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Le dernier hommage aux victimes de Nanterre
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Le dernier hommage aux victimes de Nanterre
Le Parisien | Valérie Mahaut | Publié le 28.03.2012, 04h45
Hier, le maire de Nanterre, Patrick Jarry, a dévoilé les plaques des allées des Terrasses de l’Arche qui portent désormais le nom des élus abattus en plein conseil il y a dix ans.
Tendu, Patrick Jarry s’efforce de respirer lentement. A sa droite, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, à sa gauche, la députée Jacqueline Fraysse et Lionel Jospin. L’instant est lourd pour le maire de Nanterre, qui s’apprête, devant un millier de personnes, à rendre un grand hommage aux huit élus abattus par Richard Durn, en plein conseil municipal, il y a exactement dix ans.
« Le temps est venu […] d’inscrire la mémoire de nos collègues dans le patrimoine commun », énonce Patrick Jarry devant une foule de visages graves. Depuis dix ans, l’actuel maire et celle qui le précédait, Jacqueline Fraysse — à la tête de la ville lors de la tuerie, miraculeusement épargnée par le tueur alors qu’elle était sa cible —, ont « poursuivi sans relâche le projet » de réunir la mémoire des victimes, « côte à côte, comme [elles] l’étaient dans cette salle du conseil municipal, la nuit du 26 au 27 mars 2002 ».
Dans l’axe de la Grande Arche de La Défense, les Terrasses de l’Arche, « ce bel endroit de Nanterre qui va rejoindre le fleuve, là où s’écrit la transition entre la ville d’hier et celle de demain, là où Nanterre se transforme sans abandonner ses valeurs », se sont imposées.
Se suivant en paliers, les huit terrasses allant de la place François-Mitterrand, derrière la gare RER Nanterre-Préfecture, au bout de la ville, portent dorénavant les noms des huit élus. « Aux milliers de personnes qui passeront ici chaque jour, il sera donné de se remémorer, ou de découvrir, une part douloureuse de notre histoire commune », poursuit Patrick Jarry, devant la foule toujours grave et silencieuse. « Il sera donné » aussi de « réfléchir à cette folie meurtrière qui a fauché quatre femmes et quatre hommes […] au service des autres, dans l’hôtel de ville. »
La voix du maire de Nanterre s’est faite instable, imperceptiblement chevrotante, à l’évocation de cette « blessure pas refermée », des « traumatismes après le chaos », de « l’absence insupportable » des défunts. Sur grand écran, les visages de Louiza Benakli, Christian Bouthier, Jacotte Duplenne, Monique Leroy-Sauter, Olivier Mazotti, Valérie Méot, Michel Raoult, Pascale Sternberg ont défilé tandis que Patrick Jarry disait un mot ému de chacun.
Puis, une à une, les plaques portant leurs noms ont été dévoilées. D’allée en allée, chacun a pu déposer une bougie sous les panneaux. Lionel Jospin, Premier ministre en 2002, s’est aussi incliné devant les plaques. De même que plusieurs personnalités politiques, venues en nombre.
Cet hommage fut aussi l’occasion pour Patrick Jarry de rappeler les questions sans réponse. Comment cet homme aux antécédents psychiatriques lourds a-t-il pu rester si longtemps sans suivi? Comment a-t-il pu obtenir une autorisation de port d’arme alors qu’il était suicidaire ? Comment a-t-il pu échapper à la vigilance de ceux qui l’interrogeaient ? En se jetant d’une fenêtre du 36, quai des Orfèvres deux jours après le carnage, Richard Durn avait « privé » les « familles meurtries » et élus blessés d’un procès. Bien sûr, le périple sanglant de Mohamed Merah à Toulouse et Montauban a eu un écho « particulier » à Nanterre.
Le Parisien