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Tunisie : deux Femen françaises condamnées à 4 mois de prison ferme
NDLR : « Leurs avocats français ont fait eux aussi de la résistance » ? Il ne fallait pas bouder le prétoire, mais s'y rendre, et faire confiance à la justice, ce que Hollande devrait prochainement nous rappeler, puis faire appel, patienter et espérer, etc, etc. Quatre mois alors qu'elles en risquaient 6 ou plus, ça va ; ils s'écouleront très vite
Société
Tunisie : deux Femen françaises condamnées à 4 mois de prison ferme
Le Parisien | Marie-Pia Rieublanc | 12.06.2013, 16h30 | Mise à jour : 22h37
Les deux Femen françaises Pauline Hillier et Marguerite Stern (23 et 27 ans), ainsi que leur consoeur allemande Joséphine Markmann (19 ans), ont été condamnées à quatre mois et un jour de prison ferme ce mercredi par le tribunal de Tunis. Arrêtées le 29 mai après avoir manifesté seins nus dans la capitale tunisienne, elles comparaissaient pour «atteinte aux bonnes moeurs et à la pudeur» et risquaient jusqu'à six mois d'incarcération.
Après quatorze jours déjà passés derrière les barreaux en détention provisoire, les activistes «sextrémistes» craignaient de voir leur procès à nouveau reporté, comme ce fut le cas la semaine dernière. Mais elles ne s'attendaient pas à une telle sentence. Leurs avocats français, maîtres Patrick Klugman et Yvan Terel, réclamaient «de manière claire et absolue la libération de (leurs) trois clientes», dont l'action du 29 mai visait à réclamer la libération d'Amina Sbouïa, une Femen de 19 ans arrêtée à Kairouan (sud de Tunis) dix jours plus tôt après avoir participé à une manifestation anti-salafistes et toujours en détention provisoire.
«La brutalité de cette sentence augure du climat de violence dans lequel va se dérouler le procès de la tunisienne Amina» s'insurge Inna Shevchenko, porte-parole des Femen contacté par le Parisien, avant d'ajouter : «Trois européennes, condamnées à de la prison ferme pour des démonstrations topless en faveur de la paix, reste un terrible message envoyé au monde. Cette condamnation démontre une fois de plus que le Printemps Arabe a été confisqué par les islamistes. Mais rien ne nous arrêtera, notre action va devenir encore plus forte» prévient la Femen.
«Alors que nous espérions une mesure de clémence, nous ne pouvons que regretter la sévérité de cette peine», a pour sa part concédé le Quai d'Orsay. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a également déploré «la sévérité» de la justice tunisienne, et précisé que les deux militantes françaises continueraient à «bénéficier de la protection consulaire» en Tunisie.
Les Femen ont revendiqué leur action
De fait à Tunis, dès l'ouverture de l'audience, les activistes, vêtues d'un sefsari, le vêtement que doivent porter les femmes justiciables en Tunisie, ont revendiqué leur action. «Dévoiler nos seins n'est pas fait pour créer une excitation sexuelle mais il s'agit d'une forme de militantisme», s'est défendu Marguerite devant les magistrats. De son côté, l'Allemande Joséphine a laissé entendre qu'elle était prête à recommencer si cela était nécessaire. «Je me réjouis de chaque opportunité pour exprimer mes positions politiques», a-t-elle répondu au juge qui l'interrogeait sur ses intentions de récidive.
De leur côté, les avocats de plusieurs associations islamiques présentes lors du procès ont fustigé la manifestation dénudée des Femen. «C'est l'islam qui honore la femme et lui offre sa liberté et non le fait de se dévêtir», a critiqué l'un des avocats, Me Slah Khlifi. Un autre, Me Monaam Turki, a estimé que l'action des trois féministes pouvait être qualifiée de «tentative d'atteinte à la sûreté de l'État», pour lequel l'article 71 du code pénal prévoit un an de prison. «Une femme libre préfère être affamée que de manger grâce à ses seins», a lancé un autre avocat, citant un proverbe arabe.
Femen et avocats mobilisés
Femen étant un réseau international, plusieurs actions ont eu lieu ce mercredi pour réclamer la libération des trois activistes. A Bruxelles (Belgique), elles ont manifesté devant le Parlement européen et devant l'ambassade de Tunisie à Madrid (Espagne). Seins nus, en short, et coiffées d'une couronne de fleurs comme à leur habitude, les militantes solidaires portaient des pancartes sur lesquelles ont pouvait lire «prières pour les féministes» ou «le combat est un droit».
Leurs avocats français ont fait eux aussi de la résistance. Pour protester contre le fait que les «droits de la défense n'aient pas été garantis», ils ne sont pas venus à l'audience à Tunis ce mercredi. Ils ont assuré qu'en cas de condamnation, ils viendraient «immédiatement à Tunis pour amplifier la mobilisation internationale, surtout dans la perspective de la venue de François Hollande». Le président français doit en effet se rendre à Tunis début juillet.