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L'Australie présente ses excuses
AUSTRALIE • La "génération volée" obtient réparation
Un article de Courrier International
Actualités : asie >> 6 août 2007
Un Aborigène enlevé à sa mère à l'âge de 1 an dans le cadre de la politique d'assimilation forcée menée dans les années 1950 vient de recevoir 525 000 dollars (330 000 euros) à titre de dédommagement. C'est la première fois que la justice australienne indemnise une victime de la "génération volée".
Une dizaine d'années après la publication du rapport "Bringing them Home", qui a fait connaître au grand public la tragédie des enfants aborigènes volés, la Cour suprême d'Australie-Méridionale est la première juridiction du pays à reconnaître aux victimes un droit à l'indemnisation. Cette décision de justice historique stipule que Bruce Trevorrow, 50 ans, a été victime de traitements illégaux et soumis à une détention abusive en étant retiré à sa famille et placé dans une famille blanche en 1957, alors qu'il n'avait que 13 mois.
La décision du juge Thomas Gray devrait faire jurisprudence. Les dirigeants aborigènes ont salué cette sentence et l'ont qualifiée de victoire. "Je veux dire au gouvernement australien et au peuple australien qu'il est temps pour eux d'accepter l'histoire de leur pays", a déclaré Lowitja O'Donoghue, l'ancienne présidente de l'ATSIC, la Commission pour les Aborigènes et les insulaires du détroit de Torres. "Il est temps de comprendre que la génération volée a bel et bien existé au lieu de se perdre dans les querelles historiques qui font rage depuis la publication du rapport 'Bringing them Home'."
Bruce Trevorrow a été séparé de sa mère en décembre 1957 lors de son admission à l'hôpital pour enfants d'Adélaïde pour une gastro-entérite. Plus de six mois plus tard, sa mère écrivait à la Commission de protection des Aborigènes, pour récupérer son fils : "Je vous écris pour savoir si mon fils Bruce va bien et quand il va rentrer, demandait-elle dans sa lettre en juillet 1958. Je n'ai pas oublié que j'ai un bébé là-bas." Malheureusement, l'enfant avait déjà été confié à une autre famille. La commission a choisi de mentir, a-t-on appris au tribunal, et lui a répondu que son fils "allait mieux" mais que les médecins devaient encore le garder pour son traitement.
Le jugement comporte 300 pages, et il a fallu dix-huit mois au juge Thomas Gray pour rendre son verdict. Il a établi pour la première fois qu'enlever un enfant à sa famille dans ces circonstances constituait un emprisonnement abusif et un manquement de l'Etat à son devoir de protection des citoyens. M. Trevorrow, qui vit à Bairnsdale et souffre de dépression chronique depuis son plus jeune âge, a encouragé les autres membres de cette génération volée à suivre son exemple. "Continuez, c'est tout ce que j'ai à vous dire", a-t-il déclaré à la sortie du tribunal.
M. Trevorrow a précisé que cette somme, qui lui servira à rembourser le crédit de sa maison, signifie que l'Etat reconnaît enfin ses souffrances. "Evidemment, cet argent ne me rendra pas ce que j'ai perdu", a-t-il ajouté. Il a confié que sa vie n'avait été qu'une succession de hauts et de bas. Interné plusieurs fois, il a fait de la prison, est devenu alcoolique et a souffert toute sa vie de dépression. "J'étais incapable de remonter la pente." Bien que sous le choc des événements, il s'est dit heureux de savoir que la justice reconnaissait que l'Etat avait mal agi. "Le temps est venu pour moi d'avoir l'esprit en paix."
Le tribunal a admis que sa famille adoptive l'avait traité comme un des siens et s'était bien occupée de lui, qu'il n'avait pas souffert de malnutrition ni de mauvais traitements – il allait à l'église avec eux et participait aux activités familiales. C'est à l'âge de 3 ans que de graves problèmes psychologiques sont apparus. Il a souffert notamment de trichotillomanie, un comportement qui conduit les enfants à s'arracher les cheveux de manière compulsive. Les médecins diagnostiquèrent une dépression. Il avait un retard de langage, mâchonnait ses vêtements, abîmait ses livres et volait. Sa famille lui disait qu'il était blanc. Sa peau foncée était attribuée à de lointains ancêtres.
Cette expérience empêcha M. Trevorrow de nouer des liens affectifs et son état empira quand il fut rendu à sa famille d'origine à l'âge de 9 ans parce que sa mère adoptive ne savait plus quoi faire de lui. Il a raconté devant le tribunal combien il avait été choqué de découvrir qu'il venait d'une famille aborigène alors qu'il croyait que sa mère était blanche.
Selon Fred Chaney, membre de la Commission australienne de réconciliation et ancien ministre des Affaires aborigènes, il est "regrettable que cet homme ait dû se rendre au tribunal pour obtenir réparation… Les Etats australiens ont publié un rapport recommandant qu'une solution administrative modérée soit trouvée mais, à l'exception de la Tasmanie, rien n'a été fait pour mettre en place cette décision. Vous voulez mon avis ? C'est une honte."
« Les excuses officielles », à lire sur letemps.ch
« Une Australie Blanche et Pure »
SYNOPSIS • Entre 1910 et 1970 plus de 100 000 enfants aborigènes ont été enlevés à leurs parents pour être confiés à des familles blanches qui les ont adoptés. Des centaines d’entre eux ont été abusés. D’autres se sont suicidés.
Pendant soixante ans, les plus hautes autorités australiennes, avec la complicité des différentes églises, ont froidement et discrètement planifié l’assimilation et à terme la disparition de tous les Aborigènes du pays.
Durant toute cette période, les Aborigènes à la peau très sombre sont déplacés et abandonnés dans les recoins les plus désertiques du pays tandis que ceux qui ont la peau un peu plus claire voient leurs enfants disparaître, enlevés par des officiers de police spécialement affectés à cette tâche. C’est avec la meilleure conscience du monde que ces crimes sont perpétrés, puisque c’est pour « sauver ces indigènes de leurs conditions de vie abominables et terriblement primitives » qu’ils sont enlevés.
Les familles blanches qui acceptent d’adopter ces enfants ont pour mission de les élever comme des Blancs de manière à leur faire oublier tout de leur histoire, de leur passé, de leur culture.
Depuis la publication en juin dernier du rapport de la Commission des Droits de l’Homme sur ce génocide, des milliers d’Aborigènes découvrent enfin la vérité. Mais ils n’ont plus d’histoire, plus de mémoire. Et beaucoup sont partis à la recherche de leurs vraies racines : une mère, un oncle, un frère, une sœur, un morceau de terre, une maison, une tombe... Quelqu’un ou quelque chose qui puissent redonner un sens à leur vie éclatée.
Ce film est leur histoire.
« Une Australie Blanche et Pure révèle le terrible destin dont les aborigènes furent les victimes. Avec force, le film fait voler en éclat la bonne conscience australienne pour ne laisser que la vérité accablante. Il dénonce ce qui est une solution finale sans effusion de sang, un goulag - pouponnière, un holocauste naturel. » Le Nouvel Observateur
De source littlebearproduction.com
D'un article à lire sur UN.org :
« Le spectre du racisme » : le racisme et les peuples autochtones
« Le racisme a été traditionnellement un drapeau servant à justifier les activités d'expansion, de conquête, de colonisation et de domination, et il a marché main dans la main avec l'intolérance, l'injustice et la violence. » • Rigoberta Menchú Tum, dirigeante autochtone du Guatemala et prix Nobel de la paix
L'Océanie, entre ordre colonial et avancées démocratiques : exemple de l'Australie
A la suite de nombreuses expéditions hollandaises, espagnoles et anglaises (J.Cook), le myhte du continent austral s'achève par une prise de possession anglaise unilatérale selon le principe de la Terra Nullius. Après 1783, Lord Sydney proposa au roi d'Angleterre de créer une colonie pénitentiaire à Botany Bay. Ainsi commença le destin de cette île continent, sans tenir compte des Aborigènes et dans un unique dessein : servir les intérets de la mère patrie.
D'un document pédagogique de source ac-noumea.nc.