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L'antisémitisme en banlieue « préoccupe »
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L'antisémitisme en banlieue "préoccupe"
AFP Publié le 13/07/2012 à 14:05
Responsables du culte musulman et acteurs de terrain jugent "préoccupant" l'antisémitisme qui sévit en banlieue mais estiment que le phénomène dont s'est récemment inquiété le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, est ancien remontant à une bonne dizaine d'années "Oui, il y a un antisémitisme dans ces quartiers. Ca fait 10 ans qu'on le dit", affirme à l'AFP Iannis Roder, professeur agrégé d'Histoire dans un collège à Saint-Denis, qui travaille avec le Mémorial de la Shoah. Il impute le phénomène à "une minorité qui se fait entendre".
Mais de son point de vue "rien de nouveau, à part qu'un ministre de l'Intérieur dise (cela) de manière très lucide !" Pour lui, en 2001-2002, après les attentats du 11 septembre notamment, "une parole déjà existante s'est libérée" dans les classes. Manuel Valls s'est alarmé dimanche sur radio J d'un "antisémitisme qui est né dans nos quartiers, dans nos banlieues". "On n'hésite plus aujourd'hui à insulter, à frapper un citoyen parce qu'il est juif au nom même de son appartenance", a-t-il dit, mettant en cause de jeunes musulmans. "Les musulmans de France ne comprennent pas et n'acceptent pas que certains, ouvertement ou insidieusement, mettent en doute leur adhésion pleine et entière aux valeurs de la paix et de la justice qui fondent notre pays, et jettent la suspicion et la défiance sur leur religion", a répondu fermement le Conseil français du culte musulman (CFCM).
"Au quotidien, il y a parfois des mots qui peuvent blesser mais qui relèvent de l'imbécilité. Il n'y a pas d'antisémitisme musulman", juge M'Hamed Henniche, président de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis. "C'est juste le point de vue d'une élite qui veut stigmatiser les musulmans". Malek Boutih, député PS de l'Essonne et ancien président de SOS Racisme, fait, lui aussi, remonter le phénomène au début des années 2000. Comme la sénatrice EELV, Esther Benbassa, qui le relie à la seconde intifada des Palestiniens contre le gouvernement israélien. Iannis Roder rapporte "une obsession juive chez certains", "beaucoup de propos complotistes". "Quelques jours après l'affaire Merah, certains ont dit: "C'est un coup des juifs".
"Aborder ce thème dans les écoles"
En Seine-Saint-Denis, des sources policières interrogées par l'AFP n'ont pas noté récemment de "recrudescence" des actes antisémites par rapport aux dix dernières années. Dans une grande ville de ce département, où se côtoient de nombreuses communautés, "il y a environ cinq plaintes par an pour dénoncer des propos ou des actes antisémites", explique une source policière. "Mais quatre fois sur cinq, l'enquête montre que l'identité juive de la victime n'a pas été la motivation de l'agresseur", relève cette source. "C'est souvent compliqué de connaître la nature de l'agression", constate une autre source policière, qui note cependant "une sensibilité plus forte" des communautés, plus promptes à dénoncer des actes jugés racistes.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, a fustigé récemment l'antisémitisme, ce "fléau dont nous savons qu'il est devenu de plus en plus important chez certains jeunes appartenant à la communauté arabo-musulmane en France." En plus d'un "discours politique fort et ferme", il va falloir "repenser la façon d'enseigner la Shoah", affirme Iannis Roder : "se focaliser sur les victimes de la Shoah entraîne une concurrence victimaire".
Pour Malek Boutih, "il y a un problème d'action des pouvoirs publics". "On est resté trop dans les déclarations de principe et les débats théoriques", estime le député. "Le ministre de l'Education doit trouver un moyen d'aborder ce thème dans les écoles".