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Centres éducatifs fermés : Taubira les remet en cause, Urvoas approuve
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Christiane Taubira à nouveau taxée de laxisme
Créé le 07-08-2012 à 09h15 - Mis à jour à 17h15, Nouvel Obs
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par Julien Ponthus
PARIS (Reuters) - Symbole pour l'opposition de "l'angélisme" présumé de la gauche en matière de délinquance, Christiane Taubira est au centre d'une nouvelle polémique après avoir relativisé l'intérêt des Centres éducatifs fermés (CEF) et des courtes peines de prison.
La ministre de la Justice, déjà critiquée pour son opposition aux tribunaux correctionnels pour mineurs instaurés par Nicolas Sarkozy, a subi mardi les foudres de l'UMP, du Front national et du syndicat Alliance Police Nationale.
La ministre a dénoncé le "fantasme" selon lequel les CEF constitueraient "la" solution pour les jeunes délinquants alors que François Hollande avait promis d'en doubler le nombre.
Elle a déclaré mardi dans Libération avoir arrêté la transformation de 18 foyers dit "ouverts" en CEF et lancé une inspection d'évaluation de ces centres.
La chancellerie a publié un communiqué dans l'après-midi pour clarifier les propos de sa ministre et indiquer que les prochains CEF résulteraient de la création de nouveaux établissement plutôt que de la transformation de foyers ouverts.
Mais pour l'UMP, les déclarations de Christiane Taubira remettent en cause l'engagement de campagne du président.
"Le président de la République doit recadrer sa ministre, et lui expliquer qu'on ne mène pas une politique pénale en refusant, a priori, l'emprisonnement comme moyen de punition", déclare dans un communiqué le secrétaire national de l'UMP Philippe Juvin.
Contactés par Reuters, les services du président n'ont souhaité faire aucun commentaire.
Accusant Christiane Taubira de faire "une grave rechute de laxisme", Philippe Juvin, a en outre jugé que "supprimer les peines de courte durée, c'est donner un feu vert aux petits délinquants qui pourrissent la vie des honnêtes citoyens".
La ministre estime dans Libération que les courtes peines de prison sont en partie la cause de la surpopulation carcérale et du taux important de récidive des délinquants.
"CLÉMENCE"
Le syndicat Alliance police nationale s'étonne que la ministre prenne une position "en totale contradiction avec les annonces du président de la République" sur les CEF.
Sur les peines courtes, le syndicat s'est dit "stupéfait".
"Comment pourra-t-on demander aux policiers qu'ils mènent des actions répressives contre des délinquants notoires si, dans le même temps, la justice annonce, d'ores et déjà, la plus grande clémence à leur égard ?" dit-il dans un communiqué.
Le Front national a aussi apporté sa voix aux critiques.
"Sa recette pour désengorger les prisons, c'est de ne plus condamner. La compréhension, la pédagogie, seront les maîtres mots d'une politique caractérisée par une sorte de fascination envers le délinquant et le criminel", a jugé Wallerand de Saint-Just, membre du bureau national du parti d'extrême droite.
A gauche, le député socialiste du Finistère Jean-Jacques Urvoas a pris la défense de la ministre.
"La droite reprend sans honte et sans imagination son procès sur le présumé laxisme de Christiane Taubira. L'intensité de ses cris n'efface pas son bilan peu reluisant", dit-il dans un communiqué.
Edité par Yves Clarisse
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Taubira évoque un sondage non-publié
AFP Mis à jour le 06/10/2012 à 17:08 | publié le 06/10/2012 à 17:05
Christiane Taubira a dit aujourd'hui qu'elle voulait "partir à la reconquête de l'opinion" concernant la prison et les sanctions pénales, en s'affirmant "optimiste" au vu d'un sondage commandé mais non publié par ses prédécesseurs à la Chancellerie, dont elle a révélé l'existence.
"Je vais vous donner un vrai scoop", a déclaré la ministre de la Justice lors d'un colloque organisé au Sénat sur le thème "Pour en finir avec la primauté de l'emprisonnement en matière correctionnelle: la contrainte pénale communautaire".
Elle a dit avoir "découvert, il y a quelques jours", qu'une étude avait été "commanditée par le ministère de la Justice" et réalisée par l'institut Ipsos auprès de 3.000 personnes.
"77% de ces personnes considèrent que la prison ne permet pas de lutter contre la récidive ni de la prévenir, et 64% estiment que les aménagements de peine constituent un levier important pour éviter la récidive", a-t-elle affirmé. "Cette étude n'a pas été publiée", pas plus que "le numéro du magazine de la Chancellerie" qui devait y être consacré, a-t-elle ajouté. Son entourage a précisé que ce sondage avait été réalisé en 2009, à l'appui d'une étude finalisée en 2011.
La Chancellerie a publié le mois dernier une circulaire de politique pénale destinée à rompre avec le "tout carcéral", notamment en encourageant les aménagements de peine. La ministre a également lancé une "conférence de consensus" sur la prévention de la récidive, visant à rechercher des "réponses pénales efficaces".
"Je souhaite un consensus qui nous permette de partir à la reconquête de l'opinion publique, qui a été fortement endoctrinée, qu'on a convaincue que la petite délinquance, c'était juste des crimes en miniature et que la prévention c'était d'enfermer le plus longtemps et le plus sévèrement possible", a déclaré la ministre.
Or, le sondage resté dans les tiroirs de la Chancellerie prouve, selon Christiane Taubira, que cette opinion publique "reste lucide" et ne dit pas forcément à propos des délinquants: "qu'on les mette tous en prison!". "Cela me conforte dans l'idée que dans ce pays (...) il y a des fondamentaux que même un ou deux quinquennats n'arrivent pas à démolir", a-t-elle commenté.
De source http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/10/06/97001-20121006FILWWW00376-taubira-evoque-un-sondage-non-publie.php