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Nos vies sur Internet, à perpète
Guide des troubles de voisinage
de Frédéric Bérenger
chez Edilaix, mars 2009
Présentation de l'éditeur. La question des relations de voisinage alimente un contentieux considérable, presque étonnant pour celui qui croit encore à une relation harmonieuse entre voisins, sans dispute, sans arrière-pensée, sans jalousie, sans haine. Ces situations provoquent souvent des comportements inattendus, les plus insolites, les plus stupéfiants, ramenant presque l'Homme à l'état sauvage ou, du moins, à l'état d'enfant. Certains prennent alors les devants, se passent de la Justice et en viennent aux insultes, aux mains, bloquent des entrées pour ne plus laisser passer. C'est un jeu de guerre grotesque qui débute ; on s'observe, à chaque mesure de l'un répond une contre-mesure de l'autre. Ce guide se veut avant tout pratique. Le nombre très important de décisions qui y ont été compilées a permis de présenter les cas les plus couramment retenus en jurisprudence, mais aussi les plus originaux, ceux dont on n'aurait jamais pu soupçonner l'existence... Il permettra au lecteur de se faire une idée plus exacte de l'ampleur et de la richesse de cette matière qui alimente régulièrement nos juridictions.
Enquête
Nos vies sur Internet, à perpète
LE MONDE | 01.04.09 | 15h11 • Mis à jour le 01.04.09 | 21h26, extraits
A 31 ans, Fanny est déjà passée par une dizaine d'entreprises, dans le journalisme, la communication, le marketing. Comme beaucoup de semi-précaires, elle laisse son profil affiché en permanence sur les sites Internet d'emploi et les plates-formes communautaires professionnelles comme Linked-In ou Viadeo. Par ailleurs, Fanny utilise Internet pour son plaisir : elle fréquente le site de rencontres Meetic, a un profil Facebook et une page sur MySpace. Elle est aussi l'auteur d'un blog personnel qui porte son nom, où elle publie des textes humoristiques, décalés ou provocateurs.
En septembre 2008, à l'issue d'un stage de formation, Fanny commence une nouvelle période d'essai dans une agence de communication parisienne. Elle est alors contactée par la petite agence de recrutement Elaee, qui lui propose un autre poste. Elle se prépare pour un nouvel entretien d'embauche - elle a l'habitude. Mais elle a oublié un détail. Sur le CV en ligne envoyé à Elaee, elle avait placé un lien vers son blog : "Au départ, il était plutôt orienté pro, je voulais montrer que je savais rédiger un article. Puis j'ai trouvé un job, et mon blog est devenu de plus en plus perso, je racontais ma vie, mes états d'âme, je faisais de l'humour."
Informée de l'existence du blog, la patronne de la société qui souhaitait l'embaucher va y faire un tour. ...
[...] D'autres entreprises incitent au contraire leurs employés à se montrer partout. Clément, 23 ans, est consultant dans une agence de communication : "Mon CV est sur Internet, mes patrons sont d'accord, ça fait partie du jeu. De toute façon, si l'entreprise a des difficultés, les jeunes seront les premiers fusibles. Dans ma boîte, la durée de vie d'un consultant junior est de trois ans." Depuis peu, Clément est chargé de sélectionner les étudiants demandeurs de stages : " Je regarde si le candidat maîtrise les outils Internet qui lui serviront dans sa pratique professionnelle. S'il est sur Facebook depuis 2006, c'est un pionnier, c'est intéressant. S'il a déjà un compte Twitter (service de mini-messages instantanés), encore rare en France, c'est un plus." En outre, Clément, lui-même blogueur très actif, lit les blogs des autres, pour dénicher des profils intéressants.
De nombreux jeunes ont intégré ces nouvelles contraintes dans leur stratégie de gestion de carrière. Ils créent des blogs prétendument intimes, dont le ton et le contenu sauront plaire aux employeurs et aux recruteurs : un mélange d'anecdotes, d'autopromotion, de "coups de coeur" pour un produit ou une marque, de comptes rendus d'événements "corporate"...
Facebook ou MySpace : une mine d'or pour la police
Delphine de Mallevoüe et Jean-Marc Leclerc
Le Figaro, 02/04/2009 | Mise à jour : 22:36, extrait
«Nous n'y sommes pas connectés en permanence, seulement selon nos besoins, explique le colonel Emmanuel Bartier, adjoint au chef de service du STRJD. Il nous faut un motif, comme une infraction, une dénonciation ou un soupçon.»
Pour de simples vérifications d'environnement, comme les fréquentations d'un suspect, les enquêteurs accèdent aux informations au même titre que n'importe quel surfeur puisqu'elles sont publiques. Il en a été ainsi récemment avec le profil douteux d'un homme d'un certain âge qui comptait exclusivement des profils de jeunes filles dans ses «amis».
«Avant, on tapait à la porte des voisins pour connaître les fréquentations du suspect, aujourd'hui on les connaît en un clic !», se félicite un policier. Seule réserve : «Ces réseaux étant purement déclaratifs, n'importe qui peut créer un profil au nom de quelqu'un d'autre. On ne peut pas prendre les informations pour argent comptant», nuance le chef d'escadron Alain Permingeat, chef de la division de lutte contre la cybercriminalité au STRJD.
Usurpation d'identité
Un internaute a récemment emprunté l'identité d'une femme pour raconter sa prétendue nuit d'amour avec son patron et le discréditer. Or, juridiquement, aucun recours n'est aujourd'hui possible. «Si le délit existe pour une imposture sur papier, rien n'est prévu version numérique», souligne-t-on Place Beauvau. C'est précisément pour combler cette faille que, dans le cadre de sa future loi d'orientation pour la sécurité (Lopsi 2), Michèle Alliot-Marie envisage de renforcer la législation pour lutter contre l'usurpation de l'identité sur Internet. Pour sonder les sites, des crawlers, c'est-à-dire des logiciels de recherche spécialisés, sont parfois utilisés par les services. Notamment dans les enquêtes de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC).
«À quoi bon multiplier les fichiers de police, puisque les individus étalent aujourd'hui leur vie et leurs penchants sur la Toile, sans même imaginer que ces informations vont devenir numériquement indélébiles», confie un agent des ex-RG.
1 commentaire
"Presque tous les employeurs consultent le profil Internet des candidats à l'embauche"
LEMONDE.FR | 20.11.09 | 15h26 • Mis à jour le 23.11.09 | 19h52, extrait
Steph : Est-ce véridique que les employeurs, lors d'une procédure d'embauche, tendent de plus en plus à vérifier le profil des personnes concernées sur Internet, et notamment sur le profil facebook en déjouant les bloquages ?
Xavier Desfeuillet : Première chose : la majorité des personnes qui embauchent consultent naturellement les informations disponibles sur Internet relatives à un candidat. Pour ce qui est de l'embauche des cadres, c'est quasiment 100 % des candidats qui font l'objet de ces recherches. Si des tiers contournent des systèmes par l'exploitation de failles logicielles pour obtenir des données, ils se mettent hors la loi. Mais je ne pense pas que la plupart des employeurs opèrent de la sorte, bien heureusement. Il s'agit sûrement d'une très petite minorité qui n'est pas représentative de cette profession.