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"L'aide sociale à l'enfance ne doit pas rester un angle mort du débat public"
Par Marie Vaton
Publié le 30-09-2014 à 07h53, NouvelObs
Enfants placés de façon abusive, négligences… Au moment où une proposition de loi et un livre choc ouvrent le débat sur l'aide sociale à l'enfance, la secrétaire d'Etat à la Famille, Laurence Rossignol, promet un travail de fond. Interview.
Une proposition de loi qui vient d'être dévoilée au Sénat, un livre noir, "Enfants en souffrance… La honte" : on a le sentiment que la protection de l'enfance est enfin en train d'émerger dans le débat public. Qu'en pensez-vous ?
- Effectivement, mais je n'ai pas attendu ce livre pour m'emparer de ce dossier. L'Aide sociale à l'enfance n'est ni un tabou ni une omerta, mais un angle mort. Le débat démocratique porte rarement sur l'aide sociale à l'enfance, qui est une politique publique relevant des départements. Personne ne descend dans la rue pour dénoncer ou revendiquer, ni les enfants, et rarement leurs parents. Et il n'y a pas d'évaluation des politiques publiques sur l'aide sociale à l'enfance, exception faite du rapport qui sera remis par l'Igas sur ce sujet. Ce que je veux, c'est sortir ce dossier de cet angle mort pour le rendre visible et engager un travail de fond avec tous les acteurs. C'est un secteur qui a son propre fonctionnement et ses habitudes, sa propre doctrine.
Que dit cette doctrine ?
- Par exemple, il y a le fait de vouloir privilégier à tout prix les liens de l'enfant avec sa famille biologique. Cela fait suite à une période très noire où la Ddass était accusée de casser les familles. Aujourd'hui, le maintien de l'autorité parentale contre vents et marées quand les parents biologiques ne sont plus en situation de s'occuper de leur enfant peut leur être très défavorable.
Quelles sont les solutions envisageables ?
- L'adoption est un mot qui fait peur parce qu'on croit, à tort, qu'il signifie exclusion et substitution des parents biologiques. On est incapable d'imaginer des solutions de parenté nouvelles qui n'effacent pas la famille d'origine mais favorisent l'adoption simple, aujourd'hui impossible quand les parents conservent l'autorité parentale. La difficulté est de trouver le point d'équilibre. On entend régulièrement dire que 50% des placements pourraient être évités. Pourtant, de nombreux faits divers dramatiques révèlent que des enfants ont été maintenus, malgré un ou des signalements, dans leurs familles. Ce chiffre illustre bien la complexité de ce dossier, avec des placements abusifs d'un côté et des négligences de l'autre.
Avez-vous prévu de vous atteler à ce dossier ?
- Oui. Nous avons déjà élaboré un calendrier. Je veux donner de la visibilité à ces politiques. Ma première démarche consiste à écouter les gens qui conduisent ces politiques qui mobilisent beaucoup d'argent public (7 milliards d'euros). Je vais donc réunir prochainement les présidents de conseils généraux pour une première réunion de travail, dans le but de restituer la manière dont les élus chargés de l'aide sociale à l'enfance (ASE) travaillent. Ensuite, ce sera au tour des travailleurs sociaux, des associations gestionnaires des foyers, et aussi des personnes qui sont passées par l'ASE, comme Lyes Louffok. C'est la première fois que leur parole sera prise en compte et c'est une chose importante.
En 2009, la Cour des Comptes s'alarmait de l'absence de contrôle, elle évoquait en moyenne un contrôle tous les 26 ans. Peut-on envisager de créer un Conseil national et interministériel de la protection de l'enfance qui superviserait les centres d'accueil de l'ASE, comme le proposent les sénatrices Michèle Meunier (PS) et Muguette Dini (UDI) dans leur proposition de loi ?
- Avant de faire une nouvelle loi, j'ai d'abord besoin de comprendre ce qu'il se passe. Il faut être cohérent : je ne peux pas recueillir la parole des professionnels tout en les soupçonnant d'emblée de mal faire. En outre, il existe déjà des organismes de recueil, comme les inspections, ou d'observation, comme l'Oned (Observatoire national de l'enfance en danger). Mais il est vrai qu'il n'existe pas de fichiers centraux des informations préoccupantes, ce qui complique la mise en œuvre de ces interventions.
Comme je l'ai dit, je veux engager un travail de fonds sur ces questions dont les médias ne parlent que lors des faits divers. Une question, en particulier, me taraude : celle des jeunes gens qui vivent dans la rue. Des études montrent que 40% sont issus de l'ASE. Or, on les voit ces jeunes gens, et puis on les oublie. Il est vrai qu'ils ne coûtent rien à la société et que, plus triste, ils ne demandent rien…
Propos recueillis par Marie Vaton - Le Nouvel Observateur
2 commentaires
:-) @Romain__V @27point7 A la maison, de mémoire, ou de réserve. A chacun ses devoirs! pic.twitter.com/KEAG9f4LUU
— Bruno Kant (@bkant) 24 Octobre 2014
"Dans un commissariat parisien, elle est éconduite : «Ils ne m’ont pas du tout prise au sérieux. Ils m’ont dit que c’était quelqu’un de haut placé et qu’on ne pouvait pas porter plainte comme ça.» @prefpolice https://t.co/dHrEUPXxxQ
— Bruno Kant (@bkant) November 7, 2019