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Une fois par mois, sur une seule feuille de papier
AMSTERDAM (AP), 8 octobre 2005 - Elle se plaignait trop: elle ne pourra plus venir chercher sa fille à l'école. Une Néerlandaise qui abreuvait l'établissement de réclamations en tous genres a été interdite jeudi par un tribunal d'approcher le bâtiment ou les professeurs pendant un an.
La femme, dont l'identité n'a pas été dévoilée, a "débordé" l'école primaire de Borgh, dans la ville de Zuidhorn (nord des Pays-Bas), "d'un flot incessant de questions, de commentaires et de plaintes", a déclaré dans son verdict la cour du district de Groningen.
"Pour avoir causé une gêne illégale (...) elle sera interdite d'approcher l'école ou les alentours de l'école pendant un ans, et de contacter l'école, les enseignants ou la direction de toute manière autre que celles spécifiées dans le verdict", a décidé la cour.
Les plaintes de la Néerlandaise allaient du traitement de sa fille -décrite comme "très douée"- à des désaccords concernant le programme scolaire, les méthodes d'enseignement ou la sécurité de l'école.
Pendant l'année scolaire 2004-2005, la femme a envoyé 50 e-mails et 20 lettres à l'école, où elle est venue neuf fois en personne. Elle a également écrit 29 lettres à la direction de l'école et quelques autres "à la Commission nationale des réclamations, à l'Inspection du travail, à l'Inspection scolaire, au représentant de la Reine et à la presse", précise le verdict du jugement.
Dorénavant, la femme n'aura le droit de se plaindre à l'école qu'une fois par mois, sur une seule feuille de papier.
Fofana, ses lettres, sa haine
Le Monde, 2 mars 2007, extrait
Il date rarement ses courriers, mais rédige sans ratures. "Madame la juge, je me permets de vous écrire pour vous dire que je vous emmerde." De sa cellule, Youssouf Fofana a la plume alerte. En attendant son procès, qui devrait avoir lieu en 2008, il écrit régulièrement des lettres cinglantes, incohérentes parfois, qu'il envoie à tous ceux qu'il soupçonne d'oeuvrer contre lui.
Depuis son incarcération, il y a un an, celui qui se présente comme le leader du "gang des barbares de Bagneux" (vingt-neuf autres personnes sont mises en examen dans ce dossier) est persuadé qu'il est voué à la réclusion à perpétuité. Insultes, délires paranoïaques, postures mégalomaniaques, contradictoires, tout s'empile dans le dossier de l'homme soupçonné d'être le principal responsable de la mort d'Ilan Halimi, un jeune homme de confession juive, retrouvé agonisant, le 13 février 2006, à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) après avoir été enlevé, séquestré et torturé, trois semaines durant, dans une cave de Bagneux (Hauts-de-Seine).
Tellement désinvolte, Fofana, que, le 27 décembre 2006, le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour "outrage à magistrat".
Invitée à voir le psychiatre pour avoir envoyé des mails Place Beauvau
LE MONDE | 16.08.07
Jusqu'à ce qu'elle ouvre son courrier, samedi 11 août, Sylvia Bourdon, vedette de films pornographiques des années 1970, n'avait jamais reçu ce genre de proposition. Une consultation psychiatrique à l'hôpital Maison-Blanche de Paris, lundi 20 août, 14 heures. Motif : "Divers courriers adressés au ministère de l'intérieur via Internet".
Depuis trois ans, Mme Bourdon, aujourd'hui âgée de 58 ans et chef d'une entreprise de dépollution, loue un deux-pièces dans le 18e arrondissement de Paris, face à l'église Saint-Bernard. Un quartier populaire, dans lequel elle a emménagé en 2004, parce qu'elle avait "envie d'exotisme".
Mais, depuis son installation, celle qui fut aussi, dans les années 1990, l'égérie d'un concours graphique pour l'euro, déchante. Trop de "vandalisme", estime-t-elle. Trop de "sectarisme", de femmes voilées, trop de jeunes "encapuchonnés" qui "tiennent le mur du presbytère".
"INTIMIDATIONS"
Rapidement, elle se lance dans l'animation de plusieurs blogs virulents sur son quartier. L'un d'entre eux fait aujourd'hui l'objet d'une action en diffamation. Pour les illustrer, Mme Bourdon photographie aussi de sa fenêtre tout ce qu'elle considère comme des troubles à l'ordre public.
Jusqu'au 19 juin, où plusieurs jeunes la prennent à partie et caillassent son appartement. Paniquée, elle envoie entre ce jour et le 2 juillet, cinq mails à différents responsables du ministère de l'intérieur. Parmi eux, le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, le commissaire central du 18e arrondissement, Jean-Paul Pecquet, et Ludivine Olive, chef de cabinet de la ministre de l'intérieur Michèle Alliot-Marie. Elle leur demande d'"assurer sa sécurité".
La méthode n'est pas conventionnelle mais Mme Bourdon a déjà reçu chez elle des fonctionnaires de police de son quartier pour des apéritifs, et montre volontiers ses photos en compagnie du commissaire Pecquet, dont elle a le numéro de portable. Elle juge donc, dans un premier temps, plus opportun de les alerter ainsi. Ses courriers restant sans réponse, le 19 juillet, elle se décide finalement à porter plainte en bonne et due forme.
Aussi, l'arrivée, contre toute attente, le 11 août, de la proposition de consultation psychiatrique la scandalise : "C'est une insulte à mon intelligence !" Elle a décidé d'alerter son avocat et "vieille amitié", le futur bâtonnier de Paris, Me Christian Charrière-Bournazel. Le 14 août, celui-ci a rédigé deux courriers. L'un, à l'adresse de Mme Alliot-Marie, demandant d'identifier les auteurs de ce qu'il considère comme des "intimidations", l'autre au procureur de la République.
La proposition de consultation psychiatrique reste une procédure "classique" pour les "agitateurs", explique cependant le docteur Yves Pignier, auteur du courrier de l'hôpital Maison-Blanche.
Il agit sur ordre du bureau des actions pour la santé mentale de l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris. "La majorité ne vient pas au rendez-vous. Généralement, ça les calme." Mme Bourdon ne s'y rendra pas non plus.