« Aider les autres, plus qu'une vocation | L'affaire de l’enfant de 5 ans jugé en audience publique » |
Placid et Muzo
NDLR : Toute une époque, révolue. A brûler ?
Bien évidemment, il n’y a jamais eu chez quiconque aux Éditions Vaillant l’idée de manipuler les petites cervelles toutes fraîches, on veut simplement transmettre des idées généreuses, comme le respect de l’autre, l’antiracisme, le goût de la liberté et de la paix, le rejet des superstitions, la confiance dans le progrès et autres valeurs humanistes." • L’histoire de Pif Gadget, L'Humanité, le 9 septembre 2003
"La BD provocatrice n'est pas morte"
LEMONDE.FR | 28.01.09 | 13h02, extraits
Benoît Mouchard, directeur artistique du Festival international de bande dessinée d'Angoulême, estime que malgré le retour d'un certain ordre moral comparativement aux années 1970, de nombreuses publications contemporaines restent transgressives.
[...] Def : Peut-on dire de la BD qu'à l'instar du rock, à force de se populariser, le message provocateur et contestataire s'est perdu ?
Benoît Mouchard : Cela dépend de qui on parle. Si on est dans les généralités, il est assez évident que la bande dessinée française est moins subsersive que dans les années 1970, la grande époque de Reiser, de Gotlib, de Bretécher, etc. Pour autant, ce qu'il ne faut pas négliger, c'est que la bande dessinée est un moyen d'expression pratiqué partout sur la planète, et qu'il y a certains endroits du monde où elle est plus que jamais provocatrice et subversive. C'est pourquoi nous consacrons une exposition cette année, notamment, à la bande dessinée sud-africaine. Le collectif Bitter Komix pratique la bande dessinée comme un sport de combat et détourne notamment la ligne claire d'Hergé pour parler des conséquences malheureusement toujours réelles de l'apartheid.
De source placid.muzo.free.fr
Bande Dessinée
«Pif Gadget» est mort
Le mythique magazine pour la jeunesse cesse définitivement sa parution.
Le Matin - le 22 janvier 2009, 21h34
Une machine à faire des oeufs carrés: voici l'ultime gadget qu'on glissera dans le cercueil de Pif le chien. Le numéro 53 de Pif Gadget, daté de novembre 2008, qui traîne encore sur les rayons de certains kiosques, est appelé à devenir collector. Attendu ce mois, le numéro 54 ne verra jamais le jour: mercredi dernier, le Tribunal de commerce de Bobigny a placé en liquidation judiciaire Pif éditions, la société qui s'occupait du mythique magazine pour la jeunesse lancé en 1969.
Désormais, c'est uniquement sur l'écran large de la mémoire que Pif se chicanera avec le chat Hercule. Pour toutes les filles et pour tous les garçons qui ont grandi dans les années septante en dévorant chaque semaine ce journal bédé agrémenté d'un gadget loufoque, la nouvelle est infiniment triste. Mais pas réellement surprenante. Le temps où le journal fédérait l'ensemble des cours de récréation en réconciliant cancres et bons élèves autour d'une histoire complète de Placid et Muzo ou d'un bricolage cheap est depuis longtemps révolu.
Imposante académie
La légende, elle, a encore quelques beaux jours devant elle. Pif Gadget a marqué l'histoire de la presse populaire en ouvrant aux lecteurs les portes d'une imposante académie du gag et de l'aventure où s'illustrèrent des mythes aussi différents que Rahan, Corinne et Jeannot, Pifou, Doc Justice, le Grêlé 7/13 ou encore Corto Maltese.
Le journal, fondé en 1969 sous l'égide du Parti communiste français, a aligné quelques records qui ont de quoi faire rêver un certain nombre de magazines contemporains. Non content d'afficher un tirage moyen de 500000 exemplaires à l'époque où George Pompidou, puis Valéry Giscard d'Estaing dirigeaient la France, Pif a franchi par deux fois le cap impressionnant du million d'exemplaires grâce à des gadgets d'anthologie (les Pifises, de petits crustacés à cultiver soi-même, en avril 1970, et les pois sauteurs du Mexique en 1971).
Balayé par la modernité
Las, comme souvent dans ce genre d'histoire, le brave toutou inventé par José Cabrero Arnal, ses compagnons dessinés et l'esprit «sain et bon enfant» voulu par l'éditeur ont été balayés par le grand vent de la modernité.
En 1993, Pif Gadget est mort une première fois. Dans une indifférence quasi générale. Onze ans plus tard, en plein règne numérique, des esprits que l'on devine nostalgiques (Patrick Apel-Muller, Pierre Dharereville, François Corteggiani) ont eu l'idée charmante de le ressusciter.
Sous la forme d'un mensuel un peu frêle, Pif nouvelle génération a tenu 53 numéros en faisant presque comme si la Wii, le iPod et autres fantaisies numériques n'avaient jamais existé. Durant ce laps de temps, sans faire grand bruit, il aura continué de proposer ses «joujoux» d'un autre âge, ses bédés au charme suranné tout en invitant au fil des numéros quelques-uns de ses vieux héros (Placid et Muzo, Rahan, Docteur Justice, Léo le léopard) à effectuer un dernier tour de piste. Avant que le temps, qui décidément n'épargne personne, ne fasse définitivement son oeuvre.