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La Suède écoute enfin l’enfer des enfants placés
reportage
La Suède écoute enfin l’enfer des enfants placés
Libération, jeudi 25 octobre 2007, extrait
Un appel à témoins est lancé. Plus de 350 personnes ont déjà demandé à être entendues. «Je ne serais pas surpris si on atteignait le millier», avance Göran Johansson. Environ 100 000 enfants ont été placés par l’assistance publique en Suède, entre 1950 et 1980. Certes, ils n’ont pas tous été victimes de mauvais traitements. Mais «beaucoup sont morts ou vont trop mal pour témoigner», affirme Linda Styf, présidente de l’Association des enfants adoptifs de la société.
Fin août, la commission d’enquête a publié un rapport préliminaire, résumant le contenu des soixante premiers entretiens. Göran Johansson avoue avoir été choqué que «la méchanceté puisse être aussi compacte et profonde». Il parle d’«impulsions diaboliques et sadiques» chez des adultes, chargés par l’Etat de protéger des enfants placés sous leur responsabilité. Annelie Hed, présidente de l’Association des familles d’accueil, n’est pas surprise. «C’était une autre époque. Les enfants étaient envoyés à l’autre bout de la Suède, sans aucun contrôle. C’était de la main-d’œuvre gratuite. Les châtiments corporels n’avaient pas encore été interdits.» En 1979, la Suède sera le premier pays au monde à bannir l’usage de la violence physique contre les enfants.
Droits de l’homme. En début d’année, l’association de victimes Enfance volée a intenté une action collective en justice, exigeant des excuses officielles et une compensation financière d’un million de couronnes (100 000 euros) par personne et par an. La plainte a été rejetée. Mi-juin, elle a déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme. La procédure pourrait prendre plusieurs années.