Mot(s) clef: morale
Revue Ethnopsychiatrica, n° 1
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Normes et déviances
Véronique Pillon, éditions Bréal, 2006
La mondialisation de la culture
Jean-Pierre Warnier, la Découverte, 2004
Du N°1 de la revue Ethnopsychiatrica, 1978.
Toute connaissance ayant trait à la société (et donc aussi à la culture) repose sur deux principes :
1) Le patrimoine génétique de homo sapiens n'est pas celui d'une espèce dite « sociale » (abeilles, termites, etc.), mais celui d'une espèce grégaire - terme employé ici dans son sens traditionnel et non pas au sens qu'il a dans l'éthologie. ...
2) Il est inadmissible d'attribuer l'équivalent d'un psychisme à la société. Ce principe permet cependant l'emploi d'expressions du genre : « la société choisit », si la façon dont une telle expression est utilisée n'implique pas l'existence d'un « raisonnement » ou d'une « volonté » propres à la société en tant que telle. Elle ne peut impliquer qu'un choix soit unanime, soit fait par la majorité des membres d'une société, soit même le choix d'un individu ou d'un groupe d'individus capables de faire agir l'ensemble de la population d'une manière conforme à leur choix.
I. La Pathologie. Le terme « ethnopsychiatrie » contient trois racines grecques : ethnos, psyché et iatreia (traitement visant la guérison). Le troisième de ces termes implique les notions de « maladie » et « santé », et présuppose que le traitement d'une maladie peut la remplacer par la santé. L'idée du traitement implique, à son tour, que la maladie est un mal, la santé un bien et le traitement de la maladie un bien inconditionnel.
Ces suppositions mènent, en ligne droite, au problème focal d'une théorie morale, selon laquelle il est impossible de relier, d'une manière logiquement inattaquable, « ce qui est » à « ce qui devrait être » ; la notion de « valeur » et encore plus celle d'une « hiérarchie des valeurs » sont inséparables de ce problème.
Or, dès 1941, j'ai formulé une méthode très simple, qui exclut tout jugement de valeur aprioristique et permet de déceler par des moyens identiques, la pathologie tant au niveau de l'individu, qu'au niveau socio-culturel. Soit un individu - ou un groupe - qui poursuit un but de son propre choix, sur lequel il n'appartient pas à l'ethnopsychiatre de porter un jugement de valeur. Si la poursuite de cet objectif produit une situation de stress que le « sujet » (individu ou groupe) apprécie comme telle et si tous ses efforts pour atténuer ce stress par un recours à des contre-mesures nouvelles et (ou) renforcées ne fait qu'accroître le stress, le « sujet » est pris dans les engrenages d'un cercle vicieux. La présence d'un cercle vicieux de ce genre caractérise toute psychopathologie individuelle et toute pathologie sociale - et souvent aussi les maladies organiques.
II. La Sublimation. Le point de départ traditionnel des études des désordres individuels et sociaux est la notion de « pathologie », parce que - en première approximation - seule une condition « anormale » semble permettre l'étude des situations et processus discrets - c'est-à-dire individuels, isolés - quasiment sous le microscope et in vitro. Cette approche, dont l'utilité au début de toute recherche est indiscutable, a cependant aussi de graves inconvénients.
1) Dans les énoncés concernant l'individu (psychologiques), l'adjectif « humain » tend à devenir un synonyme de « faillible » et même d'ignoble.
2) Dans les recherches ayant trait à la société, un intérêt presque obsessionnel porté à la pathologie sociale devient inévitablement idéologique - ce qui rend l'étude véritablement scientifique des aspects non-pathologiques de toute société impossible. Une telle impasse est inévitable lorsqu'un négativisme systématique (5, chap. 3) prétend être une critique sociale scientifique. Il importe peu qu'une telle « critique » envisage la société comme l'ennemi naturel de l'Homme, ou qu'elle considère l'individu comme une source perpétuelle de danger pour la société, car ni l'une ni l'autre de ces deux « théories » n'est capable d'expliquer :
1) pourquoi les êtres humains, loin d'être constamment destructifs, manifestent souvent une grande capacité de création dans les sciences, les arts et les rapports interpersonnels, et
2) pourquoi toute société n'accule pas tous ses membres à la folie et au suicide ou pourquoi l'éclosion de l'individualité ne sape pas automatiquement les fondements même de la société.
Les deux grandes peurs d'Outreau • L'Etat semble moins craindre de faire face à de nouveaux scandales que d'engager une réelle réforme de la justice.
Libération, le 26 janvier 2006
Des deux grandes peurs d'Outreau : laquelle va triompher ? Celle de voir des horreurs pareilles recommencer ou celle de changer notre procédure pénale ? Pour l'instant, l'expérience démontre que la peur du changement triomphe toujours de la peur de la répétition d'un sinistre. L'affaire Ranucci, celle de Bruay-en-Artois n'ont généré aucune réforme de l'instruction, pas plus que le scandale de l'affaire Grégory Villemin avec le juge Lambert ou celui des médecins de Poitiers. Depuis quinze ans, des dizaines de réformes sont intervenues. Certaines sans être mises en oeuvre. D'autres mortes-nées. D'autres sans grand effet parce que s'agissant de rustines. Seule la loi du 15 juin 2000 a manifesté une attention unanime de nos politiques, car eux-mêmes furent pincés dans l'archaïsme et la violence de notre système pénal. Malgré ces circonstances favorables, on n'a pas touché à l'architecture du système, mais à ses détails. La loi fut donc facilement rabotée, une fois par la gauche, deux fois par la droite. Le code de procédure pénale change tout le temps par rafistolages successifs et contradictoires. Il en est devenu presque illisible.
Du bonheur d'être suisse sous Blocher
Article paru dans l'édition du Monde du 13.11.07
Depuis une quinzaine d'années, les intellectuels helvétiques ont cessé de se suicider. (...) Mais, cette fois, aucun intellectuel helvétique ne semble vouloir se suicider. Les artistes helvétiques sont présents comme jamais sur la scène mondiale. (...) Ils ont adopté un point de vue tellement éloigné du nationalisme qu'ils peinent à s'indigner vraiment. Ils ont pris de l'avance, se sont persuadés que leur pays n'est définitivement ni pire ni meilleur qu'aucun de ceux que l'Europe a produits. Leur optimisme reste contagieux. Il signale à ceux qui en doutent que Blocher passera, comme Haider et les jumeaux burlesques sont passés.
Le nationaliste suisse Christoph Blocher écarté du gouvernement malgré la victoire de son parti
LEMONDE.FR avec AFP | 12.12.07 | Extraits
Malgré sa victoire aux élections législatives d'octobre dernier au terme d'une campagne aux accents xénophobes particulièrement marqués, le ministre suisse de la justice et de la police Christoph Blocher, figure de proue de la droite populiste, n'a pas été réélu mercredi 12 décembre au gouvernement par le Parlement. (...) En menant une campagne ouvertement xénophobe et anti-européenne, le ministre de la justice et de la police s'est aliéné une partie de la droite modérée : dès mardi soir, une majorité de parlementaires démocrates-chrétiens du PDC, parti qui l'avait pourtant porté au pouvoir en 2003, avaient annoncé leur intention de s'allier aux socialistes et aux Verts pour lui barrer la route en choisissant un UDC plus modéré. (...) L'UDC avait menacé mardi soir de se retirer entièrement du gouvernement si M. Blocher était écarté et "de passer à l'opposition" où elle pourrait bloquer les décisions du gouvernement en déclenchant des référendums d'initiative populaire.
Délinquance des mineurs : la République en quête de respect
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Délinquance des mineurs : la République en quête de respect
Rapport de commission d'enquête n° 340 (2001-2002) de MM. Jean-Claude CARLE et Jean-Pierre SCHOSTECK,
fait au nom de la commission d'enquête, déposé le 27 juin 2002, extrait
2. Un rapport conflictuel avec les parents
Lorsqu'il estime que l'enfant est en situation de danger, le Président du Conseil général est tenu de saisir le procureur de la République qui, lui-même, décide s'il y a lieu de saisir le juge des enfants. Il s'agit là d'une perspective qui effraie des parents et dissuade, bien souvent, des recours aux services de l'ASE.
Pourtant, les droits des familles et notamment des parents ont été régulièrement améliorés depuis les conclusions du rapport Bianco-Lamy de 1984. La loi du 6 juin 1984 consacrait cinq droits, résumés dans la loi du 6 janvier 1986 précisant les missions de l'aide sociale à l'enfance. Il y est fait référence au terme de « collaboration » avec les familles qui revêt un sens très fort : le consentement de ces dernières est obligatoire pour la mise en place d'une mesure et leur adhésion le plus possible recherchée.
Comment, dès lors, expliquer les phénomènes décrits par le rapport Naves-Cathala sur l'éviction parentale ? En effet, les auteurs de ce rapport n'hésitent pas à écrire que les familles « vivent l'intervention administrative et judiciaire avec un fort sentiment d'injustice et la peur du placement ». Il est expliqué que la perception de l'aide sociale à l'enfance comme une institution « rapteuse d'enfant » est le fruit d'un triple malentendu.
Il y a en premier lieu « incompréhension des logiques » entre familles et professionnels, les premières ayant notamment le sentiment que les décisions sont prises dans l'urgence, en second lieu des « pratiques qui ne favorisent pas le dialogue » et qui nourrissent les familles dans le sentiment d'un complot liant l'institution judiciaire et les travailleurs sociaux contre elles. Cette incompréhension est vécue avec un fort « sentiment d'impuissance et d'humiliation », surtout dans le cadre d'une limitation de leurs droits, notamment de l'accès aux dossiers.
Dans les perspectives de la Conférence de la Famille 1998, marquée sous le sceau de la valorisation parentale, Mme Ségolène Royal, alors ministre déléguée à la Famille et à l'Enfance, a souhaité que soient étudiés les moyens pouvant aboutir à une réduction des placements de moitié.
Ce contexte n'est en tout cas pas favorable au développement du travail social prévu par le volet administratif de l'ASE et qui constitue pourtant, sur le papier, un instrument de prévention de la délinquance de premier plan.
3. Un système de protection de l'enfance dévoyé ?
a) La judiciarisation des interventions de l'aide sociale à l'enfance nuit à la protection administrative
Les interventions des services de l'aide sociale à l'enfance, lorsqu'ils sont en lien avec l'autorité judiciaire, sont de deux ordres.
L'ASE peut saisir l'autorité judiciaire lorsqu'elle estime que l'enfant est dans une situation de danger afin que le magistrat ordonne le recours à elle dans le cadre de l'article 375 du code civil. L'autorité judiciaire considère aujourd'hui que les départements recourent de manière trop systématique à la justice pour obtenir le placement d'un l'enfant sous le régime de l'assistance éducative, afin de se défausser des cas lourds et d'éviter le plus possible le recours aux mesures d'assistance éducative en milieu ouvert. Les parquets, placés pourtant en position de modérateur, n'ont pas les moyens de jouer ce rôle.
La tendance à la saisine de plus en plus fréquente de l'autorité judiciaire a été confirmée par M. Philippe Nogrix, représentant de l'Association des départements de France, lors de son audition par la commission d'enquête :
« Les signalements sont devenus de plus en plus nombreux de la part de l'Education nationale et des travailleurs sociaux. En effet, les éducateurs qui travaillent avec des familles sous la forme contractuelle se sont vus reprocher de ne pas avoir pratiqué le signalement au pouvoir judiciaire et ont été sanctionnés. Ils ont donc maintenant tendance à signaler les choses dès que la déstabilisation commence.
« Je crois nécessaire d'établir des partenariats beaucoup plus étroits entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir administratif des départements. J'appelle à la concertation, à l'harmonisation des pratiques, à la définition de procédures complémentaires autour d'un partenariat basé à la fois sur la confiance, le respect et l'acceptation des procédures des uns et des autres. »
b) La confusion de la procédure d'assistance éducative et de la procédure pénale
Si l'ASE se voit reprocher une saisine trop systématique de l'autorité judiciaire, celle-ci doit elle aussi faire face à des critiques concernant sa tendance à recourir aux procédures de l'assistance éducative à l'égard des mineurs délinquants.
En principe, les règles du code civil relatives à l'assistance éducative sont réservées aux mineurs en danger cependant que les mineurs délinquants doivent faire l'objet d'un accompagnement dans le cadre de l'ordonnance du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante.
En pratique, il est fréquent que les juges des enfants recourent aux règles du code civil pour placer certains mineurs délinquants. Cette attitude n'est pas sans conséquence, dès lors que la quasi-totalité des mesures prises au titre de l'assistance éducative sont financées par les conseils généraux tandis que les mesures prises au titre de l'ordonnance de 1945 sont financées par le ministère de la justice.
L'aide sociale à l'enfance est une institution qui doit tenir un rôle déterminant dans la prévention de la délinquance. Mais, si le rôle préventif de la protection administrative est pollué par l'assistance éducative, elle-même polluée par des actions relevant de l'ordonnance de 1945, un glissement de la prévention primaire vers l'accompagnement des cas de délinquance est inévitable.
Pour que le rôle clef du département puisse s'affirmer, il est nécessaire que la confusion sur les actions de l'ASE soit dissipée.
Protection de l'enfance et cohésion sociale du IVe au XXe siècle
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La société en recevant l'enfant se met à la place de la famille; elle en accepte les devoirs (...) elle doit faire pour l'enfant ce que ferait la famille elle-même, supposé qu'elle connût ses devoirs et qu'elle eût la volonté et le pouvoir de les remplir (...) elle doit veiller au développement des facultés morales de l'enfant trouvé • Paris, 1838
Protection de l'enfance et cohésion sociale du IVe au XXe siècle
Paul Vasseur
L'Harmattan, 04/1999
Collection Technologie de l'action social
La protection de l'enfance, actuelle mission de l'Aide Sociale à l'Enfance, est l'aboutissement d'un long processus historique et social.
Au cours de notre histoire, la société a su trouver une réponse à la situation des enfants abandonnés, des enfants délaissés, des enfants maltraités. Jusqu'à une époque encore récente, les actions développées en direction de ces enfants le sont selon un même modèle : l'accueil et le placement. Ce système connaîtra une réelle transformation après la publication du rapport Bianco-Lamy, en 1981. L'histoire du dispositif de la sauvegarde de l'enfance n'a de sens que située dans l'évolution des modèles familiaux, des modèles éducatifs et des modèles de l'action sociale.
En effet, l'enfant abandonné, objet des normes sociales, est aussi sujet de la transformation des modèles sociaux. Ainsi, l'enfant abandonné a été celui qui a permis de légitimer l'action " sociale " de l'Eglise, de la Royauté, puis celle de la République. En fait, au-delà des actions de protection qu'il a suscitées, l'enfant abandonné a favorisé le maintien et l'émergence des liens sociaux puisqu'il a été celui par lequel tous les enfants ont pu être considérés pour eux-mêmes.
Un ensemble d'institutions sociales et éducatives a été créé afin de mieux préserver l'enfant. Elles ont servi pleinement la cohésion sociale en déterminant notre système éducatif, notre politique familiale et plus généralement notre système d'action sociale. Dans cette perspective, la protection de l'enfant n'a pas seulement une dimension sociale, elle possède également une dimension culturelle. Ainsi, l'histoire de la protection de l'enfance est aussi l'histoire de la cohésion sociale.
L'enfance inadaptée
Anthologie de textes fondammentaux
Claude Wacjman, Privat, 1993
Les bagnes d'enfants, dieu merci, ça n'existe plus
Jaques Fresco, ed. François Maspero, 1974
Crime et Folie, Marc Renneville, 2003
Michel Foucault,
Surveiller et punir
Le pouvoir psychiatrique
Histoire de la folie à l'age classique, Figures de la folie
Les anormaux
...
L'impôt du sang
Hervé Drevillon
Chez Tallandier, 2005
Asiles
Erving Goffman
Essais de traitement collectif du quartier d'agités
Philippe Paumelle
Préface de Philippe Koechin
Postface de Stanislaw Tomkiewicz
Editions ENSP, 1999
Un monde de fous
Comment notre société maltraite ses malades mentaux
de Patrick Coupechoux
Chez Seuil, février 2006
La disqualification sociale
Serge Paugam, PUF, 2004
...
L'infériorité de stature
Lorsque la malformation transparaît dans les archives, il est toujours difficile de déterminer si, congénitale, elle a hâté l'abandon de l'enfant par ses parents, ou si les circonstances de l'abandon et les mauvaises conditions de placement l'ont crée de toute pièce. Sous la Troisième République, les enfants en dépôt ont la croissance la plus complète : 6% seulement sont peu développés ou affligés d'une malformation. A l'inverse, les trouvés ont énormément pâti de leur condition d'abandon : un tier grandit de manière anormale.
... En revance, les troubles de la croissance sont très fréquents chez les pupilles. ... 30% des pensions sont accordées pour insuffisance de croissance (rachitisme ou faiblesse de constitution). En 1907, l'agence de Varzy (Nièvre) alloue cinquante-cinq pensions extraordinaires, dont trente et une (soit 56%) pour développement insuffisant. Tout au long de la période, on rencontre de nombreux cas de pupilles malingres. En 1891, un garçon de neuf ans est « petit pour son âge et chétif ».
Ni père ni mère, p. 158-159
Histoire des enfants de l'assistance publique (1874-1939)
Ivan Jablonka
Chez Seuil, 2006
Heureux les agents publics : ils seront couverts
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Les robes noires contre les blouses blanches ?
Par Eolas, lundi 4 août 2008, extrait
Heureux les agents publics : ils seront couverts
Notre hypothèse est que le dommage au patient est survenu dans un établissement hospitalier (on parle d'hôpital pour un établissement de soin relevant de l'État, et de clinique pour un établissement privé ; mais il y a des pièges comme l'Hôpital américain de Paris, qui comme son nom l'indique est une clinique française située à Neuilly Sur Seine). Le contentieux relève du juge administratif, et le défendeur est l'établissement hospitalier lui-même, pas le médecin. Ceci est une application générale du fait que l'État est responsable des agissements de ses fonctionnaires, et se substitue à eux pour réparer les dommages causés. Il peut ensuite régler ses comptes avec l'agent public fautif, en demandant le remboursement des sommes payées à la victime (action récursoire, quasiment jamais utilisée à ma connaissance) et en prenant des sanctions disciplinaires à son égard.
Arrête d'être lourde (je parle à la faute)
Jusqu'en 1992, le juge administratif exigeait que la faute ayant causé un dommage soit une faute “lourde”. Cette exigence se voulait le reflet de la particularité de la pratique médicale : un médecin ne saurait être tenu de guérir son patient. Il doit faire de son mieux. ...
— La voici - une question - : qui êtes-vous pour dire qu'un médecin a commis une faute ?
— Personne. Pas plus que le juge, cela dit.
— Est-ce une excuse ?
— Non, mais l'ignorance est plus supportable quand elle est équitablement partagée. C'est sur ce pilier que reposent tous les comptoirs de café du commerce. De fait, pour dire qu'un médecin s'est trompé, nous faisons appel… à un médecin. Tous ces dossiers donnent lieu à une expertise judiciaire. Zythom nous parle avec talent de son activité d'expert judiciaire en informatique. Un médecin fait de même, mais n'autopsie pas des serveurs ou des disques durs.
— Cela marche comment ?
— Très simplement. On ne choisit pas son expert, c'est le juge qui le désigne. L'adversaire doit être mis en cause pour pouvoir participer aux opérations et éventuellement avoir son mot à dire sur l'expert. Cette désignation se fait en référé, aussi bien au judiciaire (art. 145 du CPC) qu'à l'administratif (art. R.532-1 du CJA). L'expert se fait communiquer le dossier médical complet, épluche les compte-rendus opératoires, convoque les parties à une réunion d'expertise où la victime sera examinée en présence des avocats, du médecin ou de l'établissement mis en cause. Les avocats en “corpo” se font assister d'un médecin conseil, qui leur apporte leurs lumières. L'expert rend ensuite un rapport répondant aux questions et remarques faites par les parties, et c'est sur la base de ce rapport que les avocats vont ensuite s'étriper en toute confraternité.
“Le droit, rien que le droit…”
Par Eolas, jeudi 31 juillet 2008, extrait
Je ne le dirai jamais assez : le droit et la morale sont deux choses distinctes.
L'enfant proie
L'enfant proie
Dysfonctionnements et dérives de la protection de l'enfance
Pascal Vivet, Samuel Luret
Seuil, avril 2005
![](/EnfantProie.P53.jpg)
Page 53
Baromètre 2007 de la corruption dans le monde
Du Trésor de la Langue Française, CORRUPTION, subst. fém, extraits
II. Au fig.
A. Altération (procès ou état), changement en mal (sous l'effet de causes externes ou internes), cf. corrompre II A.
B. Dégradation de ce qui est sain, honnête et constitue une valeur morale (cf. corrompre II B).
1. [L'obj. de l'action est une pers. ou un groupe évoqué par un compl. prép. de ou un adj.]
a) Action de pousser (quelqu'un) à agir contre son devoir, sa conscience, par des dons, des promesses, la persuasion.
b) Faute de celui qui se laisse détourner de son devoir par des dons, des promesses ou la persuasion.
VICIER, verbe trans.
B. - 2. [Le compl. désigne une chose]
b) Entacher d'erreur. La moindre erreur, qu'elle soit commise au début, au milieu ou à la fin du travail, peut vicier toutes les conclusions (LANGLOIS, SEIGNOBOS, Introd. ét. hist., 1898, p. 45).
La corruption gangrène parlements et partis, police et tribunaux
LT.ch - Jeudi 6.12, 14:11
RAPPORT. Parlements et partis, police et tribunaux sont largement perçus dans le monde comme les institutions les plus gangrénées par la corruption, selon un rapport de Transparency International (TI). La Suisse fait partie des bons élèves mais le secteur privé et les médias sont égratignés.
« Le Baromètre Mondial de la Corruption de cette année montre que trop souvent, les gens doivent verser de l’argent durement gagné pour obtenir des services qui devraient être gratuits », déclare Huguette Labelle, Présidente de Transparency International. « Et ils ne constatent pas assez d’engagement dans la lutte contre la corruption de la part des gouvernements et des leaders politiques. Nous sommes toutefois heureux de constater que le public demande de plus en plus de comptes aux institutions, car ceci est un puissant moteur de changement. »
Les familles démunies sont les plus touchées par la corruption, même dans les pays riches, selon le nouveau sondage de TI • La corruption : un impôt sur les familles démunies partout dans le monde • Une police et une justice corrompues signifient des droits bafoués • Les pots-de-vin par secteur : une perspective par région • Les partis politiques restent les plus affectés par la corruption • Le public est prêt à un changement • Les gouvernements n’en font pas assez • ... • Conclusion : la lutte contre la corruption est l’affaire de tous
De source Transparency International
La langue ne ment pas
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La langue ne ment pas
Un film documentaire de Stan Neumann
Coproduction : ARTE France, Les Films d’Ici (2004 - 80’)
L'imprégnation de l'idéologie nazie dans la langue allemande à travers le journal de l'universitaire juif Victor Klemperer. Une minutieuse description de la vie quotidienne sur fond de catastrophe. Un témoignage unique sur le rôle de la langue dans l'oppression nazie.
Le professeur d'université Victor Klemperer a survécu au régime nazi. De l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933 jusqu'à la capitulation allemande en 1945, il a tenu, en secret à Dresde, un journal dans lequel il rapporte ses pensées et raconte sa vie quotidienne. Une vie de paria, avec son cortège d'interdictions toujours grandissant, et avec pour unique horizon la menace permanente de la déportation. Mais Victor Klemperer entend aussi faire la chronique de la langue sous le IIIe Reich en notant ses particularités, son évolution, en analysant la façon dont elle se parle et s'écrit. Ce journal dans lequel il s'exprime en liberté devient pour lui une manière de lutter contre une langue devenue totalitaire.
L'Humanité, médias télé, le 31 janvier 2007
La langue ne ment pas
Arte, 20 h 40
Au Panthéon de ceux qui ont su décrypter le langage, on peut sans rougir associer le polémiste autrichien Karl Kraus, le pamphlétaire anglais George Orwell et le philologue allemand Viktor Klemperer. S’il a eu la vie sauve, c’est en partie parce que, juif, il était marié à une aryenne. Mais sa deuxième béquille, morale et intellectuelle, aura été l’examen clinique et in situ du poison qui petit à petit contaminait cette langue pour laquelle il se passionnait, la langue allemande. Avec LTI, la langue du IIIe Reich, il tient un journal méticuleux, incisif sur l’appauvrissement d’une langue, son détournement, son asservissement. Le réalisateur Stan Neumann traduit visuellement une oeuvre puissante et, hélas, toujours d’actualité.
LTI, la langue du IIIème Reich
de Victor Klemperer
Pocket, collection Agora, 2e édition, novembre 2003
Présentation de l'éditeur : Le philosophe allemand Victor Klemperer s'attacha dès 1933 à l'étude de la langue et des mots employés par les nazis. En puisant à une multitude de sources (discours radiodiffusés d'Adolf Hitler ou de Joseph Paul Goebbels, faire-part de naissance et de décès, journaux, livres et brochures, conversations, etc.), il a pu examiner la destruction de l'esprit et de la culture allemands par la novlangue nazie. En tenant ainsi son journal il accomplissait aussi un acte de résistance et de survie. En 1947, il tirera de son travail ce livre : "LTI, Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIe Reich", devenu la référence de toute réflexion sur le langage totalitaire. Sa lecture, à cinquante ans de distance, montre combien le monde contemporain a du mal à se guérir de cette langue contaminée ; et qu'aucune langue n'est à l'abri de nouvelles manipulations
La classification des nourrissons
Mémoires cliniques
Volume 45 2002/2, extrait
Nicole Guedeney, Anne Sophie Mintz, Catherine Rabouam, Annick Le Nestour,
Antoine Guedeney, Gisèle Danon, Martine Morales-Huet,
Frédérique Jacquemain, Sophie Roujeau
Nous ne pouvons ici présenter toute la richesse des réflexions et critiques sur la démarche classificatoire en général, et sur les systèmes de classification en particulier ; aussi nous limiterons-nous à illustrer ces questions des classifications par le champ de la psychiatrie de l’enfant de moins de 3 ans. Ce champ a, en effet, le mérite de mettre en exergue la défaillance des systèmes de classification actuels, et les défis posés par les essais de nouvelles démarches classificatoires.
Histoire des classifications et perspectives nouvelles en psychiatrie de l’enfant
Par Christian Mille
La lettre de l’enfance et de l’adolescence 2001-1 (no 43)
Page 91 à 97, extrait
Les premières descriptions des troubles mentaux de l’enfant
Plusieurs ouvrages consacrés à la « folie chez l’enfant » sont publiés en France et en Allemagne à la fin du xixe siècle. Des auteurs comme Moreau de Tours ou Mannheimer s’évertuent d’abord à démontrer qu’il est possible d’observer dans l’enfance des troubles analogues à ceux des adultes. Les mêmes hypothèses étiologiques sont avancées pour les désordres graves et les manifestations plus banales ; au même titre que les malformations, le bégaiement ou l’énurésie sont « attribués sans preuve aux méfaits du tréponème pâle ». La théorie de la dégénérescence défendue par Dupré est pareillement appliquée de manière extensive par Magnan aux troubles mentaux de l’enfant. Les aliénistes chargés d’accueillir dans leurs services les jeunes encéphalopathes cherchent surtout à établir des corrélations anatomo-cliniques.
Leurs essais de catégorisation répondent au seul objectif pragmatique de répartir les enfants entre les divers types d’établissement relevant des ministères de la Santé, de l’Instruction publique ou de la Justice. Le recours aux tests psychométriques introduits par Binet et Simon facilite l’orientation en fonction de l’âge mental ; sont ainsi nettement différenciés débiles et caractériels. Les débats scientifiques sont ailleurs. Les travaux marquants portent sur les formes infantiles de démence précoce dont sont minutieusement rapportées quelques observations.
Conte de noël, « le paradis des neuneus »
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NDLR : Mots clefs sur google « maltraitance institutionnelle coup de pied au cul », on tombe sur un article de la lettre à Lulu. « Conte de Noël. Le paradis des neuneus. Ça se passe à deux heures de solex de chez nous ! Un centre de rebut des handicapés mentaux passe à l'an 2000 en tentant de refaire une santé à sa réputation. »
Plus de détails sur ce forum ou ce site web dédié au procès Mindin. Ce procès n'a jamais eu lieu pour cause de vice de procédure.
Taverny, le chateau de Vaucelles, c'est à 20 minutes de Paris par l'autoroute et les voies rapides. Extrait d'une emission radio qui a fait l'objet d'un procès pour diffamation, le conte pourrait être reécrit et être intitulé « Hanoukka à l'OSE ». Extrait du site consacré au procès Mindin...
- bien 35'17
- Maltraitance, je pensais que le procureur était compétent. J'en ai parlé à la DASS a dit que ce n'était pas son problème, qu'elle avait d'autres chats à fouetter. J'en ai parlé au Conseil Général qui m'a dit aussi qu'il n'était pas compétent, que le directeur était maître après Dieu
- Texto ?
- oui
Où vont les prisons ? Entre réalités et droits
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La société en recevant l'enfant se met à la place de la famille; elle en accepte les devoirs (...) elle doit faire pour l'enfant ce que ferait la famille elle-même, supposé qu'elle connût ses devoirs et qu'elle eût la volonté et le pouvoir de les remplir (...) elle doit veiller au développement des facultés morales de l'enfant trouvé • Paris, 1838
Des hommes et des barreaux : la prison en quête de sens
Où vont les prisons ? Entre réalités et droits
Les cahiers du Conseil National des Barreaux, février 2004
Par exemple, je me suis rendu en août dernier au centre pénitentiaire de Clairvaux. Il s’agit d’un établissement pour longues peines où tout se passe bien en apparence. Le chef d’établissement, qui m’a reçu dans son bureau, loin des bruits de la détention, témoigne de la paix qui réside dans ce centre. Pourtant, les dires des détenus contredisent cette présentation et rapportent des interdictions multiples ainsi qu’une incarcération invivable. Ainsi, quand certains détenus ont voulu se réunir afin de créer un groupe de réflexion sur les conditions de détention et que cela s’est su, les prisonniers ont été transférés dans des établissements différents.
Dès lors, la vie en prison devient de plus en plus difficile et la revendication des droits impossible.
La prison produit ses fous
On entend souvent parler de psychose carcérale. Cette entité clinique est en fait contestée et il semble que ces épisodes puissent être rattachés à la catégorie des épisodes psychotiques réactionnels brefs. Plus généralement on peut distinguer deux sous-catégories de troubles mentaux engendrés par la prison. D’une part, les troubles qualifiés de réactionnels : ils regroupent dépression, anxiété, insomnie voire agitation ou épisode délirant et sont consécutifs soit directement à l’enfermement soit à la rupture qu’il occasionne soit encore à l’acte à l’origine de l’incarcération.
La société envoie ses fous en prison
Si la prison génère ses fous, la société y envoie les siens. On voit en effet de plus en plus souvent arriver en détention des individus qui, de toute évidence, devraient bénéficier davantage d’une hospitalisation que d’une incarcération
Il va de soi que les surveillants ne sont pas formés pour prendre en charge une telle population et que face aux désordres qu’engendrent certaines pathologies, l’administration pénitentiaire n’a parfois pas d’autre recours que le quartier disciplinaire tant pour protéger les malades que leurs codétenus et le personnel de surveillance.
Une question fondamentale est celle des fonctions sociales de la prison. On constate qu’il existe trois grandes raisons, dont deux ne concernent qu’une minorité de détenus :
• Certaines personnes sont envoyées en prison car elles ont eu des comportements qu’à un moment donné on considère inadmissibles. Cette raison ne concerne qu’une minorité de personnes incarcérées, pour lesquelles la prison représente une mise à l’écart de la société.
• Selon un principe ancien et toujours vérifié, le confort en prison ne doit pas être supérieur à un certain standard correspondant au niveau de vie d’un honnête travailleur pauvre. En moyenne, les personnes envoyées en prison perdent donc normalement en confort. C’est aussi le but de la sanction. Pourtant, une minorité de détenus sont tellement perdus, tellement désaffiliés des réseaux de sociabilité ordinaire, qu’ils trouvent en prison un meilleur gîte, un meilleur couvert, de meilleurs soins, et parfois une esquisse de formation professionnelle. La prison fait alors office de soutien social, médical, voire de formation.
• Enfin, pour une majorité de détenus, la prison possède une fonction expiatoire. En effet, selon Emile Durkheim, si le crime trouble la société, la peine est destinée à restaurer l’ordre social. Selon Paul Fauconnet, la société, en voulant annihiler le crime, va opérer un transfert de responsabilité sur une personne donnée, jugée responsable, qui sera donc traitée comme un bouc émissaire et que le société n’hésitera pas à sacrifier.
Frères et soeurs placés : pourquoi les séparer ?
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« On ne dispose aujourd’hui en France d’aucune statistique globale sur cette question. Pas plus qu’il n’existe de politique générale. Et les situations restent encore très variables d’un département à l’autre », résume Paul Durning, directeur de l’Oned (Observatoire national pour l’enfance en danger).
Trop souvent encore, et aussi étonnant que cela puisse paraître, les frères et sœurs sont tout simplement « oubliés ». C’est ce qu’a constaté Hayat Ghazal qui, dans le cadre de sa thèse de psychologie, étudie les dossiers de jeunes adultes (âgés de 18 à 21 ans), placés dans la région de Tours et d’Orléans : on trouve dans ces dossiers très peu d’éléments sur les frères et sœurs, les liens qu’ils peuvent avoir avec eux… Et il n’est parfois même pas mentionné s’ils en ont.
Paru dans La Croix du 08/11/2006
Frères et soeurs placés : pourquoi les séparer ?
Par négligence ou manque de structures adaptées, de nombreuses fratries sont encore aujourd'hui séparées
Albert, 66 ans, abandonné et placé à l’âge de 3 ans, a dû attendre d’avoir 21 ans pour découvrir qu’il avait un frère et une sœur, qui vivaient non loin de chez lui. « Quand je posais la question à l’assistante sociale, elle me répondait : “Ça ne te regarde pas.” C’était comme ça », dit-il avec fatalisme. Jacqueline, 65 ans, a eu davantage de « chance ».
La méprise d’Arras
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Il ne serait pas mal qu’à la porte de tous les ministres il y eût un autre crieur, qui dît à tous ceux qui viennent demander des lettres de cachet pour s’emparer des biens de leurs parents et alliés, ou dépendants...
PROCÈS CRIMINEL
DU SIEUR MONTBAILLI ET DE SA FEMME.
La méprise d’Arras, Voltaire (1771)
Les nouvelles sorcières de Salem ; Leçons d'Outreau
Les nouvelles sorcières de Salem ; Leçons d'Outreau
Antoine Garapon et Denis Salas
Seuil, 2006
Si certains refusaient d'entrer dans la communauté des "croyants", s'ils refusaient d'habiter "l'âme collective" décrite par Le Bon, ils étaient progressivement mis à l'écart. Nul ne leur adressait la parole. Une communauté morale, en exigeant une "loyauté" sans faille au pacte qui l'unit, est totalitaire.
La répétition et l'affirmation de ce danger relancé à chaque fait divers provoquent les effets de croyance et de contagion décrits par Le Bon. Orchestrées par les media de masse, nourries d'un flot de mots et d'images, les réactions sociales portent ce mécanisme à l'incandescence. Toutes les attentes se dirigent alors vers une justice présumée capable de nous délivrer enfin du mal.
Dans les slogans de l'urgence morale, l'activisme est de bon ton. "Se taire, c'est laisser faire." La prudence se mue en attentisme, le respect des droits en laxisme, la mesure en indifférence coupable. "Plus personne ne pourra dire : je ne savais pas." Un culte de la précaution suspicieuse envahit toutes les sphères de la vie sociale. Seul compte la démonstration que tout a été fait pour éviter le pire.
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