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Au procès Colonna : « pourquoi dire ça dix ans après ? »
Yvan Colonna fait de la politique au tribunal
Stéphane Durand-Souffland
Le Figaro, 10/02/2009 | Mise à jour : 21:26, extrait
Le berger de Cargèse affirme être condamné avant d'être jugé et s'en prend à Nicolas Sarkozy.
Le patron de la défense, c'est Yvan Colonna. Cinq avocats sont assis devant lui, mais le client commande. Il a retroussé ses manches, dévoilant des avant-bras endurcis par la vie au grand air et entretenus dans la salle de musculation de Fresnes. Puis, il a parlé.
«Je voudrais vous dire que personne de ma famille ne viendra témoigner: je le leur ai interdit. C'est un jeu hypocrite, on les fait venir alors qu'on ne les écoute même pas. Que je sois un bon ou un méchant garçon, un bon ou un mauvais époux, ça n'a aucune importance. La seule question, c'est celle-ci: suis-je innocent ou pas?»
L'accusé, pugnace au point de frôler l'outrecuidance, entend placer les débats d'appel sur un terrain politique: «Depuis mai 1999, il y a une vérité absolue: je suis l'assassin du préfet Érignac, argumente-t-il. Avec un pic en 2003, quand M. Sarkozy a dit: “On a arrêté l'assassin”. La présomption d'innocence, c'est bon pour ses amis, mais pas pour moi. M. Sarkozy a reçu les parties civiles à de nombreuses reprises, il s'est engagé à ce que je sois condamné. Comment voulez-vous que j'aie confiance dans la justice?»
Le président Wacogne, très ferme: «Ce n'est pas lui qui vous juge.»
Yvan Colonna refuse de s'adresser à la famille Érignac
Le Figaro, 12/02/2009 | Mise à jour : 19:31
La veuve du préfet en a appelé à «l'honneur corse» pour connaître la vérité.
Pour la quatrième fois depuis 2003, Dominique Érignac s'adresse à une cour d'assises. Elle n'a pas changé. Ses cheveux blancs, son pull gris, son écharpe mauve, sa voix… Au fil des années, l'évocation de son «mari Claude», le préfet assassiné le 6 février 1998, s'est recentrée sur l'essentiel. Aujourd'hui, après ses enfants Charles-Antoine et Christophine, elle livre une bouleversante épure face à Yvan Colonna, pâle et attentif.
Ce n'est pas le chagrin qui rend si belle Mme Érignac. Cette femme est douée d'une force d'âme et de cœur si impressionnante que rien ne peut l'enlaidir, tout simplement. «J'en ai assez de subir les attitudes des uns et des autres qui inventent des choses nouvelles pour semer le trouble, dit-elle. Que tout ceci est bas, sans envergure ni grandeur… Pourquoi cet acte de violence irrémédiable envers mon mari Claude, pourquoi ?»
Faits divers
Rebondissement au procès Colonna
Le Parisien | 14.02.2009, 07h00
Témoin au procès en appel d’Yvan Colonna, un ex-haut fonctionnaire en Corse a affirmé vendredi soir que deux hommes soupçonnés d’avoir participé à l’assassinat du préfet Erignac, en 1998 à Ajaccio, étaient « peut-être » en liberté. Et cette idée lui est « insupportable ».
Didier Vinolas, ancien collaborateur du préfet, s’est donc résolu à parler. D’une part pour « aider les magistrats de la cour à forger leur conviction », d’autre part « parce qu’il y a un risque de laisser condamner un innocent », a précisé le témoin.
Un supplément d’information demandé
Lors du premier procès fin 2007, celui-ci n’avait pas évoqué cette hypothèse qu’il tenait d’un informateur depuis 2002. Selon ce « Monsieur X », les deux hommes faisaient partie de la « sphère » qui avait attaqué la gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud), en septembre 1997. C’était une des premières actions revendiquées par le groupe nationaliste dit des « anonymes ». Puisque l’assassinat de M. Erignac a aussi été signé de ce groupe avec une arme de Pietrosella, l’ex-commissaire s’est dit qu’il « y a peut-être dans la nature, des personnes ayant participé au crime d’Ajaccio ».
Dès 2002, Didier Vinolas avait fourni les noms des deux « suspects » à la justice, mais ne les a pas révélés hier à l’audience. Ses propos sur des complices supposés ont « stupéfait » Me Philippe Lemaire, qui assiste la veuve et les enfants du préfet. L’un des avocats généraux, Christophe Tessier, s’est demandé « pourquoi dire ça dix ans après ? » Pour Me Gilles Siméoni, l’un des défenseurs du berger de Cargèse, les informations de l’ancien haut fonctionnaire aux autorités ont été « escamotées ». Et de réclamer un « supplément d’information », qui entraînerait le renvoi du procès en appel, en cours depuis lundi.
Société
Conférence de presse de la défense de Colonna après les révélations d'un témoin
AP | 14.02.2009 | 09:59
La défense d'Yvan Colonna "ne peut pas rester muette" et a décidé d'organiser une conférence de presse samedi pour répondre aux révélations d'un témoin, Didier Vinolas, l'ancien secrétaire général de la préfecture de Corse, selon qui deux hommes soupçonnés d'avoir participé à l'assassinat du préfet Claude Erignac en février 1998 seraient "peut-être" encore en liberté, a-t-on appris auprès de Me Pascal Garbarini.
La conférence de presse se tiendra à 17h au cabinet parisien de Me Garbarini en présence des autres avocats de la défense.
"Il y a peut-être deux hommes dans la nature qui ont participé à l'assassinat du préfet (...) Ca m'est insupportable", a déclaré vendredi soir Didier Vinolas, un témoin d'autant plus précieux pour la défense qu'il est au-dessus de tout soupçon. Ancien bras droit de Claude Erignac, auquel il était très attaché, il a notamment aidé sa veuve pour toutes les démarches après la mort brutale de son mari.
Entendu après un expert en balistique, mandaté récemment par la défense pour tenter d'inverser le verdict de 2007 condamnant son client à la réclusion criminelle à perpétuité, M. Vinolas a affirmé avoir obtenu les deux noms, qu'il n'a pas révélés à l'audience, d'un informateur en septembre 2002, et les avoir transmis quelques jours plus tard au procureur de la République de Paris, Yves Bot.
"Je me dis qu'il y a peut-être d'autres personnes ayant participé à l'assassinat" qui n'ont jamais été arrêtées, a déclaré M. Vinolas, aujourd'hui en poste à la mairie de Paris, qui a pourtant témoigné aux trois autres procès consacrés à l'assassinat du préfet, dont le premier a eu lieu en juin 2003. Il dit s'être décidé à parler à ce quatrième procès pour "aider les magistrats à forger leur intime conviction" et ne pas prendre le "risque de laisser condamner un innocent".
Yvan Colonna est jugé en appel par la Cour d'assises de Paris pour l'assassinat du préfet Erignac le 6 février 1998 en pleine rue à Ajaccio. Il a toujours nié les faits pour lesquels il a écopé le 13 décembre 2007 de la réclusion criminelle à perpétuité. AP