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Le parquet requiert le rejet du pourvoi de Maurice Agnelet
Société • Le parquet requiert le rejet du pourvoi de Maurice Agnelet • Condamné au terme de trente ans de rebondissements judiciaires pour le meurtre d'Agnès Le Roux, il demande un troisième procès.
QUOTIDIEN : mercredi 17 septembre 2008, extraits
Outre la longueur - langueur ? - de la procédure, le cas Agnelet est symbolique de certaines affaires criminelles. Tout le monde est presque d’accord sur un point, le bonhomme paraît odieux : menteur, manipulateur, maniaque (il enregistre toutes ses conversations), obsédé par le fric, misogyne… Il semble faire exprès - malin plaisir ? - de concentrer sur sa personne tous les ingrédients d’un authentique salopard. Un «mufle», résume plus sobrement Michel Henry, correspondant de Libération sur la Côte d’Azur, qui vient de publier Agnelet, l’homme que l’on n’aimait pas (éd. Odile Jacob). Est-ce suffisant pour le qualifier d’assassin ?
Simulacre. «Il est capable, il est coupable», a cru pouvoir résumer Me Georges Kiejman, avocat de la famille d’Agnès Le Roux, partie civile, lors du premier procès : «Il est menteur, et la dénégation de son homosexualité le démontre.» Sauf que rien ne prouve formellement qu’il aurait assassiné Agnès (29 ans, à l’époque), à la Toussaint 1977. Pas de cadavre, en dépit de nombreuses recherches : on peut tout juste en conclure, trente ans après les faits, qu’elle n’est plus de ce monde. Pas de mode opératoire : l’aurait-il tuée de ses propres mains ou simplement accompagnée lors d’un simulacre de suicide à deux, en amoureux - après deux tentatives individuelles de la jeune femme ? Pas de date certaine (entre le 27 octobre et le 1er novembre) : juste un énorme doute sur l’alibi fourni par l’accusé pour le week-end du 27-28. Mais un mobile : Maurice Agnelet a ensuite récupéré trois millions de francs (457 000 euros) d’Agnès Le Roux, déposé sur un compte en Suisse. C’est moche, sauf qu’Agnelet a déjà été condamné à deux ans de prison sur le volet financier de l’affaire.
Dans son livre, Michel Henry reprend le dossier pénal dans son entier. ...
Roulette. Aux assises, il est un principe normalement intangible : le doute doit profiter à l’accusé. Agnelet a été emporté dans un jeu de roulette judiciaire : relaxe par le premier jury, condamnation par le deuxième.
Un jury d’assises se prononce sans avoir à motiver sa décision. C’est une absurdité de la justice française (souvent dénoncée mais jamais corrigée) : en correctionnelle, pour des délits moins importants, le tribunal, composé de magistrats professionnels, doit rendre un jugement écrit et circonstancié. Aux assises, pour les crimes les plus graves, des jurés tirés au sort dans la population se contentent de répondre, oralement, oui ou non. Dans leur pourvoi en cassation, les défenseurs de Maurice Agnelet, François Saint-Pierre et Jean-Pierre Versini-Campinchi, n’ont pas le droit de refaire le match. Ils ne peuvent que dénoncer des vices de forme et pensent en avoir déniché quelques-uns.
Chicaneries. Si les jurés sont souverains sur les questions principales (coupable ou pas, circonstances atténuantes ou pas), il n’en va pas des chicaneries procédurales soulevées par la défense (prescription, irrecevabilité, etc.). A ces problèmes très techniques, les trois magistrats professionnels doivent répondre par écrit dans un «arrêt séparé», avant que le jury populaire ne se retire pour délibérer. Dans le cas Agnelet, ils ont rejeté sa requête, déposée pour absence de délai raisonnable, au motif qu’il a menti tout au long de l’enquête. Une forme de pré-jugement.
Le parquet requiert le rejet du pourvoi de Maurice Agnelet
lefigaro.fr Avec AFP et AP, 17/09/2008, extrait
«Trente ans pour obtenir justice, c'est dix ans de plus que la peine infligée à Maurice Agnelet», «c'est beaucoup trop», a déploré mercredi l'avocate de la famille Le Roux, Me Anne Sevaux. Avant de conclure: certes, il est «diablement habile, mais votre Cour n'est pas là pour tomber sous l'emprise d'Agnelet et vous rejetterez ce pourvoi».
Face aux conseillers de la Cour de cassation, l'avocat de Maurice Agnelet, Me Didier Bouthors, a tenté de démontrer que le procès d'assises avait été «déséquilibré», mais surtout que la cour s'était montrée «partiale». Selon lui, le président et ses assesseurs s'étaient en effet «forgé une conviction» de culpabilité dès le début des débats. Des arguments qu'a contestés l'avocat général, Robert Finielz, avant de conclure au rejet du pourvoi.
Si le pourvoi était bel et bien rejeté, Jean-Maurice Agnelet pourrait encore se tourner vers la Cour européenne des droits de l'homme. Dans le cas contraire, il y aurait un troisième procès Agnelet.
Agnelet : l'homme que l'on n'aimait pas
de Michel Henry
Odile Jacob, 2008
Présentation de l'éditeur. Quand la Niçoise Agnès Le Roux, 29 ans, disparaît en 1977, son amant Maurice Agnelet devient le principal suspect. La justice n'établit rien de concret contre lui, l'enquête bégaie : il est inculpé, écroué, puis bénéficie d'un non-lieu en 1985. On croit l'affaire terminée, elle redémarre. Il est à nouveau accusé en 2000, puis acquitté en 2006 au bénéfice du doute. Et puis, tout se retourne contre lui : en 2007, il est condamné en appel à vingt ans de réclusion criminelle. Le voilà reconnu coupable de l'assassinat d'Agnès. Trente ans après. Et pourtant, pas d'éléments objectifs incontestables : l'enquête a été déficiente, il manque un cadavre, les circonstances du crime supposé ne sont pas connues. La condamnation ne repose que sur sa réputation sulfureuse, sa personnalité, son comportement curieux, ses contradictions. Maurice Agnelet, 70 ans, a remis son sort entre les mains de la Cour de cassation, qui doit examiner son pourvoi. Condamne-t-on un homme sur l'impression qu'il donne ? A travers cette affaire, sur fond de casinos et d'intrigues locales, retracée ici à la manière d'un film de Claude Chabrol, c'est aussi la justice qui est en question...
Biographie de l'auteur. Journaliste à Libération depuis 1985, Michel Henry a toujours été spécialisé dans les affaires judiciaires et les procès. Il est aujourd'hui correspondant régional à Marseille et pour la région PACA.
Société
Le procès de la disparition d'agnès le roux
Maurice Agnelet, «misogyne», «enjôleur» et «amoral»
Son ex-collaboratrice et l'amant de son fils décédé témoignent.
QUOTIDIEN : mardi 28 novembre 2006
Société
L'avocat général demande le rejet du pourvoi de Jean-Maurice Agnelet
AP | 17.09.2008 | 18:17, extraits
L'avocat général de la Cour de cassation a réclamé mercredi le rejet du pourvoi formé par l'ancien avocat Jean-Maurice Agnelet, contre sa condamnation le 11 octobre dernier par la cour d'assises d'appel d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) à 20 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de sa maîtresse Agnès Le Roux, la riche héritière du casino du Palais de la Méditerranée, disparue depuis 1977.
La chambre criminelle de la Cour de cassation doit rendre sa décision le 15 octobre. ...
"Incontestablement, on a mis beaucoup trop longtemps pour juger Jean-Maurice Agnelet", a admis Me Anne Sevaux pour la famille d'Agnès Le Roux. "Mais le principal bénéficiaire de ce temps perdu, ça a été Agnelet lui-même. Je ne peux pas oublier que les investigations menées depuis le début ont toujours mené à Agnelet", a-t-elle ajouté rendant hommage à la mère de la disparue, Renée Le Roux, présente mercredi aux côtés de son fils, qui s'est battue et "a eu raison contre tous".
Elle a évoqué la personnalité trouble du condamné qui n'a cessé de manipuler son entourage et la justice. "Votre cour n'est pas là pour subir à son tour l'emprise d'Agnelet et vous rejetterez son pourvoi", a-t-elle lancé aux magistrats de la chambre criminelle.