« Discrimination : immorale mais pas condamnable | Plus d'un million de manifestants » |
MAM justifie les mutations du préfet et du directeur de la police
Les banques préservent les bonus de leurs traders
LE MONDE | 30.01.09 | 14h44 • Mis à jour le 30.01.09 | 17h08, extraits
"Les bonus, c'est un phénomène concurrentiel, si on dit aux traders qu'ils n'auront pas de bonus, on n'aura plus de traders !, résume le porte-parole d'un grand établissement. Sans compter qu'on ne peut pas modifier, en cours d'année, les avantages prévus par le contrat de travail."
[...] A l'avenir, sous la pression des gouvernements et des autorités de régulation, les banques s'engagent à faire évoluer le mode de calcul des bonus, afin de prendre en compte les performances des traders sur le moyen-long terme. Des réflexions seraient bien engagées à la Société générale, chez BNP Paribas et au Crédit agricole.
La mécanique actuelle est, en effet, accusée d'avoir contribué à la crise, en ayant incité à la prise des risques inconsidérés. Thomas Philippon, professeur à l'Université Stern de New York, souligne que "si les financiers n'ont pas toujours été surpayés, on observe deux périodes d'excès, en 1929 et... 2006 et 2007".
A profil équivalent, un salarié du secteur de la finance, qu'il soit établi à Wall Street à la City de Londres ou à Paris, gagnait en 2007 40 % de plus que dans les autres secteurs. Selon M. Philippon, les excès de 2006 et 2007 trouvent notamment leurs racines dans les politiques de dérégulation du secteur de la finance du début des années 1980. Pour Antoine Morgaut, directeur en France du cabinet de recrutement Robert Walters, il est urgent de réformer le système : "La crise nous offre l'opportunité de refonder le système, ne la manquons pas ! Cela fait des années que les traders sont associés aux bénéfices mais pas aux pertes."
NDLR : De mes photos
Alliot-Marie justifie les mutations liées à la visite chahutée de Sarkozy à Saint-Lô
LEMONDE.FR avec AFP | 30.01.09 | 15h49 • Mis à jour le 30.01.09 | 15h57
La ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, a justifié, vendredi 30 janvier, les mutations du préfet et du directeur de la police de la Manche, en évoquant "des appréciations pas tout à fait adéquates d'une situation", en l'occurrence les manifestations d'hostilité, le 12 janvier à Saint-Lô, lors de la venue du chef de l'Etat.
Mercredi 28, six mois après sa nomination, le préfet de la Manche, Jean Charbonniaud, avait été muté. Le lendemain, c'était au tour du directeur départemental de la sécurité publique, Philippe Bourgade, de subir le même sort.
"Il revient au ministère de l'intérieur de choisir les personnes qui conviennent à une situation donnée et à un moment donné", a déclaré Mme Alliot-Marie, en marge d'un déplacement en Corse. "Nous avons reçu des rapports de ces autorités [préfet et police] sur ce qui s'était passé et cela nous a conduit à les remplacer", a-t-elle poursuivi.
"ON NE PEUT PAS VIRER UN PRÉFET QUI N'A PAS COMMIS DE FAUTE"
Cependant, comme on lui demandait s'il s'agissait du "fait du prince", la ministre a répondu : "pas du tout". "Il y a eu sans doute un certain nombre d'appréciations qui n'étaient pas tout à fait adéquates d'une situation, et nous devons surtout, dans les temps actuels, avoir des gens qui soient à même de faire la juste appréciation à la fois de la situation et des mesures qui doivent être prises", a-t-elle ensuite ajouté.
Sur France Info, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a confirmé que "le déplacement du président ne s'était pas passé dans les meilleures conditions". "Mais pas uniquement pour le président, a-t-il ajouté. Nous avons également été alertés de la façon dont avaient été traités les manifestants eux-mêmes. J'imagine que cela a pu être pris en compte" dans la mutation du préfet. Lors des manifestations en marge de la venue du président, huit personnes avaient été blessées.
"Les préfets, bien sûr, sont à disposition du gouvernement mais on ne peut pas virer un préfet qui n'a pas commis de faute. Je trouve un petit peu lamentable ce geste-là", a déclaré, vendredi matin, Laurent Fabius, député PS de Seine-Maritime, sur France Inter.
Dans un classement établi par Le Figaro, et publié en juin 2008, Saint-Lô était arrivée en tête du palmarès de l'efficacité de la police en France (hors Paris), avec 27,4 faits élucidés par policier, soit plus du double de la moyenne nationale.
Denis Muzet : la crise développe "un profond sentiment d'injustice"
LE MONDE | 29.01.09 | 11h16 • Mis à jour le 29.01.09 | 12h41, extrait
Quelque 190 manifestations à l'appel de huit syndicats, des grèves dans les secteurs public et privé le 29 janvier : que peut faire Nicolas Sarkozy face au mouvement social ? Pour Denis Muzet, sociologue, président de l'Institut Médiascopie, il est urgent de "refonder le contrat moral et social".
Cesare Battisti, littérature et terrorisme, par Thomas Clerc
LE MONDE DES LIVRES | 30.01.09 | 12h53 • Mis à jour le 30.01.09 | 12h53, extraits
L'affaire Battisti n'est pas seulement politique, elle est aussi littéraire, et ce n'est pas faire injure à un homme qui est devenu écrivain que d'envisager la question ainsi. Dans les années 1970, quand Battisti frayait avec le terrorisme, il n'écrivait pas encore. Il croyait sincèrement (un terroriste est toujours sincère) qu'il fallait abattre des fascistes, parce que l'Italie, à ce qu'on lui avait raconté, n'était pas une démocratie mais sa parodie (genre littéraire) que seuls aboliraient meurtres et attentats. De leur côté, les fascistes pensaient de même que l'Italie était un pays miné par le communisme, un pastiche (encore la littérature) de nation dévorée par le libéralisme, etc.
Dans les deux cas, terroristes d'extrême gauche et d'extrême droite justifiaient leur action sur un déni de la réalité, qu'ils voulaient plier à leur vision fausse du monde, par les armes : ce furent les "années de plomb" (une métaphore, littérature toujours), qui ensanglantèrent un pays signé Stendhal mais corrigé par des nervis. Tous ces fantoches étaient anti-littéraires, au seul motif qu'ils pensaient transformer la réalité non par l'usage des mots mais par celui des balles.
A cette barbarie médiocre, la littérature oppose ses propres lois, qui fondent sa grandeur, c'est-à-dire son autonomie. Un bon écrivain, de ce point de vue, est toujours un terroriste, mot que la politique a justement dévalorisé mais dont la littérature ne saurait se départir. Au XXe siècle, les courants littéraires les plus excitants ont été les avant-gardes dites terroristes (futurisme, dadaïsme, situationnisme) qui refusaient de couper la littérature du monde, et luttaient contre son ordre cynique. Privilégiant le message plus que le code, l'écrivain terroriste prône l'intervention dans le réel, avec des moyens provocateurs qui excèdent l'art pour l'art (manifestes, actions, happenings, etc.) mais renforcent paradoxalement la différence entre les deux ordres du monde et du verbe.
Sabotages SNCF : Julien Coupat reste en prison
B.H. (lefigaro.fr) avec AFP, 30/01/2009 | Mise à jour : 18:48
La cour d'appel de Paris a rejeté vendredi la remise de remise en liberté du chef présumé d'un groupe suspecté d'être à l'origine des dégradations contre des lignes TGV.
Julien Coupat doit rester en prison. C'est ce qu'a décidé la cour d'appel de Paris en rejetant vendredi une demande de remise en liberté du chef présumé du «groupe de Tarnac», incarcéré depuis le 15 novembre dans l'enquête sur des dégradations contre des lignes SNCF, a-t-on appris de source judiciaire.
Un juge des libertés et de la détention (JLD) avait déjà rejeté le 16 janvier une demande de remise en liberté de Julien Coupat. Son avocate, Me Irène Terrel, avait fait appel de cette ordonnance. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a confirmé vendredi l'ordonnance du JLD et ordonné le maintien en détention à la prison de la Santé de Julien Coupat.
Présenté par l'accusation comme le «le leader charismatique et idéologue» d'une cellule clandestine «anarcho-autonome», Julien Coupat, 34 ans, a été mis en examen le 15 novembre pour direction d'une entreprise terroriste et destructions en réunion. Il est soupçonné d'avoir commis des dégradations de caténaires contre des lignes à grande vitesse fin octobre et début novembre. A ce jour, des neuf mis en examen du dossier, il est le seul à être maintenu en détention.
Peu de preuves à ce stade de l'enquête
Pièce maîtresse de l'accusation, un rapport de la sous-direction antiterroriste (SDAT). La SDAT explique notamment avoir vu le 7 novembre 2008 Julien Coupat et sa compagne, qui étaient placé sous surveillance en raison de leur appartenance présumée à un groupe d'extrême-gauche, à proximité d'une des voies ferrées visées par un acte de sabotage. Julien Coupat a formellement contesté devant le juge les faits qui lui sont reprochés.
Les indices matériels réunis contre les neuf accusés demeurent d'ailleurs peu nombreux à ce stade de l'enquête. Dans la soirée du 7, Julien Coupat et sa compagne auraient été surpris en train de jeter une lampe frontale et une brochure recensant des horaires et trajets de la SNCF. La police judiciaire maintient de son côté que le groupe de Coupat envisageait le sabotage des lignes comme «un acte politique de déstabilisation de l'État» et cite un opuscule publié par Julien Coupat sous le titre «L'insurrection qui vient» ainsi que les propos de plusieurs témoins.