Catégories: Justice, Affaires, Criminologie, Essais, Protection de l'enfance, Textes et jurisprudence
Le contradictoire en assistance éducative
Le contradictoire en assistance éducative
par Michel Rissmann
en réponse à Michel Huyette
JDJ décembre 2000, n° 200
La procédure devant le juge des enfants serait archaïque et moyenâgeuse : elle ne respecterait pas les droits fondamentaux des parents, bref, il serait temps, nous dit-on, de mettre fin à des siècles d'absolutisme judiciaire.
Nos cabinets seraient donc ainsi devenus, plutôt que le lieu symbolique où la loi se décline, un espace de non droit où règne l'arbitraire et la tyrannie sociale ; cette façon de présenter le travail des magistrats de la jeunesse, si elle heurte bien sûr notre sensibilité de professionnels, nous paraît surtout en contradiction avec l'esprit et la procédure judiciaire authentique (dans laquelle le contradictoire a véritablement toute sa place), mais aussi très originale par ses aspects relationnels, sur le fond, dans la forme.
Circulaire relative au décret n° 2002-361 du 15 mars 2002 modifiant le nouveau code de procédure civile et relatif à l'assistance éducative
PJJ 2002-01 K2/26-04-2002
NOR : JUSF0250055C
Le respect du droit des personnes exige que le principe du contradictoire soit réaffirmé et garanti par de nouvelles règles de procédure...
Et l’Etat ?
Il faut bien dire qu’il assure une présence en pointillé, considérant qu’il s’agit d’une compétence décentralisée qui relève des conseils généraux. Je cite souvent l’exemple de la circulaire de la Ministre Ségolène Royal de 2001 à l’intention des Préfets, pour leur rappeler leurs compétences en matière de protection de l’Enfance.
Jamais, cette circulaire(*) n’a été mise en oeuvre à part dans un ou deux Départements.
Claude Roméo
Directeur de l’« Enfance et de la Famille »
au Conseil général de Seine-Saint-Denis
dans le dossier de presse de l'appel des 100, mai 2005
*) Circulaire DGAS n° 2001/306 diffusée aux préfets le 3 juillet, relative à la prévention des violences et maltraitances notamment sexuelles dans les institutions sociales et médico-sociales accueillant des mineurs ou des personnes vulnérables
Enfants placés : les « rapts » de l'Administration
Enfants placés : les « rapts » de l'Administration
iFrap, Société Civile N°43, janvier 2005
Entre les deux cas extrêmes de l’enfant abandonné à sa naissance, et de celui dont la mère célibataire doit subir une intervention chirurgicale l’obligeant à rester quelques semaines à l’hôpital, les raisons de placer un enfant en dehors de sa famille ne manquent pas. Dans 20% des cas la famille a demandé le placement parce qu’elle s’estime incapable d’élever son enfant, et dans 80% des cas la décision lui est imposée par un juge, lorsque l’enfant est délinquant, ou "en danger" : battu, insuffisamment nourri, victime de violences sexuelles, ou simplement mal élevé ("victime de carences éducatives" dans le langage administratif).
Le placement peut avoir lieu dans un établissement public - foyer, hôpital ou prison - ou dans une famille, appelée autrefois nourrice, et maintenant "assistante maternelle". Des relations sont maintenues avec ses parents : retours périodiques de l’enfant dans sa famille, visites des parents, contacts téléphoniques ou épistolaires, etc.
Dans tous les cas, même lorsqu’il y a accord de la famille et de l’enfant, le placement est une décision douloureuse, montrant à la famille qu’elle n’est pas capable de s’occuper de l’enfant, et à l’enfant qu’il est rejeté par elle.
C’est souvent pour le juge une décision difficile à prendre. Vaut-il mieux placer l’enfant en dehors de sa famille, ou aider sa mère par une aide financière, ou ménagère, ou des conseils scolaires ou d’éducation ? Qu’est-ce qu’une "carence éducative" ? Comment définir les "troubles du comportement" ? Qu’est-ce qui sépare les câlins des attouchements ? Qu’est-ce qu’un alcoolique ? A quel degré une mésentente conjugale empêche-t-elle le développement de l’enfant ? La réponse à toutes ces questions n’est pas simple. A l’intérieur d’une famille, les relations parents/enfants, comme les relations conjugales, ne sont pas toujours sereines, et la gravité de leurs perturbations difficile à apprécier. Alors comment les apprécier, vues de l’extérieur ?
Crime et Folie
Crime et Folie
Deux siècles d’enquêtes médicales et judiciaires
M. Renneville, 2003
Présentation de l'éditeur. Comment depuis le XX° siècle, médecins, psychiatres et magistrats ont-ils expliqué les grands crimes ? Le crime est-il une folie et le criminel un malade ? Bosse du crime ; chromosome différent, théorie de Lombroso, le criminel a-t-il des alibis scientifiques ou une responsabilité pénale ?
Biographie de l'auteur. Marc Renneville, maître de conférences à l'université Paris VIII, est responsable du Centre interdisciplinaire de recherches de l'École nationale d'administration pénitentiaire. Il a reçu le prix du meilleur ouvrage de la société française d'histoire de la médecine pour Le langage des crânes, une histoire de la phrénologie.
Revue d'Histoire du XIXe siècle...
2006-33
Relations sociales et espace public
Compte rendu de lecture de Nicole Edelman, extrait
« Comment en est-on venu à l’idée que le criminel est un malade mental, quoique suffisamment responsable pour aller en prison. Où s’arrête le crime ? Où commence la folie ? Faut-il punir les malades mentaux ? Comment la prison est-elle devenue, au début du XXie siècle, « malade de ses fous » ? » (p. 10). Telles sont les questions qui constituent le fil rouge du nouveau livre de Marc Renneville. Si, jusqu’au XVIIIe siècle, le droit considère en effet le criminel comme maître de sa raison, cette certitude ne cesse ensuite de se craqueler. « La folie criminelle », déraison totale qui exclut le fou d’une peine carcérale, se transforme ainsi au XIXe siècle en « folie du crime », catégorie médicale aux contours conceptuels brouillés. Sur ce territoire se confrontent alors droit et médecine ; l’expertise psychiatrique médico-légale étant un des lieux d’échange permanent de ces deux disciplines.
Contribution à l'étude du délit de manipulation mentale préjudiciable
Contribution à l'étude du délit de manipulation mentale préjudiciable
Préface de Christine Lazerges
Guillaume Xavier Bourin
Editeur : Presses Universitaires d'Aix-Marseille - P.U.A.M.
Collection : Institut de Sciences Pénales et de Criminologie - I.S.P.E.C.
Centre de recherches en matière pénale Fernand Boulan
Parution : 01/2005
Plaidoyer pour le mensonge
Plaidoyer pour le mensonge
Laurent Lèguevaque
Chez Denoël, janvier 2006
Des pages 30-31 : « Prévoir la norme ne suffit pas. Il faut aussi en imaginer tous les dévoiements possibles... »
Page 55, la psychiatrie et « le mot - santé - est laché. La folie est une maladie, la maladie mentale. » La psychiatrie, « comment marche-t-elle ? Elle boitille et tatonne, balbutiant depuis deux siècles. »
Page 58, qui est très clair et l'auteur d'insister, il a été juge d'instruction durant treize ans : « En cela, la psychiatrie mérite son titre de science exacte. En ce qu'elle est, dans sa version moderne, soeur et fille de la pharmacologie. Pour le reste, comme ses cousines en science humaines - psychologie, psychanalyse -, elle a autant de fondements scientifiques que l'horoscope chinois. »
Proposition de loi n° 2736
Proposition de loi n° 2736
visant à protéger les enfants
dans les cas de divorces conflictuels,
de l'exposé des motifs :
Actes du colloque « Penser (panser) la protection de l'enfance »
Actes du colloque « Penser (panser) la protection de l'enfance »
18 janvier 2008, à Paris,
contribution de Michèle Créoff
Le rôle du juge, selon Françoise Baissus
Françoise Baissus, Juge des enfants au TGI de Castres,
mai 2005
La demande de justice en protection de l’enfance
La demande de justice en protection de l’enfance
Jean Lavoué,
l’Harmattan, 3/2005
Tempête sur le placement, l’ASE sur la sellette
Lien Social n° 581, 21 juin 2001
Tempête sur le placement, l’ASE sur la sellette
Pierre Naves : On peut certes, discuter sur les termes, mais le mot placement correspond bien à une réalité. On déplace un enfant, on le confie à une famille d’accueil, ou à un établissement pendant une durée limitée. Il y a donc une séparation nécessaire car il existe bien réellement un danger pour l’enfant. Ceci dit, l’objectif de ce rapport est bien de réduire les placements, non pas parce qu’ils sont mauvais en soi, mais surtout pour la douleur immense qu’ils causent aux parents. Or, la façon dont se décident les mesures éducatives ne respecte pas suffisamment les parents, car beaucoup d’entre eux n’ont toujours pas accès aux dossiers, ou d’autre part, on ne prend pas suffisamment en compte ce qu’il peut y avoir de positif chez eux, la tendance étant plutôt d’insister sur les carences et les difficultés. ...
Jean-Pierre Rosenczveig : Dans votre rapport, on trouve à ce niveau un racisme anti-institutionnel, à travers une représentation de l’ASE plutôt proche du XIX siècle, un service social qui ne songerait qu’à s’auto-alimenter et rapter les enfants, des travailleurs sociaux qui seraient des professionnels froids et sans humanité, et des logiques institutionnelles qui broieraient les personnes. Or, l’ASE ou la PJJ moderne, n’ont plus rien à voir avec celles d’il y a 30 ans et a fortiori avec l’assistance publique d’antan. J’ai donc le sentiment malgré tout le travail effectué par des rapports comme Bianco-Lamy qui ont révolutionné entre 75 et 85 les pratiques sociales, que certaines personnes sont restées figées dans une perception de l’ASE passéiste. C’est alarmant et choquant pour les travailleurs sociaux.
Economie et statistiques N° 391-392, 2006
Influence des événements de jeunesse
et héritage social au sein de la population
des utilisateurs des services d’aide
aux sans-domicile
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 391-392, 2006
Pauvreté
Un document de l'INSEE
L’auteur, Jean-Marie Firdion, appartient à l’Ined.
D’autre part, certains établissements, comme les « villages d’enfants » (implantés en France par deux associations), cherchent à recréer un climat familial dans de petites unités de vie et, dans ce cadre, le support émotionnel par les professionnels est recommandé et valorisé.
Cela se retrouve aussi dans d’autres structures (certaines maisons d’enfants à caractère social, des lieux de vie) qui accueillent des jeunes en petit nombre, avec une présence importante d’éducateurs.
Cependant, dans certains établissements ou familles d’accueil, les règles de neutralité dominent, privant les jeunes de tout rapport affectif et ne favorisant pas l’expression d’un mal-être lié à la violence d’autres jeunes ou d’adultes. Le fait de vivre son enfance dans un contexte rude où l’affect n’a pas sa place, et où les rapports entre pairs sont autant d’épreuves de force, contribue aussi à priver l’individu d’un apprentissage des modes de résolution non violente des tensions et des conflits, ainsi que de capacités de coopération (pro-social skills) ce qui peut avoir pour conséquence davantage de violence agie et subie à l’âge adulte (Dumont et al., 2004).
Les normes de l'agressivité, son caractère et son intensité varient actuellement parmi les nations occidentales. Mais ces variations qui, vue de près, peuvent être assez considérables, s'effacent et perdent toute signification, quand on compare l'agressivité des peuples « civilisés » à celle de sociétés installées à un autre niveau de la maîtrise de l'affectivité. • Norbert Elias, La civilisation des moeurs, 1ère ed. 1939, 2e ed. 1969, chez Pocket, 2008, p. 421
iFRAP, Société Civile N°43, janvier 2005