« Aude, Jamel et leurs bébés placés : le carnet rose vire au cauchemar | Le droit ne règle pas tout... et n'a pas vocation à le faire » |
La classification des nourrissons
Mémoires cliniques
Volume 45 2002/2, extrait
Nicole Guedeney, Anne Sophie Mintz, Catherine Rabouam, Annick Le Nestour,
Antoine Guedeney, Gisèle Danon, Martine Morales-Huet,
Frédérique Jacquemain, Sophie Roujeau
Nous ne pouvons ici présenter toute la richesse des réflexions et critiques sur la démarche classificatoire en général, et sur les systèmes de classification en particulier ; aussi nous limiterons-nous à illustrer ces questions des classifications par le champ de la psychiatrie de l’enfant de moins de 3 ans. Ce champ a, en effet, le mérite de mettre en exergue la défaillance des systèmes de classification actuels, et les défis posés par les essais de nouvelles démarches classificatoires.
Histoire des classifications et perspectives nouvelles en psychiatrie de l’enfant
Par Christian Mille
La lettre de l’enfance et de l’adolescence 2001-1 (no 43)
Page 91 à 97, extrait
Les premières descriptions des troubles mentaux de l’enfant
Plusieurs ouvrages consacrés à la « folie chez l’enfant » sont publiés en France et en Allemagne à la fin du xixe siècle. Des auteurs comme Moreau de Tours ou Mannheimer s’évertuent d’abord à démontrer qu’il est possible d’observer dans l’enfance des troubles analogues à ceux des adultes. Les mêmes hypothèses étiologiques sont avancées pour les désordres graves et les manifestations plus banales ; au même titre que les malformations, le bégaiement ou l’énurésie sont « attribués sans preuve aux méfaits du tréponème pâle ». La théorie de la dégénérescence défendue par Dupré est pareillement appliquée de manière extensive par Magnan aux troubles mentaux de l’enfant. Les aliénistes chargés d’accueillir dans leurs services les jeunes encéphalopathes cherchent surtout à établir des corrélations anatomo-cliniques.
Leurs essais de catégorisation répondent au seul objectif pragmatique de répartir les enfants entre les divers types d’établissement relevant des ministères de la Santé, de l’Instruction publique ou de la Justice. Le recours aux tests psychométriques introduits par Binet et Simon facilite l’orientation en fonction de l’âge mental ; sont ainsi nettement différenciés débiles et caractériels. Les débats scientifiques sont ailleurs. Les travaux marquants portent sur les formes infantiles de démence précoce dont sont minutieusement rapportées quelques observations.