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Tribune
Pourquoi nous demandons au Conseil d’Etat d’annuler les élections régionales
Par Thomas GUÉNOLÉ, politologue et Jérémy Afane-Jacquart, avocat au barreau de Paris
30 novembre 2015 à 18:20, Libé, ce tract de gauche...
Chacun doit avoir conscience que maintenir ces élections, les 6 et 13 décembre 2015, serait une faute morale et civique extrêmement grave.
Au nom du droit des électeurs français à la sûreté, et au nom de leur droit à la libre expression du suffrage, nous avons l’honneur de demander au Conseil d’Etat l’annulation des élections régionales des 6 et 13 décembre 2015. L’action a été officiellement entamée ce jour.
Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint Denis constituent un «acte de guerre». Le président de la République les qualifie ainsi le 14 novembre dans un message radiotélévisé à la Nation. Le 16, lors de son discours devant le Parlement réuni en congrès, il affirme que «la France est en guerre». Entre-temps, il décrète l’état d’urgence en application de la loi du 3 avril 1955, conformément à son article 1er qui le rend notamment possible en cas de «péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public». Saisi pour avis, le Conseil d’Etat confirme le 17 qu'«eu égard à la nature de l’attaque dont a été victime notre pays et à la persistance des dangers d’agression terroriste auxquels [le pays] demeure exposé», «la déclaration de l’état d’urgence, comme sa prolongation pendant trois mois, sont justifiés».
Le précédent de 1955
On a bien raison de comparer cette situation gravissime à la guerre d’Algérie. C’est en effet dans le contexte d’alors, sous la menace grave et persistante d’attentats, qu’est adoptée la désormais célèbre loi de 1955. En même temps qu’elle crée la possibilité de faire appel à l’état d’urgence et définit son régime juridique, elle l’instaure pour une durée de six mois. Le 7 août 1955, la menace demeurant prégnante, une nouvelle loi le prolonge d’encore six mois. Cependant des élections générales sont prévues en Algérie française le 2 janvier 1956. Le gouvernement décide alors de reporter ces élections, par un décret du 12 décembre 1955. Le motif de cette décision est frappé au coin du bon sens: les «circonstances exceptionnelles qui rendent impossible, actuellement, le déroulement d’opérations électorales libres et sincères». De fait, «ces circonstances constituent un cas de force majeure obligeant le gouvernement à prendre, sous sa responsabilité, la décision d’ajourner les élections prévues pour le 2 janvier 1956».
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. En 2015 comme en 1955, si la persistance de la menace terroriste dans toute la France justifie l’état d’urgence décrété sur tout le territoire national, alors cette menace comme ce régime d’exception «rendent impossible, actuellement, le déroulement d’opérations électorales libres et sincères». Par conséquent, les élections régionales des 6 et 13 décembre 2015 doivent être annulées, pour avoir lieu plus tard, lorsque l’état d’urgence aura été levé.
Du reste, il serait à la fois absurde et indéfendable que les élections municipales de 2008 aient été reportées pour cause d’encombrement du calendrier électoral, que les actuelles élections régionales l’aient déjà été pour cause de redécoupage des régions, mais qu’ensuite les mêmes élections soient maintenues en plein péril majeur terroriste posé sur tout le territoire national.
Une atteinte au principe de sûreté
Chacun doit avoir conscience que maintenir ces élections à ces dates serait une faute morale et civique extrêmement grave. Les enjeux soulevés ne sont en effet ni secondaires ni facultatifs: ils engagent nos droits fondamentaux de citoyens. Sous le coup d’une menace terroriste majeure sur tout le territoire national, convoquer les électeurs en autant de rassemblements publics dans des bureaux de vote trop nombreux pour être tous sécurisés constitue, objectivement, une mise en danger physique des millions de Français appelés aux urnes. C’est donc une atteinte au principe de sûreté proclamé par l’article 2 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. En outre, la menace et le régime d’exception de l’état d’urgence empêchant des élections libres et sincères, il y a atteinte au droit à la libre expression du suffrage, qui repose sur l’article 3 de la Déclaration de 1789, ainsi que sur les articles 2 et 3 de la Constitution française.
Nous voulons croire qu’en l’espèce, le Conseil d’Etat, comme tant de fois par le passé, saura être à la hauteur de ses responsabilités historiques en défense de nos droits et de nos libertés démocratiques. C’est pourquoi nous avons décidé d’y déposer une requête lui demandant, en conscience, d’annuler les élections régionales des 6 et 13 décembre 2015.
Requête consutable: http://docdro.id/OgiuBAt
Thomas GUÉNOLÉ politologue , Jérémy Afane-Jacquart avocat au barreau de Paris
13 commentaires
Voila, c'est ça @InterPJ @JPGarraud @jpdeniau le futur: une chaine Administrative et pénale d'exception, pour l'après #etatdurgence
— Bruno Kant (@bkant) 4 Décembre 2015
Il faudra que ce soit mieux que les parquets financiers, @JPGarraud @jpdeniau qu'ils ne dorment pas dans un coin, dépourvus de moyens :-)
— Bruno Kant (@bkant) 4 Décembre 2015
Un militant en "garde à vue psychiatrique" https://t.co/RgW8EiXwpM cc @isabell97789125 @JPGarraud @jpdeniau #COP21 #etatdurgence
— Bruno Kant (@bkant) 4 Décembre 2015
Nouvel interview, bien complet, concernant mon projet. Ce sera difficile pour le gouvernement de me "voler" la... https://t.co/CcRIO0qvl5
— Jean-Paul GARRAUD (@JPGarraud) 3 Décembre 2015
Ma tribune publiée à l'instant dans le Figarovox! Le Président Hollande va devoir prendre position... https://t.co/oZc6xO7dN1
— Jean-Paul GARRAUD (@JPGarraud) 2 Décembre 2015
Mon interview dans "le Monde".
C'est très important que les médias relayent mes propositions.
Je suis le seul à... https://t.co/7ePqtHb9tL
— Jean-Paul GARRAUD (@JPGarraud) 30 Novembre 2015
Le Monde.fr | 30.11.2015 à 11h24 • Mis à jour le 30.11.2015 à 11h25
Jean-Paul Garraud, ancien secrétaire national de l’UMP à la justice, propose la création d’un parquet national antiterroriste sur le modèle du parquet national financier qui existe depuis près de deux ans. Une cour d’assise spéciale permanente lui serait adjointe pour juger rapidement et sans possibilité d’appel. Désormais avocat général auprès de la cour d’appel de Poitiers, l’ancien député de la Gironde qui faisait partie de la droite populaire, ne « veu(t) pas attendre 2017 » pour faire des propositions de réforme.
Vous proposez une réforme du parquet antiterroriste. N’y-a-t-il pas des sujets plus urgents ?
Nous sommes en guerre contre une organisation terroriste internationale [l’Etat islamique] qui a ciblé la France et qui prépare d’autres attentats. Elle y parviendra si nous ne sommes pas à la hauteur de l’enjeu. Il nous faudra de longues années de lutte. Il faut s’y préparer et agir dans le respect des règles de la démocratie, c’est bien là toute la question. La démocratie est par nature fragile. Pour se défendre elle ne dispose que d’une arme : la loi. Celle-ci est, en l’état, totalement insuffisante.
En quoi la loi est-elle insuffisante ?
La preuve ? Le gouvernement utilise le cadre administratif de l’état d’urgence qui a forcément ses limites, dans la durée et dans l’efficacité des mesures à long terme. C’est donc vers la loi et le judiciaire qu’il faut se tourner résolument pour gérer le temps long. Or cet aspect est absent du discours politique actuel, obnubilé par l’instant présent. Une réforme s’impose pour prendre la suite de l’état d’urgence, qui s’achèvera fin février 2016. Pas besoin d’une réforme constitutionnelle, déjà critiquée, et qui est lourde à mettre en œuvre.
Que proposez-vous ?
L’état permanent d’une menace d’un tel niveau implique l’organisation d’un système répressif permanent. Ce dispositif pérenne indispensable doit être placé sous le contrôle d’une autorité judiciaire spécialement désignée et organisée à cette fin. En effet, seule l’autorité judiciaire est en mesure de porter atteinte sur le long terme aux libertés car elle est justement garante de celles-ci.
C’est un peu contradictoire…
C’est au contraire d’une totale logique. L’autorité judiciaire, gardienne des libertés publiques et donc de la sécurité, première des libertés, est la seule habilitée en démocratie à porter atteinte aux libertés individuelles. Raison pour laquelle l’exécutif a des pouvoirs limités en ce qui concerne le répressif. Le bras armé du combat contre le terrorisme est constitué par les forces de l’ordre, le judiciaire leur donnera les moyens légaux d’agir mais, bien sûr, il ne s’agit pas du droit commun. Or le dispositif sur lequel nous fonctionnons date de 1986, alors que le terrorisme a complètement changé.
Concrètement, que faut-il changer ?
Malgré le travail remarquable mené par le procureur de Paris [François Molins] et sa section antiterroriste, composée seulement de neuf magistrats spécialisés [l’effectif vient d’être porté à treize magistrats permanents, auxquels s’ajoutent des volontaires temporairement détachés depuis le 13 novembre], force est de constater qu’une nouvelle organisation et des compétences élargies sont nécessaires. A l’instar de la création, par la loi du 6 décembre 2013, du procureur de la République financier, la section antiterroriste du parquet de Paris devrait être transformée en un véritable parquet national dirigé par un procureur national antiterroriste aux moyens matériels, légaux et humains renforcés.
Lire aussi : Le procureur François Molins, la voix des attentats
Mais, la section antiterroriste du parquet de Paris a déjà une compétence nationale…
A la différence des attributions du procureur de Paris, le procureur national aurait pour unique mission la lutte contre le terrorisme. Ce serait la garantie d’un investissement total. Il disposerait d’un nombre conséquent et pérenne de magistrats spécialisés et serait doté d’un maillage territorial fort avec des antennes régionales positionnées auprès des juridictions interrégionales de lutte contre la criminalité organisée.
Ses prérogatives seraient améliorées en ce qui concerne les contrôles d’identité et les fouilles de véhicules, la géolocalisation, les écoutes, les perquisitions, les assignations à résidence, les parcours et origines des étrangers en séjour irrégulier. Cette organisation, tournée vers une prévention et une répression renforcées, devrait être couplée avec une autre structure pérenne, celle du jugement de ces crimes terroristes.
Il existe déjà une cour d’assise spéciale uniquement composée de magistrats professionnels pour juger des actes de terrorisme…
A un acte de guerre doit répondre un acte de justice tout aussi fort. Or la procédure criminelle n’est pas du tout adaptée à cette exigence. Les faits juridiquement les plus graves ne sont pas forcément les plus complexes. Ainsi, la réponse pénale devrait pouvoir intervenir vite. La cour d’assises permanente spéciale, composée de magistrats professionnels, statuant en premier et dernier ressort, se prononcerait rapidement sur les culpabilités et fonctionnerait en parfaite complémentarité avec le parquet national antiterroriste, dans une même unité de temps, de lieu et d’action.
L’absence d’appel et la proximité de cette cour avec le parquet ne sont-ils pas contraires aux principes de la Convention européenne des droits de l’homme ?
D’autres pays se sont affranchis de ces règles. La réforme proposée s’inscrit dans une logique d’efficacité et de respect de nos règles démocratiques en plaçant l’autorité judiciaire au centre du dispositif. Elle crée un continuum permanent et spécialisé entre les organes d’enquête, de poursuite et de jugement, une véritable chaîne pénale dans un domaine hautement sensible, celui de la sécurité de l’Etat et de nos concitoyens. Elle ne nécessite pas de réforme constitutionnelle et devrait s’instaurer dès la fin de l’état d’urgence pour en prendre le relais.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Jacquin
De source http://mobile.lemonde.fr/police-justice/article/2015/11/30/creons-un-veritable-parquet-national-antiterroriste_4820458_1653578.html?xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F
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— Bruno Kant (@bkant) 4 Décembre 2015
C’est officiel : la France envisage d’enfreindre les Droits de l’Homme https://t.co/4CibzqHcgU pic.twitter.com/P2WDA4oiu6
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"Pour anéantir les djihadistes, le chef de l'État est, cette fois-ci, prêt à briser bien des tabous idéologiques" https://t.co/KI6VlRDuWw
— Bruno Kant (@bkant) 4 Décembre 2015
#Regionales2015 le dernier meeting de Claude Bartolone, une veillée funéraire https://t.co/EsxH2sEgqP #avecBarto #LOL #etatdurgence
— Bruno Kant (@bkant) 4 Décembre 2015
Rejet. Affaire suivante. https://t.co/PegiaXBFA8 cc #Montpellier @clemgiu @michel_delean @JuliaPascualita pic.twitter.com/BHFAqpSAlF
— Bruno Kant (@bkant) 5 Décembre 2015
#VFGouv @gouvernementFR On fait comment si après une perquisition, ce qui servirait à la contester a été détruit ou saisi? #etatdurgence
— Bruno Kant (@bkant) 5 Décembre 2015
#etatdurgence Sur "la #gauche et ses trompettes mal embouchées" :-) https://t.co/QchdbEWDRm pic.twitter.com/mo6NOKMJ5p
— Bruno Kant (@bkant) 5 Décembre 2015
Le #FN va être aux alentours de 7 millions de voix. Le 21 avril 2002, Le Pen avait fait 4,8 millions... #regionales2015
— David Medioni (@davidmedioni) 6 Décembre 2015
#Regionales2015 Résultats définitifs du 1er tour #AFP pic.twitter.com/G7le0g32mM
— Agence France-Presse (@afpfr) 7 Décembre 2015
Etat d’urgence : Un élu FN apporte son soutien à l’imam de Montpellier assigné à résidence https://t.co/16A0xngIu3 via 20minutes
— Caroline Fourest (@CarolineFourest) 6 Décembre 2015