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Préjugés et pesanteurs de pensée dans le champ de l’ASE
Préjugés et pesanteurs de pensée dans le champ de l’Aide sociale à l’enfance
Empan n° 54, 2004/2, sur CAIRN
I. Tchernicheff
Plan de l'article
• Une chaîne de présupposés
— L’idéologie de la nature humaine ou des parents naturellement bons
— L’idéologie du retour (de l’enfant dans sa famille)
— L’idéologie du maintien des liens (entre parents et enfant placé)
— L’idéologie des visites dites médiatisées
• La protection de l’enfance : un filet aux mailles larges
• Qu’est-ce que protéger un enfant ?
• L’échec reconduit : répétition et profit
Page 7/10 du document PDF. Qu’est-ce que protéger un enfant ? C’est tout d’abord lui offrir un environnement familial stable, sécurisant, pérenne, où la préoccupation maternelle primaire soit active et où la triangulation oedipienne lui permette une structuration psychique, adéquate à ses potentialités de naissance.
Ces enfants qu'on sacrifie... au nom de la protection de l'enfance
de Maurice Berger
Paris, Dunod, 167 p.
Sociétés et Jeunesses en Difficulté n° 2,
automne 2006, compte rendu
La lecture de Michèle Becquemin, Université Paris XII-Créteil, extrait :
Destiné à saisir le lecteur, le dernier livre de Maurice Berger, n’a pas l’étoffe clinique de ses précédents ouvrages. Et pour cause : cet écrit est le produit d’une conjoncture, celle de la réforme de la protection de l’enfance débutée en novembre 2005 à l’initiative du ministre Philippe Bas. Le jeu démocratique a voulu que l’avis du pédopsychiatre soit entendu lors des travaux préparatoires, c’est donc sa position qu’il affirme en utilisant les éditions Dunod pour la faire connaître le plus largement possible. Cet ouvrage n’a donc pas de prétention scientifique ; il veut avant tout convaincre.
Faut-il rappeler que, depuis plusieurs années, les convictions de Maurice Berger sont à contre-courant des idées qui président au mouvement de réforme ? En effet, depuis L’échec de la protection de l’enfance, paru en 2003 chez le même éditeur, l’avis du spécialiste des enfants en souffrance n’a pas varié d’un iota : parce que la société française est trop référée à la Famille, elle ne protège pas les enfants victimes de violence parentale ; le système socio-judiciaire actuel privilégie trop souvent la volonté du parent au détriment des besoins de l’enfant ; de ce fait, les droits de ce dernier à être protégé (de ses parents, si nécessaire) sont occultés en raison de l’aveuglement idéologique qui préside au maintien systématique du lien parent/enfant.
Pour convaincre le lecteur, l’auteur utilise deux moyens : 1) une composition courte et pragmatique qui va à l’essentiel en huit chapitres et quelques annexes ; 2) des justifications théoriques et cliniques lapidaires, souvent auto-référencées, illustrées d’une dizaine d’exemples paroxystiques.
La lecture de Michel Boutanquoi, Université de Franche-Comté, laboratoire de Psychologie, extrait :
Le titre de l’ouvrage, que l’on pourrait qualifier de « racoleur », prévient d'une certaine manière le lecteur : la posture de l'auteur est celle d'une dénonciation sinon d'un départ en croisade. C'est bien dommage, au sens où un certain nombre de points soulevés, d'interrogations avisées se trouvent noyés au milieu d'affirmations et de démonstrations caricaturales.
Des nègres et des juges
La scandaleuse affaire Spoutourne (1831-1834)
de Caroline Oudin-Bastide
Complexe, 2008
Présentation de l'éditeur. "J'ai l'honneur de vous exposer que le huit de ce mois à huit heures du matin, douze nègres des habitations de Spoutourne, situées commune de la Trinité, appartenant à madame veuve Dubuc Saint-Prix Belfond, gérées par un sieur Vermeil, vinrent porter plainte contre lui, à raison de mauvais traitements qu'il leur faisait éprouver." Ainsi débute la lettre envoyée, le 16 février 1831, par Alexandre Belletête, juge de paix du canton de la Trinité au procureur général de la Martinique. Ce jour-là commence l'"affaire Spoutourne".
Pendant plus de trois ans, elle met aux prises les divers acteurs de la société coloniale : esclaves en lutte contre la violence des maîtres, colons prêts à tout pour sauvegarder leurs intérêts, administrateurs souvent attentistes et aussi - nouveaux protagonistes sur la scène coloniale - de jeunes juges métropolitains dont le zèle intempestif vient perturber le système esclavagiste.
À travers cette affaire, Des nègres et des juges met en lumière le rôle de la violence dans la société coloniale, la mainmise des colons sur la justice locale, mais aussi la capacité des esclaves à s'organiser pour exprimer leur révolte. Caroline Oudin-Bastide donne à lire ce scandale esclavagiste à travers de multiples documents - archives manuscrites et sources imprimées - qui font de ce livre une histoire prise sur le vif.
Biographie de l'auteur. Caroline Oudin-Bastide est historienne, spécialiste de l'histoire de l'esclavage aux Antilles françaises. Elle a publié Travail, capitalisme et société esclavagiste (La Découverte, 2005). Sur cette "affaire Spoutourne", elle est coauteur, avec Philippe Labrune, d'un documentaire pour Arte intitulé Espoir, vertu d'esclave.