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La Question humaine
Critique
"La Question humaine" : psychanalyse de l'économie libérale
LE MONDE | 11.09.07 | 17h08 • Mis à jour le 11.09.07 | 17h08
Troisième volet de la trilogie de Nicolas Klotz sur le monde actuel, La Question humaine contraste fortement avec les deux précédents. Alors que Paria se passait dans le monde des SDF, que La Blessure donnait la parole aux sans-papiers tout juste arrivés en France, La Question humaine prend place chez les riches, dans les arcanes d'une multinationale pétrochimique. Ambitieuse tant sur le plan esthétique qu'intellectuel, cette adaptation du roman du même nom de François Emmanuel propose une réflexion sur la nature du capitalisme contemporain ; et tient ses promesses, de bout en bout.
Les N. N.
Le décret et la procédure Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard)
par Joseph de La Martinière
préface de Germaine Tillon
Extraits des ordonnances des 7 et 12 décembre 1941 (décrets Nacht und Nebel)
de source www.defense.gouv.fr
"Le décret NN doit être appliqué aux cas : d'attentats à la vie et coups portés aux personnes ; d'espionnage ; de sabotage ; de menées communistes ; de fomentation de troubles ; d'avantages procurés à l'ennemi par aide portée au passage des frontières ; de tentative de gagner les forces armées ennemies ; d'aide portée aux membres des forces armées ennemies […] ; enfin en cas de détention illégale d'armes."
"Ces actes ne seront à juger dans les territoires occupés que s'il est probable que des peines de mort soient prononcées contre leurs auteurs principaux et que si les poursuites et l'exécution des condamnations à mort peuvent être menées avec le maximum de diligence."
"Les audiences des tribunaux en Allemagne, compte tenu des "menaces à la sécurité nationale", doivent se dérouler à huis clos et dans le secret le plus absolu."
Dans la termitière, plus insoluble encore parce que l'organisation y est plus complexe, nous retrouvons le grand problème de la ruche. Qui est-ce qui règne ici ? Qui est-ce qui donne des ordres, prévoit l'avenir, trace des plans, équilibre, administre, condamne à mort ? • La vie des termites, La puissance occulte, Maurice Maeterlinck, 1926
(...) chacun s'habitue sournoisement à l'horreur, cela rentre peu à peu dans les moeurs, et fera bientôt partie du paysage mental de l'homme moderne ; qui pourra, la prochaine fois, s'étonner ou s'indigner de ce qui aura cessé en effet d'être choquant ?
C'est ici que l'on comprend que la force de Nuit et Brouillard venait moins des documents que du montage, de la science avec laquelle les faits bruts, réels, hélas ! étaient offerts au regard, dans un mouvement qui est justement celui de la conscience lucide et quasi impersonnelle, qui ne peut accepter de comprendre et d'admettre le phénomène. On a pu voir ailleurs des documents plus atroces que ceux retenus par Resnais : mais à quoi l'homme ne peut-il s'habituer ? Or on ne s'habitue pas à Nuit et Brouillard ; c'est que le cinéaste juge ce qu'il montre, et est jugé par la façon dont il le montre.
Autre chose : on a beaucoup cité, à gauche et à droite, et le plus souvent assez sottement, une phrase de Moullet : la morale est affaire de travellings (ou la version de Godard : les travellings sont affaire de morale) ; on a voulu y voir le comble du formalisme, alors qu'on en pourrait plutôt critiquer l'excès "terroriste", pour reprendre la terminologie paulhanienne. Voyez cependant, dans Kapo, le plan où Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés electrifiés ; l'homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d'inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n'a droit qu'au plus profond mépris.
Jacques Rivette, "De l'abjection", in Cahiers du cinéma n°120, juin 1961
de source notremusique.blogspot.com
Messieurs, les choses affreuses que je viens de rappeler s’accomplissaient au milieu d’une société polie; la vie était gaie et légère, on allait et venait, on ne regardait ni au-dessus ni au-dessous de soi, l’indifférence se résolvait en insouciance, de gracieux poètes, Saint-Aulaire, Boufflers, Gentil-Bernard, faisaient de jolis vers, la cour était pleine de fêtes, Versailles rayonnait, Paris ignorait; et pendant ce temps-là, par férocité religieuse, les juges faisaient expirer un vieillard sur la roue et les prêtres arrachaient la langue à un enfant pour une chanson. (Vive émotion. Applaudissements.) • Du discours de Victor Hugo prononcé au théatre de la Gaité, le 30 mai 1878, de source voltaire-integral.com
SCANDALES ARTISTIQUES DU XXE SIECLE 9 - La censure de « La Religieuse »
Article publié le 26 Août 2006
Source : LE MONDE
Taille de l'article : 1358 mots
Extrait. 1966 : l'adaptation du roman de Diderot par Jacques Rivette est interdite par les pouvoirs publics. Faut-il brûler Denis Diderot ? C'est en ces termes abrupts que la question s'est posée en 1966, quand, plus de deux siècles après l'écriture de La Religieuse, Jacques Rivette a voulu adapter ce roman au cinéma. En 1760, l'écrivain fit, selon ses propres termes, « une effroyable satire des couvents ». Sur un mode épistolaire, il décrivit le sort de l'infortunée Suzanne Simonin, destinée par ses parents à l'état religieux sans qu'elle en ait la vocation. La religieuse tentera de quitter le couvent dans lequel on l'a enfermée et de recouvrer sa liberté.