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Marina, 8 ans, tuée dans l'indifférence
NDLR : « Conformité aux dispositions », « protocole », « bonnes pratiques »… #LOL
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Marina, 8 ans, tuée dans l'indifférence
Mots clés : Enfance maltraitée, Aide à l'enfance, Marina, Szpiner
Par Delphine de Mallevoüe
Mis à jour le 19/06/2012 à 15:43 | publié le 18/06/2012 à 20:35, le Figaro
Devant les assises, le procès des parents pointe aussi les carences de l'aide sociale à l'enfance.
À la maltraitance des parents se seront ajoutées les carences de l'aide sociale à l'enfance. Malgré de nombreux signalements adressés entre 2006 et 2009 à la Protection de l'enfance et au parquet, la petite Marina, 8 ans et demi, tuée par ses parents dans une ultime nuit de supplice en août 2009, n'aura pas trouvé secours auprès des autorités compétentes. «Ce qui apparaît très clairement dans ce dossier, c'est la longue série de défaillances, la difficulté de coordination entre l'hôpital, le corps enseignant, la médecine scolaire et les services de l'Aide à l'enfance, pourtant au sein d'un même département», a déploré lundi à l'audience, Denis Roucou, président de la cour d'assises de la Sarthe.
Une semaine après le début du procès de Virginie Darras et d'Éric Sabatier, les parents de Marina, les professionnels de l'Aide à l'enfance étaient entendus à la barre lundi après-midi. Avant les débats, ils redoutaient de voir cette affaire se transformer en un procès emblématique des dysfonctionnements de la Protection de l'enfance. Ils sont pourtant accablants. En 2006, le 119, le numéro de l'Enfance maltraitée rattaché aux conseils généraux, rabroue la grand-mère de Marina qui les alerte.
Plaies «horribles»
En 2007, deux enseignantes font un signalement au directeur de l'école et au médecin scolaire, mais le crédit est donné au père de Marina, qui explique bleus et blessures par une maladie rare. En 2008, dans une nouvelle école, la directrice et le médecin scolaire saisissent le parquet et les services sociaux. Marina est entendue par un gendarme qui, malgré un rapport alarmant du légiste faisant état de 19 lésions, ne voit pas le père, n'entend pas les fonctionnaires qui ont fait le signalement. Le parquet classe sans suite.
En avril 2009, dans une nouvelle école, Marina présente des plaies «horribles» et «surinfectées» aux pieds représentant «un risque vital», selon les médecins. Le praticien scolaire et le directeur d'école la font hospitaliser et font un signalement au conseil général. À l'issue de cinq semaines d'hôpital, alors que l'établissement saisit également les services sociaux, la petite fille est remise aux mains de ses bourreaux, avant de succomber aux coups durant l'été.
Jargon administratif
Les professionnels de l'Aide à l'enfance défilent à la barre. Chacun les presse de répondre aux défaillances. Tout particulièrement à l'encontre de l'attachée de secteur, responsable du dossier de Marina. Pas de regret, elle a fait son travail «dans le cadre réglementaire et législatif». «Conformité aux dispositions», «protocole», «bonnes pratiques»… Son jargon administratif scandalise l'assistance. Au lieu d'action, on ne parle que d'«évaluations», de «concertations», on «échange», on «met en copie». Elle n'a que «des éléments d'alerte», malgré le fort absentéisme scolaire de la fillette, le compte-rendu de l'hôpital, les signalements, les cinq déménagements du couple en 2 ans. Maître Rodolphe Costantino, avocat de l'association Enfance et partage, l'apostrophe: «Dans votre mission de prévention, les suspicions ne sont-elles pas un élément suffisant pour agir?»
Des silences ponctuent un ton neutre et calme, révoltant les avocats qui ne voient en elle qu'une «théoricienne de la Protection de l'enfance».«Si vous deviez refaire les choses, vous referiez pareil?», demande Maître Padovani, qui représente l'association L'enfant bleu. Enfance maltraitée. «Avec les éléments dont je disposais, oui», répond la fonctionnaire. «Vous n'avez donc commis aucune erreur?», insiste Me Szpiner, avocat de La Voix de l'enfant et conseil de la tante de Marina, parties civiles. Silence. «Y a-t-il eu un débriefing après cette tragédie pour tirer d'éventuels enseignements sur les dysfonctionnements?», reprend-il. «Oui», dit la jeune femme. «Avez-vous changé de pratique depuis?», poursuit-il. «Non», pas à sa connaissance. Les débats se poursuivent jusqu'au 27 juin.
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Marina. Le président du conseil général soutient ses agents
Justice, lundi 18 juin 2012
Dans une note datée du 7 juin 2012, Jean-Marie Geveaux, président du conseil général de la Sarthe s’adresse aux agents de la Direction générale adjointe de la Solidarité départementale, dont certains vont être entendus ce lundi après-midi devant la cour d’assises de la Sarthe. Où ils devront répondre à des questions embarrassantes.
Dans ce courrier, l’élu apporte son soutien à ses agents. Affirmant également que ce procès n’est pas celui des institutions, ni des travailleurs sociaux, qui, d’après lui, « ont agi comme ils devaient le faire en pareil cas, conformément à la loi ».
Un point de vue loin d’être partagé par les associations de protection de l’enfance parties civiles à ce procès, qui s’interrogent sur les motivations de ce document.
Voici le courrier, in extenso.
« Madame, Monsieur,
Le procès des parents de la petite Marina Sabatier s’ouvre le 11 juin prochain. A cette occasion, le conseil général sera probablement sollicité à deux niveaux :
- Au niveau judiciaire : certains agents du Département ayant eu à connaître de la situation de la famille seront convoqués comme témoins. Sans exclure la possibilité que le Conseil général soit également convoqué afin d’expliquer la manière dont il intervient dans le cadre de la Protection de l’enfance.
-Au niveau médiatique, ensuite : le Conseil général sera certainement sollicité par la presse pour faire part de ses positions sur l’affaire, s’expliquer et réagir le cas échéant à des interrogations ou mises en cause.
Les quinze jours de procès seront des moments difficiles à vivre à tous points de vue ; au-delà de l’horreur des faits, il y aura certainement des attaques de la part d’associations parties civiles et d’avocats de la défense en direction de nos institutions.
Pour autant, n’oublions pas que ce procès est celui des parents. Ce n’est pas le procès des institutions, ni des travailleurs sociaux.
Dans cette affaire, les professionnels du Conseil général ont agi comme ils devaient le faire en pareil cas, conformément aux cadres de la loi.
C’est pourquoi, nous souhaitons que ce procès soit aussi une occasion pour l’opinion et les médias de mieux comprendre ce qu’est le travail social, sa philosophie, ses modes d’action, mais aussi ses réalités quotidiennes et ses limites.
Il est grand temps de sortir des raccourcis et des simplifications erronnées dès qu’il s’agit d’évoquer l’action des services sociaux. C’est tout le sens de la démarche que le Conseil général a mené depuis 2009 en termes de communication : expliquer qui nous sommes, ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons.
Cette démarche de communication a permis également de présenter tout ce qui a été fait ces dernières années dans notre département de la Sarthe, et qui témoigne de notre engagement résolu aux côtés des familles en difficultés : construction d’un nouveay Foyer de l’enfance, consolidation de nos liens inter-institutions, signature du protocole départemental, ouverture de l’unité pédiatrique, mise en place de la cellule de signalement, etc.
Mais il est aussi important de rappeler que quels que soient nos efforts, rien ne nous protège totalement de la survenue de tels faits, notamment face à des familles qui sont dans la fuite, la dissimulation et la manipulation.
Nos métiers sont des métiers exigeants, essentiels pour la société, où il faut savoir agir avec prudence et subtilité.
A l’heure où ce procès va débuter, je veux vous redire tout mon soutien et ma confiance.
Les jours qui viennent devront être vécus avec calme et responsabilité, dans le respect de la procédure judiciaire et de la nécessaire dignité imposés par un tel drame.
Nous le devons à la Justice, qui doit assumer sa misson et dire la vérité sur cette affaire.
Nous le devons à nos collègues qui vont être amenés à déposer devant la Cour d’assies, et qui bénéficient de l’accompagnement de l’institution.
Nous le devons également aux frères et sœurs de Marina, dont nous avons la charge et qui ont aussi été victimes dans cette affaire : nous avons demandé expressément que leur anonymat et le respect de leur intimité soient garantis.
Et nous le devons à tous les professionnels de la protection de l’enfance, dont le travail si important pour la cohésion sociale, ne doit pas être caricaturé et sali.
Nous souhaitons naturellement que ce sens de la responsabilité et de la dignité soit respecté par toutes les parties au procès. »
Consignes pour la presse
Sous ce courrier, il est ajouté ceci : « Pour rappel, toute sollicitation venant des médias et de la presse doit être transmise au cabinet du Président auprès de l’attachée de presse (…) qui en assurera le traitement. »
Les parents de Marina sont jugés depuis lundi 11 juin pour actes de tortures et de barbarie sur leur fille de 8 ans, dont le corps a été retrouvé en septembre 2009 dans une malle en partie remplie de béton.
Igor BONNET et Jérôme LOURDAIS.
De source http://www.ouest-france.fr/region/paysdelaloire_detail_-Marina.-Le-president-du-conseil-general-soutient-ses-agents_40807-2088424_actu.Htm
"Marina, je t'ai négligée, humiliée, jusqu'à te torturer et toi, tu nous as aimés jusqu'à nous protéger"
Le Monde.fr | 26.06.2012 à 17h29 • Mis à jour le 26.06.2012 à 17h29
Par Igor Bonnet
Au terme d'un délibéré de près de quatre heures, la cour d'assises de la Sarthe a condamné, mardi midi 26 juin, Eric Sabatier, 40 ans, et Virginie Darras, 33 ans, à trente ans de réclusion criminelle assortie d'une peine de sûreté de vingt ans.
Un verdict un peu plus sévère que le réquisitoire de l'avocat général, Hervé Drevard, qui avait invité, la veille, les jurés à ne pas prononcer à l'encontre des accusés une peine inférieure à trente ans, dont quinze ans de sûreté.
Également condamnés à dix ans de privation des droits civiques, civils et familiaux, ainsi qu'à devoir verser 25 000 euros à leur aîné et 20 000 euros à chacun des trois autres enfants représentés au procès, les parents de Marina ont été reconnus coupables d'actes de tortures et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner de leur enfant, et de dénonciation mensongère à l'autorité judiciaire.
Dans ses motivations, le président du tribunal, Denis Roucou, a souligné que la victime avait subi des violences "dès son plus jeune âge". Les sévices étaient montés crescendo. Atteignant des sommets de cruauté : "Marina a dû subir des douches froides, être mise la tête sous l'eau dans la baignoire et s'infliger elle-même son propre supplice. Elle a été laissé plusieurs jours sans s'alimenter. Elle a été obligée de marcher pieds nus sur un sol rugueux avec un lourd sac sur les épaule (...) et ses parents ont tenté de l'enfermer dans un four, a-t-il rappelé. Il est par ailleurs établi qu'elle a été plusieurs fois attachée à son lit, à une tringle à rideau et baillonnée avec du ruban adhésif." La liste des tortures infligées à la fillette ne s'arrête malheureusement pas là.
Martyrisée pendant près de six ans, l'enfant est mort en août 2009 à l'âge de 8 ans dans le sous-sol d'un pavillon d'Écommoy (Sarthe) des suites d'une énième série de coups ; son corps avait été retrouvé un mois plus tard dans une malle remplie de béton. Une macabre découverte effectuée alors que les parents avaient d'abord tenté de faire croire à la disparition de leur fille sur le parking d'un McDonald's.
PLAINTE CONTRE L'ÉTAT
Hier matin, juste avant que la cour ne parte délibérer, les parents de Marina, qui ont cinq autres enfants dont quatre vivent désormais dans la même famille d'accueil en Sarthe, ont repris une dernière fois la parole. "Je voudrais dire que tout au long de ce procès, je n'ai pas trouvé les mots, le pourquoi et le comment de ce que j'ai pu faire à ma fille. J'ai été une maman cruelle", reconnaît Virginie Darras, sortant enfin des formules fuyantes et du mutisme dans lequel elle est restée enfermée tout au long des audiences. Elle s'adresse ensuite directement à sa fille : "Marina, je t'ai aimé jusqu'au jour où tout a basculé. Je t'ai négligée, humiliée, jusqu'à te torturer et toi, tu nous as aimés jusqu'à nous protéger. Je ne mérite pas ton pardon."
Interrompue par des sanglots, elle poursuit : "Crois-moi ! Tout au long de ma peine, je chercherai comment et pourquoi j'en suis arrivée là. Pour toi et pour tous les enfants. Je sais qu'ils souffrent et qu'ils souffriront longtemps. Je veux qu'ils soient heureux ches les D. C'est une bonne famille d'accueil. Voilà monsieur le président."
Moins loquace, Éric Sabatier a seulement exprimé le souhait "d'arriver un jour à pouvoir dire pardon à mes enfants, à trouver les mots pour les aider à se reconstruire. J'espère que vous pouvez me faire confiance."
Onze jours de procès n'ont néanmoins pas permis de faire toute la lumière sur les dysfonctionnements institutionnels qui se sont régulièrement invité dans les débats de la cour d'assises.
Entre la rentrée scolaire de Marina à l'école maternelle de Parennes à l'automne 2007 et le mois de juillet 2009, de nombreux signaux d'alarme auraient pû permettre de la tirer des griffes de ses tortionnaires.
La justice, qui a classé sans suite un premier signalement en octobre 2008, et le service de la protection de l'enfance du conseil général qui n'a pas pris la mesure des multiples alertes, restent dans la ligne de mire des quatre associations de protection de l'enfance, parties civiles au procès. Action au civil ? Au pénal ? L'affaire dite Marina semble loin d'être close.
Avocat de La Voix de l'enfant, Me Francis Szpiner a en effet confirmé dans sa plaidoirie son intention de déposer plainte contre X. Une procédure au pénal qui pourrait viser le conseil général de la Sarthe à deux titres : la non-assistance à personne en danger et la non-dénonciation de crime ou délit.
De son côté, Me Pierre-Olivier Sur, conseil de l'association Innocence en danger qui avait tiré à boulets rouges sur les "fautes de service du parquet" a indiqué qu'il allait déposer plainte au civil contre l'État pour "dysfonctionnement des services et fautes lourdes en vertu de l'article L141 - 1 du code de l'organisation judiciaire [qui] prévoit la responsabilité de l'Etat pour faute lourde en cas de fonctionnement défectueux du service public de la justice."
De source http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/06/26/marina-je-t-ai-negligee-humiliee-jusqu-a-te-torturer-et-toi-tu-nous-as-aimes-jusqu-a-nous-proteger_1724853_3224.html
Les mères d'Erane et Andy portent plainte
AFP Mis à jour le 28/06/2012 à 12:05 | publié le 28/06/2012 à 11:45
Les mères des deux cousins retrouvés noyés dans une piscine privée d'Eysines (Gironde) ont déposé une plainte pour homicide volontaire, alors que la police semble pour sa part privilégier la thèse de l'accident, a-t-on appris aujourd'hui de source proche du dossier.
Les mères d'Erane et Andy, deux cousins âgés de sept ans retrouvés morts mardi dans la piscine de la maison où leur absence a été constatée samedi, déclenchant sur le moment d'importantes recherches dans cette ville proche de Bordeaux, ont déposé cette plainte contre X mercredi auprès du commissariat de la capitale girondine.
Auparavant le père d'Erane, Pierre-Alain Sylva, avait dans un message adressé à l'AFP indiqué que certains proches ne voulaient pas croire qu'il pouvait s'agir d'un accident: "Nous ne croyons pas à la thèse de l'accident. Pas du tout", a-t-il déclaré.
Il appartient désormais au parquet de déterminer si cette plainte est recevable et si suffisamment d'indices allant dans le sens d'un acte criminel justifient l'ouverture d'une information judiciaire comme le souhaitent les deux mères.
Les enquêteurs de la police judiciaire semblent pour leur part privilégier la thèse d'un accident, intervenu suite à un enchaînement dramatique d'événements. Les enfants auraient quitté la maison avant 18h samedi. Ils seraient revenus dans la soirée pendant le match de foot France-Espagne diffusé entre 20h35 et 22h40 et seraient tombés accidentellement dans la piscine sans que les occupants de la maison ne s'en aperçoivent, en tentant peut-être d'attraper un ballon tombé dans l'eau.
Ils n'ont été découverts que mardi dans la piscine très sale, les corps des noyés ne remontant parfois pas à la surface avant 48h, son eau n'ayant pas été vidée dans le cadre de l'enquête.
De source http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/06/28/97001-20120628FILWWW00455-les-meres-d-erane-et-andy-portent-plainte.php