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Le Crif en action - www.crif.org - 21/01/09 - - : Shoah
La commission du CRIF «Femmes dans la cité» reçoit Richard Josefberg, Directeur de la maison d’enfants de l’OSE de Taverny
La commission du CRIF « Femmes dans la cité » présidée par Nathalie Cohen-Beizerman et Edwige Elkaïm a eu le plaisir de recevoir Richard Josefberg, Directeur de la maison d’enfants de l’OSE de Taverny, dite « maison Elie Wiesel ».
L’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants) a, rappelons-le, rejoint le CRIF à la dernière Assemblée Générale, le dimanche 16 novembre 2008. Monsieur Josefberg dirige cette maison depuis l’année 2000, après y avoir été éducateur. Il est intervenant dans les instances de formation sur le travail social (écoles d’éducateurs et Formation permanente). Il participe également aux jurys de Diplômes d’Etat.
La maison de Taverny n’accueille pas que des enfants juifs, selon le vœu de la famille juive propriétaire-donateur de la maison. 48 enfants sont accueillis toute l’année et 24 éducateurs travaillent là. La maison a une habilitation « Social et Justice ». Une population d’enfants aux pathologies diverses et parfois contradictoires qu’il faut stabiliser et socialiser par le vivre ensemble.
Pour Mr Josefberg c’est justement la multiplicité des problématiques qui crée la richesse. Pour réunir 4 délinquants dans la même chambre cela revient à créer de facto une « bande »...Le mélange des douleurs et des expériences permet une ouverture vers l’autre, vers la cité. 82 % des enfants confiés sont retirés aux familles par mandat judiciaire. Les parents en question sont souvent présents, mais mal présents, négligents et dans l’incapacité parentale. (Souvent hospitalisés ou incarcérés). 90% d’enfants viennent de couples séparés, entre 5 et 21 ans de toutes origines sociales. Les enfants accueillis viennent de la région parisienne ; ils sont souvent issus d’écoles juives déscolarisées et non signalés comme enfants en danger. 20% d’enfants de parents incarcérés 30 % d’enfants de parents en maladie mentale. Cela révèle une peur d’une certaine fraction de la communauté à mettre au grand jour ses difficultés tantôt au nom du Chalom bayit, tantôt aussi par une peur de tout ce qui « vient de l’extérieur et vécu comme dangereux », y compris parfois, à l’égard du juif laïc pour le juif religieux.
Problématique :
La maison de Taverny est ouverte sur l’extérieur, c’est l’extérieur qui ne vient pas à la maison malgré les efforts louables de l’équipe pour participer tant à la vie communautaire, qu’à la vie de la cité. Le seuil de tolérance de la société a tragiquement baissé. On est peu à peu passé de l’enfant agressif à l’enfant dit violent. On ne parle plus d’enfant en terme affectif mais de mineurs. Le fait de mélanger les enfants sur le plan des âges et des problématiques apporte une grande richesse à l’ensemble. Les grands récupèrent leur enfance en aidant les plus jeunes. Régulation qui se fait au sein du groupe quand le groupe est « bon ». Aider un petit à jouer au Lego c’est rejouer son enfance. Or nombre des enfants de la maison ont été « parentalisés » dès l’âge d e 9 ans.
Scolarité
Parmi les enfants juifs, 10% sont en écoles juives (inaccessibles dans le secteur) et 90 % à l’Education Nationale. Le plus gros problème rencontré tient aux règles de la nouvelle réforme : l’interdiction de tout redoublement, y compris pour un tout jeune enfant arrivé en cours d’année en maternelle que l’on veut faire passer au CP sans tenir compte de l’ampleur des trauma et des manques. Désormais pour tout redoublement l’enfant doit passer en commission par la « Maison du handicap » ! A la notion d’enfant placé on va donc ajouter la dimension plus lourde encore de handicap ! C’est une très grave stigmatisation pour des enfants qui tentent à tout prix de rejoindre la normalité. Or le Val d’Oise où se trouve la maison de l’OSE est pilote en la matière.
Pour le suivi des enfants, l’équipe a connu une époque où certains enseignants d’établissement restés les mêmes, se rendaient à l’OSE pour aider les enfants à reprendre le rythme. Aujourd’hui un enfant absentéiste est puni d’une sanction d’exclusion ! Isolant davantage encore le fautif. L’attitude des enseignants est donc un souci majeur pour l’intégration des enfants. D’où l’importance du maintien d’une relation personnalisée.
Suivi
Seuls de très rares cas quittent l’OSE sans aucun emploi. 85 % des enfants accueillis sont restaurés dans une vie sociale et professionnelle tout juste un peu plus tard que la normale. Les prises en charge de l’ASE s’arrêtent à 21 ans ; de nos jours la gestion administrative derrière écran de PC et sur dossier enlève beaucoup à l’humanité indispensable du cas par cas pour résoudre les problèmes les plus épineux. L’OSE en travaillant sur les enfants a souvent un recul de trois générations ; les services sociaux et administratifs de l’Etat n’ont qu’une très courte vue par manque de temps et de moyens. La maison prend donc sur elle et sur ses ressources propres de ne pas baisser les bras et de n’abandonner aucun enfant en cours de stabilisation.
Transmission de l’identité
C’est une vraie question. Cela ne se fait pas d’une façon systématique de par la mixité de la population accueillie. Les fêtes juives sont célébrées. La relation avec la communauté proche est sans failles. Les enfants participent ainsi à la demande aux activités et aux temps forts. L’équipe organise des rencontres, des manifestations qui permettent aux enfants juifs de se situer ; paradoxalement dans ce parcours, les enfants non juifs se positionnent aussi pour comprendre d’où ils viennent. C’est extrêmement positif pour l’intégration dans la cité.
Attente de l’OSE :
Que de jeunes juifs étudiants en Sciences Humaines et Sociales se tournent vers ces voies. Un immense besoin d’éducateurs spécialisés juifs.
Que des patrons juifs s’organisent pour offrir à nos apprentis des stages de formation si difficiles à trouver par les temps qui courent et nous aident à restaurer des vies
En conclusion une réunion passionnante. Un immense merci à Richard Josefberg pour son professionnalisme, sa simplicité et son esprit de synthèse.
Josiane Sberro
2 commentaires
Elle n'a rien à voir avec l'o.s.e
Je suis très choquée
http://www.crif.org/fr/lecrifenaction/La-commission-du-CRIF-Femmes-dans-la-cite-re