« Les concepts de violence et de maltraitance institutionnelle | Il y a plusieurs manières de regarder les mêmes faits » |
Police, des chiffres et des doutes
Justice : la bombe à retardement
Dans les coulisses du tribunal de Bobigny
De Jean-Michel Décugis, Christophe Labbé et Olivia Recasens
Ed. Robert Laffont, 2007
Après le choc Place Beauvau, les mêmes auteurs s’attaquent à un sujet essentiel, au cœur des préoccupations de la campagne électorale.
PARIS (Reuters), 10 janvier 2008 - Le bilan des violences de la nuit de la Saint-Sylvestre en France s'élève à 878 voitures brûlées, fait savoir le ministère de l'Intérieur, estimant qu'il marque une "baisse sensible" de 2006 à 2007.
Ce chiffre représente cependant le double de ce qui avait été jusqu'alors annoncé officiellement et dépasse même un bilan établi par Europe 1 qui fait état de 746 voitures brûlées.
Police
des chiffres et des doutes
Jean-Hugues Matelly
Christian Mouhanna
Chez Michalon, 2007
Présentation de l'éditeur. Depuis de nombreuses années, la publication des chiffres de la délinquance, au même titre que ceux du chômage, sont devenus un moment clé de notre vie politique et médiatique. Après des années d’abattement lié à l’annonce de mauvais chiffres, on s’extasie désormais, depuis 2002, sur l’amélioration constatée avec soulagement par une presse souvent peu critique, qui relaie sagement un discours politique rassurant… La criminalité baisse, la « performance » policière s’améliore. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, les chiffres de la délinquance ne relèvent pas d’une approche scientifique, contrairement à ce qu’on voudrait nous fait croire. Cet ouvrage nous propose de plonger dans l’univers des commissariats et des gendarmeries où s’élaborent ces chiffres. À travers des exemples précis, il nous livre certaines des recettes utilisées pour construire les résultats souhaités en haut lieu. Plus généralement, il nous montre comment s’est construit un système qui, depuis le policier jusqu’au ministre, « piège » l’ensemble des participants. Produire les « bons chiffres » devient leur préoccupation principale, même si cela a des conséquences néfastes sur leur travail, même si cela signifie reléguer le public au second plan, même si cela nuit à la lutte contre la délinquance. Sous la dictature du chiffre, la réalité est inquiétante et chaotique.
Société
Un flic parle et sa hiérarchie s'emballe • Pression autour d'un policier qui s'est exprimé à l'occasion de la parution de son ouvrage.
Libé, mercredi 9 mai 2007, extrait
Trop indépendant ou trop bavard ? Philippe Pichon, 37 ans, commandant de police à Coulommiers (Seine-et-Marne) et auteur du livre Journal d'un flic, paru fin mars (Flammarion), irrite fort sa hiérarchie. Celle-ci lui reproche un triple manquement, «à l'obligation de réserve, au devoir de discrétion et à l'obligation d'avis à l'autorité publique», selon les termes d'une lettre de mise en garde que lui a adressée le 20 avril la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de Seine-et-Marne.
Philippe Pichon se voit principalement soupçonné de ne pas avoir prévenu ses supérieurs lorsqu'il assurait la promotion de son livre, au cours de laquelle il a donné une cinquantaine d'interviews en presse écrite, télévision et radio. «Faux, réplique Me Jean-Michel Baloup, l'avocat du policier, lequel ne souhaite pas s'exprimer publiquement. A chaque fois qu'il devait parler de son livre, mon client a informé sa hiérarchie. A elle de définir la faute.» Contactées par Libération, ni la DDSP de Seine-et-Marne ni la Direction générale de la police nationale n'ont souhaité s'exprimer.
PARIS (AFP), 30 avril 2007 - Le viol d'une gardienne de la paix dimanche à Bobigny (Seine-Saint-Denis), le second en six semaines, suscite une vive émotion parmi les policiers et ravive leur malaise mais les enquêteurs restent prudents sur un éventuel lien entre les deux affaires.
L'office statistique européen a réévalué à 8,8% le taux de chômage pour février, contre 8,4% annoncé par l'Insee jeudi. Jeudi le ministère de l'Emploi s'était félicité d'atteindre en février "le plus faible taux de chômage depuis 24 ans". Vendredi soir, sur LCI, Thierry Breton a demandé "d'arrêter de polémiquer" sur le sujet. • TF1/LCI, le 30/03/2007
PARIS (AP), 26 mars 2007 - Nicolas Sarkozy a quitté le ministère de l'Intérieur lundi sur une déclaration d'amour aux policiers avant de repartir en campagne présidentielle, "libre d'aller vers les Français".
BOBIGNY (AFP), 26 septembre 2006 - Le ministre de l'Intérieur a piqué une colère mercredi dernier à Bobigny devant les principaux responsables de la police en Seine-Saint-Denis, réunis après la divulgation d'une note alarmiste du préfet sur la délinquance dans le département, ont affirmé mardi des policiers.
Ces policiers, présents à cette réunion à huis clos qui a suivi un point presse du ministre à la préfecture, ont fait état "d'une forte excitation" de Nicolas Sarkozy et "de mots durs" à l'encontre des policiers et du préfet.
PARIS (AP), 25 septembre 2006 - A la demande du président de la République, le garde des Sceaux a réuni lundi à la Chancellerie les représentants de la police et de la justice de Seine-Saint-Denis. A l'issue de la réunion, Pascal Clément a annoncé quelques petites mesures pour améliorer la situation sur le terrain et la création d'un observatoire départemental de la délinquance.
"Nous nous sommes aperçus (...) que la police et la justice ne disposent pas des mêmes indicateurs", a souligné le ministre devant un dispositif médiatique dignes des sorties de son collègue de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. Dont la sortie la semaine dernière sur le laxisme supposé des magistrats de Bobigny était à l'origine de ce tour de table.
En réponse à cet affront, M. Clément a tenu à souligner que "l'ensemble des participants à la réunion", parmi lesquels le préfet de Seine-Saint-Denis Jean-François Cordet et le directeur général de la police nationale Michel Gaudin, "reconnaît les progrès effectués depuis plusieurs mois par les magistrats et les fonctionnaires" pour "répondre à la situation difficile".
Chiffres à l'appui, le ministre a fait une compilation des évidences allant de "tout acte de délinquance doit être puni" à "la sanction" qui doit "être prononcée rapidement et exécutée rapidement".
Pour y arriver, il compte envoyer sur le terrain 25 éducateurs supplémentaires, créer des permanences de la protection judiciaire de la jeunesse dans les quartiers les plus difficiles ou encore mettre en place un service spécifique dédié à l'exécution des peines prononcées à l'encontre des mineurs et allouer de nouveaux crédits aux associations.
Aucune date et aucun budget n'ont été donnés pour la réalisation de ces mesures.
Pour protester contre cette réunion convoquée à la hâte, le président du tribunal pour enfants de Bobigny a refusé d'y assister. L'Union syndicale des magistrats a également appelé au boycott regrettant "que cette réunion, manifestement destinée à apaiser la situation née des propos injustes, irresponsables et mensongers du ministre de l'Intérieur, voit son ordre du jour limité à une réflexion sur les problèmes de la Seine-Saint-Denis".
L'USM rappelle dans un communiqué "que la situation du tribunal de Bobigny, en termes de moyens humains et matériels pour faire face à la délinquance, notamment à celle des mineurs, pour dramatique qu'elle soit, n'est guère différente de celle des tribunaux voisins de Créteil, Nanterre, Evry, Melun, Meaux et Pontoise, tout comme de celle de nombreux tribunaux dans la France entière".
MENDE (AFP), 22 septembre 2006 - Le vol d'une paire de chaussettes, de bonbons et de magazines dans quatre magasins différents est la cause de la hausse de l'augmentation de 200 % des vols enregistrés au commissariat de Mende sur les six premiers mois de l'année, a-t-on appris de source proche du dossier.
Sur la même période de 2005, le commissariat de Mende n'avait enregistré qu'un seul délit de ce type : le vol d'un pot de yaourt dans un hypermarché, a-t-on précisé de même source. Les vols dans quatre magasins commis par un jeune homme ont donc fait exploser les statistiques.
Vingt-huit préfets ont été sollicités en juillet par la Direction générale de la police nationale (DGPN) pour expliquer la hausse des violences aux personnes, a révélé le journal Le Monde. La Lozère figure parmi ces départements.
Aucune instance officielle dans ce département n'a souhaité faire de commentaire après ces informations. "Il n'y a pas eu d'augmentation notoire des faits de délinquance et d'atteinte aux personnes", ont toutefois indiqué à un correspondant de l'AFP des sources proches du dossier.
La polémique née après ses accusations de "démission" contre la justice de la Seine-Saint-Denis ne le fait pas reculer. "Les Français savent bien que ce que je dis, c'est la vérité et innombrables sont les témoignages que j'ai reçus depuis hier pour me dire: 'enfin quelqu'un ose parler' ", a lancé Nicolas Sarkozy jeudi en fin d'après-midi. • TF1/LCI, le 22/09/2006
Bobigny : le verdict de l'inspection
LE MONDE | 22.09.06, extraits
Deuxième en France pour le nombre d'affaires traitées (plus de 200 000 par an), Bobigny est asphyxié par les procédures pénales et englué dans une pénurie chronique de moyens.
Un vaste audit du tribunal a été réalisé en 2005 par l'inspection générale des services judiciaires.
Bon élève malgré tout de la politique gouvernementale, Bobigny affiche un "taux de réponse pénale" de 83 % en 2005, en plein dans la moyenne nationale.
Mais, chez les magistrats qui affrontent le flot quotidien de la délinquance, "c'est le sauve-qui-peut", confie l'un d'eux, "car les gens travaillent trop, et mal".
PARIS (AP), le 21 septembre 2006 - Dominique de Villepin réunissait jeudi les ministres concernés par les banlieues après l'agression de deux CRS dans le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes (Essone) et le rapport du préfet de Seine-Saint-Denis s'inquiétant d'une recrudescence de la délinquance dans son département, a annoncé le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé.
PARIS (Reuters), le 21 septembre 2006 - Guy Canivet, premier président de la Cour de cassation et plus haut magistrat français, a demandé audience au chef de l'Etat après les propos de Nicolas Sarkozy sur la magistrature, qu'il voit comme une "atteinte à l'indépendance de l'autorité judiciaire".
04.10.2003 - Inauguration de l'observatoire de la délinquance
Discours de Monsieur Nicolas SARKOZY Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés locales
Mesdames et Messieurs,
La question de la crédibilité des statistiques de la délinquance est récurrente. Il semble d'ailleurs qu'elle suscite plus de polémiques lorsque les chiffres sont à la baisse que lorsqu'ils sont à la hausse…