur le blog: "Je pense qu'il y a des situations pires que la mienne, mes enfants peuvent m'aider, j'ai des amis". Mais pour Olivia Cattan, présidente de Paroles de Femmes, qui l'a prise sous son aile, "son cas est emblématique de ces femmes de la classe moyenne, qui se sont appuyées sur leur homme avant d'être piégées". Après celle de Myriam, les histoires d'autres femmes se succéderont sur le blog, à chaque fois pendant 30 jours.
"Cela permet de donner un visage à la précarité et ça permettra peut-être d'attirer les dons de nouveaux publics, parce qu'on a très peu de moyens pour aider les femmes", explique Olivia Cattan. L'association veut en profiter pour promouvoir un projet de longue date, les "maisons citoyennes", pour accueillir les femmes victimes de violence, puis les aider à se réinsérer. "Aujourd'hui, il y a des foyers d'urgence, mais ça ne suffit pas", déplore-t-elle
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(AFP) – Il y a 4 heures
PARIS — Le ministère de la Justice a indiqué mardi qu'il allait faire appel de l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) qui estime que le parquet français ne remplit pas "l'exigence d'indépendance à l'égard de l'exécutif".
La Chancellerie explique "prendre acte de la décision de la CEDH". "Nous ne partageons pas le raisonnement et l'analyse de la cour, c'est pourquoi nous allons demander le renvoi de cet arrêt devant la Grande Chambre" de la Cour qui rendra une décision définitive.
Dans un arrêt rendu mardi, la CEDH a épinglé la France sur la question du statut du parquet en affirmant que ses membres "ne remplissent pas l'exigence d'indépendance à l'égard de l'exécutif (qui compte) parmi les garanties inhérentes à la notion +autonome+ de magistrat" au sens de l'article 5.3 de la Convention européenne des droits de l'Homme.
La juridiction européenne se prononçait sur la requête d'une avocate française détenue pendant cinq jours avant son audition par un juge d'instruction. Elle considérait que le représentant du parquet de Toulouse qui avait ordonné son placement en détention ne représentait pas une autorité judiciaire indépendante.
La Chancellerie estime au contraire que le parquet s'est contenté d'exécuter à son encontre un mandat d'amener délivré par un juge d'instruction, magistrat indépendant.
Violences conjugales. L'interminable attente
24 novembre 2010
Tout le monde semble en convenir à la veille de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes. Les violences conjugales n'épargnent aucun milieu. Christine est la première à en être persuadée. Son appel à l'aide n'a pourtant pas encore été entendu par la justice, près de trois ans après sa première plainte. Accusée de machination par son ex-compagnon, elle rencontre les plus grandes difficultés à faire entendre la souffrance qui a été la sienne. «La première fois que j'ai poussé la porte de la gendarmerie, je suis repartie directement». Elle déposera finalement plainte auprès du procureur de la République.
«Se justifier»
Le début d'un véritable parcours du combattant pour cette femme qui venait de s'ouvrir à ses proches, puis auprès d'associations, leur faisant part de plusieurs années de violences conjugales. «On nous pousse à porter plainte. Une fois que c'est fait, on pense être soulagée. Mais il faut se justifier, faire face à l'absence d'aveu... Alors quand on reçoit le courrier de classement sans suite, faute d'infraction suffisamment caractérisée, on va encore plus mal».
[...] «On m'a dit de laisser tomber»
Dans ces conditions, Christine a bien du mal à croire au discours institutionnel, à quelques semaines de la fin d'une année au cours de laquelle les violences faites aux femmes auront été placées au rang de grande cause nationale. «L'an passé, quand ma plainte a été classée sans suite, on m'a dit de laisser tomber, parce que ça allait me coûter cher». Soutenue par ses amis, elle n'a pas plié. L'aide juridictionnelle est apparue comme une petite lueur d'espoir. «J'en bénéficie pleinement du fait de mes revenus et de la gravité des faits».
Extraits de source http://quimper.letelegramme.com/local/finistere-sud/quimper/ville/violences-conjugales-l-interminable-attente-24-11-2010-1126017.php