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La psychiatrie emportée par la tourmente sécuritaire
La psychiatrie emportée par la tourmente sécuritaire
Par Patrick Coupechoux, le Monde diplomatique, juillet 2006, extraits
Et même la folie a cessé d’être innocente.
Depuis vingt ans, par petites touches, les gouvernements successifs ont démantelé la psychiatrie publique. La suppression de dizaines de milliers de lits dans les hôpitaux s’est accompagnée d’une approche de plus en plus sécuritaire. Considérés comme dangereux plus que comme souffrants, trop de malades sont envoyés en prison. On en revient à une conception asilaire de la « santé mentale » qu’on croyait pourtant dépassée.
Lorsque est survenu le drame de l’hôpital psychiatrique de Pau, en décembre 2004, les « fous » ont soudainement eu les faveurs des estrades, des plateaux de télévision et des gazettes. Non pour évoquer leur situation, si complexe, mais pour alerter le citoyen sur leur dangerosité. Pour ajouter à l’angoisse des victimes potentielles, qui déjà se sentent menacées par les délinquants sexuels, les terroristes, la grippe aviaire, les immigrés clandestins, les intégristes islamistes de tous bords, on a ravivé la vieille peur du fou.
La tyrannie des bien-pensants
Réflexions sur les valeurs, l’identité et le processus de socialisation
par Hanna Malewska-Peyre
Droit & Société n° 19/1991
Résumé. Les deux dernières années ont apporté un intérêt renouvelé pour les questions d’éthique, de valeurs personnelles et sociales et d’identité. Les valeurs sont considérées comme un élément important de l’identité. L’article montre les liens entre la socialisation, les valeurs et l’identité. Trois exemples de processus de socialisation seront examinés : la socialisation des terroristes arméniens, des jeunes Polonais, des jeunes immigrés issus de l’immigration du Maghreb.
La Croix, 6/10/2006 20:40, extrait
Faut-il des statistiques ethniques ?
Certains chercheurs plaident pour la prise en compte, dans les statistiques, de l'origine des individus. D'autres craignent, au contraire, les risques d'un «fichage ethnique»
Depuis 1991, la Grande-Bretagne a introduit dans le recensement de sa population, la question : What is your ethnic group ? Les Britanniques sont invités à se classer en cinq «catégories» : White, Mixed, Asian or Asian British, Black or Black British, Chinese or other ethnic group (1). Verra-t-on un jour en France émerger de telles classifications ?
Souvent lancé par des chercheurs en sciences sociales, le débat autour de la nécessité de mettre au point des «statistiques ethniques» resurgit régulièrement en France. Ces derniers temps, il s’articule autour de la lutte contre les discriminations. Pour mieux les combattre, plaident certains, il faut déjà les mesurer et donc disposer d’indicateurs pour évaluer l’impact des politiques publiques mises en œuvre. D’autres dénoncent la tentation d’un «fichage ethnique» contraire aux principes républicains et propice à toutes les dérives.
Edvige : le gouvernement lâche du lest
lefigaro.fr, 09/09/2008
Le Québecquois Libre, mars 2003. Après avoir mis à jour les rouages de la pensée unique telle qu'elle s'exerce en France (voir LA TYRANNIE DU MÉDIATIQUEMENT CORRECT, le QL, no 78), notre confrère Jean-Marc Chardon, journaliste à France Culture, ausculte les ravages du politiquement correct dans les médias. Dans son dernier ouvrage, La tyrannie des Bien-Pensants, chez Economica, il fait le tour des débats interdits, biaisés voire escamotés dans une France qui prétend toujours donner au monde des leçons de morale.
La tyrannie des bien-pensants
Débat pour en finir !
34 auteurs ôtent les masques de l'imposture...
Sous la direction de Jean-Marc Chardon
Economica, 2002
P. 325, Pour en sortir : précis d'anticonformisme à usage immédiat
Un remède à la pensée unique : la culture générale
P. 76, Le mépris des victimes
Ces enfants que l'on tue. VICTIMES, toujours victimes ! De qui parle-t-on ? De la victime réelle, de la fillette violée, de la boulangère assassinée dans son magasin, du badaud déchiqueté par l'explosion d'une bombe d'un attentat ? Erreur, fausse piste : dans l'imaginaire des bien-pensants, cette « approche du phénomène » est tout simplement émotionnelle, instinctive, donc triviale. Il faut au contraire, décliner : « victimes les assassins, victimes les violeurs, victimes les terroristes ». Victimes ? « C'est parce qu'ils font payer à la société le mal qu'elle leur a fait. » Le plus souvent dans leur enfance, parait-il, même si les travaux du professeur Borris Cyrulnik ne confirment nullement ce postulat hérité de la psychanalyse.
(...) On a l'habitude de lire des ouvrages sur des assassins, mais certainement pas sur une génération de victimes. Pourquoi avoir concentré votre attention sur un aspect de la criminalité ? (...) J'ai voulu un livre-vérité, notamment sur le vécu des familles de victimes et sur le drame de l'enfance assassinée : le titre, certes un peu brutal, n'est tout simplement pas une porte dérobée pour ouvrir sur une réalité dont l'atrocité, elle, n'a rien de « dérobé ». (...) Quant aux familles de victimes, le trait commun qui les unit, à travers les générations, est de devoir assumer une immense épreuve de deuil rendue souvent plus cruelle encore par les conditions de la mort de leur proche et par les « vicissitudes et cruautés » de l'oeuvre de justice. (...) Pourquoi, enfin, s'être concentré sur un aspect précis de la criminalité, celle sur les enfants ? Question bien difficile car très personnelle. Tout combat part souvent d'une révolte personnelle, et tel fut mon cas suite à une affaire de meurtre d'enfant qui me toucha particulièrement (...) et que la responsabilité de citoyen est aussi (devrait-être !) de ne pas se contenter d'être « consommateur » d'une pseudo démocratie mais aussi acteur de cette démocratie, capable d'exercer son sens critique et d'interpeller ceux qui nous gouvernent sur leurs actes comme sur leurs refus de voir et d'agir.
Un vétéran handicapé : « I know what I've lost », août 2007
Des enfants assassinés
Baye Jean-Maxime
Jubilé, Témoignages et dossiers, 1999
Le meurtre de Céline Jourdan en 1988 cristallise chez Jean-Maxime Baye la douleur d'une profonde révolte, à l'origine d'un combat, individuel puis associatif. Un combat autour d'une conviction : une société se meurt lorsqu'elle tolère l'anéantissement de l'esprit même de la vie : l'enfance. Lutter contre l'oubli, tel est l'un des messages forts des témoignages recueillis par l'auteur auprès des familles d'enfants victimes, car l'oubli est une deuxième mort. Le devoir de mémoire appelle aussi un devoir de réflexion et d'action pour que, d'une vie perdue, puissent peut-être germer des vies préservées. L'auteur développe longuement les facteurs individuels et sociaux, qui sont souvent à la base de tels actes, au prix d'une plongée dans l'univers des criminels mais également dans des réalités socialement destructrices : pornographie, culture de la violence, inversion des valeurs… Le fonctionnement du système judiciaire est également abordé au terme d'une analyse n'éludant ni le dilemme de la peine perpétuelle ni le débat autour de la médicalisation de la lutte contre les infractions sexuelles. L'analyse débouche sur des propositions concrètes. Ce livre, par l'étendue des thèmes abordés, s'adresse à un très large public heurté par les violences criminelles contre les enfants.
Le temps des victimes
De Caroline Eliacheff
et Daniel Soulez Larivière
Albin Michel, décembre 2006
Tous égaux. L'intérêt grandissant que suscitent les victimes procède des meilleures intentions dans le meilleur des régimes possibles : la démocratie. Dans les pays totalitaires où elles sont bien plus nombreuses, les victimes sont aussi moins bien traitées, à moins que des organisations humanitaires, venues de pays démocratiques, ne volent à leur secours...
Le language de Thomas Szasz aurait permi une prise de conscience
NDLR : Thomas Szasz a été reconnu comme « l’homme qui a contraint la psychiatrie à admettre l’existence et l’importance des conflits moraux et éthiques ». Thomas Szasz a cependant soutenu que la maladie mentale pourrait n'être qu'un mythe et ses travaux ont par ailleurs été employés par la scientologie, un sujet sensible.
Rappel de ce qui pourrait être en vigueur en France si on s'en fie à « Problèmes politiques et sociaux » n°899, avril 2004, probablement des textes et circulaires restés, comme d'autres, dans le fond d'un tiroir : « Le droit du malade au libre choix de son praticien et de son établissement de soin » est un des principes fondammentaux de la législation sanitaire, comme le rappelle la circulaire du 14 mars 1990. De même, l'article premier du 24 avril 1996 réaffirme ce droit des patients : c'est une condition au fonctionnement même de l'hôpital avec le droit à « l'information », « la mesure de la satisfaction du patient », etc.
Pourtant, en 2002, décrivant ce qu'il considère être une exception française, dans le domaine de l'isolement et de la contention, Dominique Friard écrivait que « Contrairement à la plupart des démocraties occidentales, l'Etat français n'a pas jugé nécessaire de légiférer en ce domaine, laissant au médecin toute liberté pour gérer ces problèmes ». Si l'on se fie à certaines informations officielles, en France, la contention est également pratiquée en pédopsychiatrie, y compris pour des « petits ».
Peu après septembre 2005, la société française a massivement réagi à l'appel du collectif pas de zéro de conduite pour les enfants de moins de trois ans.
LES PROBLÈMES ÉTHIQUES, SOCIAUX
ET LÉGAUX DE LA PSYCHIATRIE
Alice Parizeau
Psychiatrie clinique : approche contemporaine
Pierre Lalonde et Frédéric Grunberg (en collaboration),
Gaétan Morin, éditeur, Chicoutimi. 1980, Québec.
Erudit, criminologie, 1982, volume 15, n°2,
extraits d'une note de lecture
II est très malaisé de faire la recension d'un volume à la rédaction duquel ont collaboré trente-huit spécialistes. ...
Sociologie de la souffrance
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Histoire de l'esclavage
De l'antiquité à nos jours
Par Christian Delacampagne
Poche, 2002
Codes noirs
De l'esclavage aux abolitions
Par André Castaldo, Introduction de Christiane Taubira
Chez Dalloz, 2006. De la présentation.
L'esclavage au profit des Européens est une conséquence de l'expansion coloniale. Il participe de la "supériorité" de l'homme blanc, venu répandre, comme il se plait à le dire, les bienfaits de la religion chrétienne et, plus tard, de la "Civilisation". Dispensateur de ces avantages, n'est il pas légitime qu'il en profite ?
L'aliénation est subtile, elle prend des formes qui évoluent avec leur temps, qui s'essayent à la rendre toujours un peu plus tolérable en l'apprêtant avec des habits civilisés.
Cahiers de l'Actif
Septembre/Octobre 2000, n°292/293
Dossier: Les travailleurs sociaux ont-is peur du changement ?
Extrait du contre point, page 183.
Sociologie de la souffrance
de Jean Foucart
De Boeck, 2004
Présentation de l'éditeur. Si la thématique de la souffrance est, en sociologie, de plus en plus abordée au travers de recherches sur la violence, le harcèlement et la souffrance au travail, elle n'a toujours pas vraiment fait l'objet d'une approche spécifique. L'ouvrage que voici offre une vision transversale, essaie de combler un vide. Il se construit autour de l'idée de la souffrance comme aspect spécifique d'une rupture transactionnelle ou rupture des conditions de la confiance. L'individu est dans l'impossibilité de construire les microcompromis pratiques structurant la quotidienneté ou d'adopter des stratégies doubles. Des concepts tels que "transaction", "civilité", "paradoxe", "symbolique", "interstice", "forme", s'avèrent décisifs. Les questions de la confiance, de l'angoisse, du respect, du mal, du don sont au cœur de l'analyse. Des récits, des situations variées de la vie quotidienne sont à la base de la construction.
Biographie de l'auteur. Jean Foucart. Docteur en sociologie, il est chargé de cours au département social de la Haute École Charleroi-Europe, où il enseigne les méthodes de recherche en sciences sociales. Il dirige la revue Pensée Plurielle et est l'auteur de plusieurs ouvrages et articles relatifs aux pratiques du travail social et au "champ" de la souffrance.
Professeurs de désespoir
Par Nancy Huston
Chez babel, 2005
Jean Amery (1912-1978)
De l'expérience des camps à l'écriture engagée
Sous la direction de Jürgen Doll
L'Harmattan, 2006
Jewish History, Jewish religion
The weight of three thousand years
Israel Shahak
Pluto press, 2002
L'enigme du don
Maurice Godelier
Champs, Flammarion, 2002
La France perd la mémoire
Comment un pays démissionne de son histoire
Jean-Pierre Roux,
Chez Perrin, 2006
Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans !
Le collectif, chez Eres, 2006
Le livre noir de la condition des femmes
Dirigé par Christine Ockrent, chez XO, 2006
Effervescences religieuses dans le monde
Collectif, Esprit, mars-avril 2007
Léviathan
Thomas Hobbes
Ordonner et exclure
Cluny et la société chrétienne face à l'hérésie, au judaïsme et à l'islam, 1000-1150
de Dominique Iogna-Prat, chez Champs, Flammarion
Au coeur de la corruption
Par une ex commissaire des RG
Brigitte Henri
Editions 1, 2000
Le manuel des inquisiteurs
Nicolau Eymerich, Francisco Peña
Albin Michel, 2002
Rapport n° 3125 à l'Assemblée nationale
Par la commission Outreau, juin 2006
Au nom de l'antisionisme
Par Joël et Dan Kotek
Avant-props de Plantu
Editions Complexe, 2003
De la 4ième : peut-on, pour défendre une cause, utiliser des moyens scandaleux ?
Le livre noir du colonialisme
XVIe-XXIe siècle : de l'extermination à la repentance
Marc Ferro, ouvrage collectif
Chez Robert Laffont, 2003
Un monde de fous
Comment notre société maltraite ses malades mentaux
Patrick Coupechoux, Seuil, 2006
L'homme, cet inconnu
Alexis Carrel
La société pure
Par Pichot, chez Champs, Flammarion
La Police des familles
de Jacques Donzelot
Editions de Minuit, septembre 1977, collection Critique
Protection de l'enfance et cohésion sociale du IVe au XXe siècle
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La société en recevant l'enfant se met à la place de la famille; elle en accepte les devoirs (...) elle doit faire pour l'enfant ce que ferait la famille elle-même, supposé qu'elle connût ses devoirs et qu'elle eût la volonté et le pouvoir de les remplir (...) elle doit veiller au développement des facultés morales de l'enfant trouvé • Paris, 1838
Protection de l'enfance et cohésion sociale du IVe au XXe siècle
Paul Vasseur
L'Harmattan, 04/1999
Collection Technologie de l'action social
La protection de l'enfance, actuelle mission de l'Aide Sociale à l'Enfance, est l'aboutissement d'un long processus historique et social.
Au cours de notre histoire, la société a su trouver une réponse à la situation des enfants abandonnés, des enfants délaissés, des enfants maltraités. Jusqu'à une époque encore récente, les actions développées en direction de ces enfants le sont selon un même modèle : l'accueil et le placement. Ce système connaîtra une réelle transformation après la publication du rapport Bianco-Lamy, en 1981. L'histoire du dispositif de la sauvegarde de l'enfance n'a de sens que située dans l'évolution des modèles familiaux, des modèles éducatifs et des modèles de l'action sociale.
En effet, l'enfant abandonné, objet des normes sociales, est aussi sujet de la transformation des modèles sociaux. Ainsi, l'enfant abandonné a été celui qui a permis de légitimer l'action " sociale " de l'Eglise, de la Royauté, puis celle de la République. En fait, au-delà des actions de protection qu'il a suscitées, l'enfant abandonné a favorisé le maintien et l'émergence des liens sociaux puisqu'il a été celui par lequel tous les enfants ont pu être considérés pour eux-mêmes.
Un ensemble d'institutions sociales et éducatives a été créé afin de mieux préserver l'enfant. Elles ont servi pleinement la cohésion sociale en déterminant notre système éducatif, notre politique familiale et plus généralement notre système d'action sociale. Dans cette perspective, la protection de l'enfant n'a pas seulement une dimension sociale, elle possède également une dimension culturelle. Ainsi, l'histoire de la protection de l'enfance est aussi l'histoire de la cohésion sociale.
L'enfance inadaptée
Anthologie de textes fondammentaux
Claude Wacjman, Privat, 1993
Les bagnes d'enfants, dieu merci, ça n'existe plus
Jaques Fresco, ed. François Maspero, 1974
Crime et Folie, Marc Renneville, 2003
Michel Foucault,
Surveiller et punir
Le pouvoir psychiatrique
Histoire de la folie à l'age classique, Figures de la folie
Les anormaux
...
L'impôt du sang
Hervé Drevillon
Chez Tallandier, 2005
Asiles
Erving Goffman
Essais de traitement collectif du quartier d'agités
Philippe Paumelle
Préface de Philippe Koechin
Postface de Stanislaw Tomkiewicz
Editions ENSP, 1999
Un monde de fous
Comment notre société maltraite ses malades mentaux
de Patrick Coupechoux
Chez Seuil, février 2006
La disqualification sociale
Serge Paugam, PUF, 2004
...
L'infériorité de stature
Lorsque la malformation transparaît dans les archives, il est toujours difficile de déterminer si, congénitale, elle a hâté l'abandon de l'enfant par ses parents, ou si les circonstances de l'abandon et les mauvaises conditions de placement l'ont crée de toute pièce. Sous la Troisième République, les enfants en dépôt ont la croissance la plus complète : 6% seulement sont peu développés ou affligés d'une malformation. A l'inverse, les trouvés ont énormément pâti de leur condition d'abandon : un tier grandit de manière anormale.
... En revance, les troubles de la croissance sont très fréquents chez les pupilles. ... 30% des pensions sont accordées pour insuffisance de croissance (rachitisme ou faiblesse de constitution). En 1907, l'agence de Varzy (Nièvre) alloue cinquante-cinq pensions extraordinaires, dont trente et une (soit 56%) pour développement insuffisant. Tout au long de la période, on rencontre de nombreux cas de pupilles malingres. En 1891, un garçon de neuf ans est « petit pour son âge et chétif ».
Ni père ni mère, p. 158-159
Histoire des enfants de l'assistance publique (1874-1939)
Ivan Jablonka
Chez Seuil, 2006
Un monde de fous
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Un monde de fous
Comment notre société maltraite ses malades mentaux
Patrick Coupechoux
Seuil, janvier 2006
Le privé attire non seulement parce qu'il est plus rémunérateur, mais aussi parce que la psychiatrie publique est de plus en plus sollicitée pour des tâches difficiles touchant à la pauvreté - les pauvres vont dans le public, ils n'ont pas le choix -, à la toxicomanie, à la contrainte des urgences, aux suicides et, plus largement, à ce qu'on appelle aujourd'hui la « souffrance psychique » massive : angoisses, dépressions, troubles liés à une situation économique et sociale catastrophique. En psychiatrie libérale en revanche, on a plutôt affaire à des classes moyennes, et plutôt à des dépressifs qu'à des psychotiques.
(...) « On a l'impression d'une situation qui ne cesse de s'aggraver », témoigne Safia Abrous, psychiatre à l'hôpital général de Nanterre, dans la banlieue parisienne. Dans l'unité fermée de son service, celle qui accueille les patients les plus difficiles,, il n'y a à présent plus qu'un seul infirmier, le deuxième poste n'étant pas pourvu. « On ne peut pas rentrer seul dans une chambre, il faut se faire accompagner par un aide soignant. » Le week-end, il n'y a que des intérimaires dans cette unité... Ici, les patients sont des pauvres, et souvent il n'y a aucune possibilité d'hébergement pour eux une fois qu'ils vont mieux. Il n'y a pas de logement, pas de place dans les foyers spécialisés, et souvent les familles, pauvres elles aussi, baissent les bras.
(...) Nanterre, c'est la banlieue parisienne, une psychiatrie organisée autour de l'hôpital général, confronté à la pauvreté, à la violence sociale, au chômage et à la détresse psychique, sans moyens suffisants pour faire face à cette avalanche de problèmes. Mais dans le paysage psychiatrique français actuel, il y a aussi des déserts provinciaux.
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Un couac de janvier 2006
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